Elles osent parler

Harcèlement, violences : les femmes dénoncent enfin

  • Publié le 9 mars 2019 à 10:53

L'Institut national d'études démographiques (INED) partageait le vendredi 8 mars 2019 des chiffres alarmants sur les violences faites aux femmes à La Réunion. Parmi ces derniers, une bonne nouvelle s'y cachait : les femmes osent de plus en plus parler des violences qu'elles subissent.

Si les chiffres de violences faites aux femmes n’ont pas diminué, on peut tout de même se réjouir d’une chose : les femmes se confient enfin sur ce qu'elles subissent, chez elle comme sur leur lieu de travail. Le phénomène s’