Chers distributeurs...

Continuez à augmenter vos prix, de toute façon, on continuera à consommer

  • Publié le 12 février 2019 à 14:36

La vie chère, c'est le sujet qui a mis le feu aux poudres à La Réunion entraînant quinze jours de paralysie totale de l'île. C'est la revendication phare des Gilets jaunes péi, leur fer de lance. Les slogans sur le sujet sont explicites, "arèt profit dési nou", "halte a la profitasion", "arèt plim a nou". Les Gilets jaunes s'en prennent aux patrons de la grande distribution, les accusant de faire des marges mirobolantes sur le dos du consommateur. Dans son étude de 2016, l'insee avait indiqué que tous secteurs confondus, l'écart global entre les prix métropolitains et réunionnais est de 7,1%. Cela alors qu'ici, 42% de la population vit sous le seuil de pauvreté, dans l'Hexagone, c'est 14%. Des chiffres qui font toute la différence. La cherté de la vie à La Réunion est une réalité. Le gouvernement a même envoyé dans l'île Francis Amand pour qu'il fasse la transparence sur ces prix. Mais la grande distribution arrêtera-t-elle pour autant de se gaver ? Car les Réunionnais sont gourmands, ils surconsomment, achetant à tout va, dépensant des deniers qu'ils n'ont pas toujours, faisant les choux gras de ces grands distributeurs avides qu'ils vont ensuite accuser de tous les maux. Alors finalement, la faute à qui ?

Déjà une chose, les Gilets jaunes veulent y voir plus clair. Ils demandent plus de transparence sur les prix. Et dénoncent les pratiques commerciales déloyales et les ententes illicites dans la grande distribution. Car tout se passe en coulisses et évidemment, le dindon de la farce, c’est le consommateur.

À La Réunion, les prix font le yo-yo sans qu’il n’y ait vraiment de contrôle. D’une semaine sur l’autre, le montant d’un produit en hypermarché peut passer du simple au double au bon vouloir de l’enseigne. Prenons un exemple concret, regardez les prix de vos boîtes de sardines péi et des bougies en temps normal, puis revenez juste avant un cyclone, vous verrez… Les distributeurs s’adaptent et en général, ce n’est pas bon pour votre porte-monnaie.

Alors les Gilets jaunes se sont dit qu’il fallait frapper fort. En plus des blocages routiers, les contestataires se lancent dans d’autres actions coup de poing : bloquer les entrées des grandes surfaces. Et là, ça passe moyen. À quelques semaines des fêtes de fin d’année, les Réunionnais veulent acheter de manière compulsive, consommer de manière excessive, remplir leurs caddies de manière abusive.

Les Réunionnais et les grandes surfaces, une histoire d’amour qui ne date pas d’hier. Ces hypermarchés sont arrivés sur l’île il y a une quarantaine d’années entraînant dans leur sillage un changement radical de notre façon de consommer. Les Réunionnais autrefois adeptes du petit potager dans le jardin délaissent les racines et autres légumes lontan pour se jeter sur ces produits autrefois rares qui inondent le marché.

- Les grandes surfaces attirent autant qu’elles agacent -

Mais la nouveauté a un coût et il est élevé. Les grandes surfaces attirent autant qu’elles agacent. À titre d’exemple, l’ouverture d’une grande surface au Port quelques jours avant le début du mouvement des Gilets jaunes. Des centaines de familles endimanchées s’étaient précipitées pour découvrir le nouvel établissement. Les embouteillages que cela avait entraîné avaient agacé mais cela n'avait pas pour autant arrêté les clients prêts à rester coincés dans les bouchons pendant des heures. Et bien évidemment, les badauds avaient fait des achats en tout genre, les distributeurs s’étaient frotté les mains.

De génération en génération, ces mauvaises habitudes sont devenues légion à tel point qu’aujourd’hui, un retour en arrière semble quasiment inenvisageable. Pourtant, un autre mode de consommation est possible. C’est l’un des points qu’a mis en exergue le mouvement des Gilets jaunes. Le circuit court. Un circuit de distribution avec le moins d’intermédiaires possible. Directement du champ de l’agriculteur au consommateur. Ne pouvant plus se déplacer, les Réunionnais étaient revenus au basique, les pages sur ce nouveau mode de consommation avaient fleuri sur les réseaux sociaux, des initiatives souvent couronnées de succès.

Alors pourquoi ne pas revenir à ce mode de consommation ? La Réunion regorge de richesses, évidemment, à l’heure actuelle, il n’est plus possible de faire sans les grandes surfaces. Mais plutôt que d’engraisser les distributeurs, ne faudrait-il pas ne prendre dans les rayons que le strict minimum ? Plutôt que de pointer du doigt ces patrons qui s’en mettent plein les poches non pas sur notre dos mais avec notre complicité, ne faudrait-il pas revenir à un mode de consommation plus juste pour nos producteurs péi et meilleur pour notre santé ?

Plutôt que d'attendre que les mesures viennent d'en haut, plutôt que d'attendre que notre classe politique en laquelle beaucoup ne croient plus agisse, et si nous, consommateurs, arrêtions de demander l'impossible et prenions notre destin (et notre bourse) en main ? 

fh/www.ipreunion.com

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8 Commentaires
Desordresorganises
Desordresorganises
5 ans

En raison de l indifférence GENERALE DEMAIN est ANNULE merci de votre comprehension

Marsouin 974, depuis son mobile
Marsouin 974, depuis son mobile
5 ans

C'est la VÉRITÉ

Aujourd'hui le Créole ne va plus au marché forain. I' achète tous dans les grandes surfaces, c'est plus facile à payer avec sa carte bourbon avantage. Et oui manger consommer à crédit.
Il devient urgent que nous retrouvons nos valeurs, nos racines, que nous sava marché forain acheté ce que nous n'a besoin. Fais vivre le producteur l'agriculteur le mieux. Arrête engraisse band gros vazas. Fais vivre la production local, le produit pei et même si parfois nous pense le plus chère. Mais réfléchi bien quand nous crois payé moin chère en grande surface à quel prix le produit le acheté avec le producteur, encore moin chère. Et ce producteur peu y crève la faim. Comme ziskakan la di. Mon pei batou fou, oussa Bana y rale à nou

tijac
tijac
5 ans

Ouaaaaa très bien cet article. La vérité tout au long de ces lignes. Espérons que cet article ouvrira les yeux des consommateurs que nous sommes. On se fait vraiment notre malheur nous même.

thomas
thomas
5 ans

développons les circuits courts pour favoriser nos producteurs locaux sans leur demander de fournir gratuitement le sac d'emballage ,venons avec notre cabas, sac, soubic; notre confort nous le payons aux supermachés (sachets plastiques, clim,parking,horaires tardifs)

Man
Man
5 ans

Ça a le mérite d'être écrit....sachons regarder et affronter la réalité en face....

Michel
Michel
5 ans

L'agencement des hypermarchés est tentation. Le client doit se munir d'une bonne dose de volonté pour acheter que le nécessaire ou le minimum vital pour survivre. Souvent on ne trouve pas le produit que l'on veut. Le plus vendu est souvent absent du rayon. Quand on cherche un yaourt sans sucre, neuf fois sur dix, c'est rupture de stock, enfin pluô't une façon de vouloir vendre le pack sucré invendus. CÃ'té légumes, peu de variétés. C'est aussi vrai que les Réunionnais achètent sans compter et font du gaspillage.

chantal
chantal
5 ans

Tout à fait d'accord. Il y a une surconsommation de tout... Il n'y a qu'à voir aux bas des immeubles, tout ce qui est jeté et qui est encore en bon état...

lolowaro
lolowaro
5 ans

Merci !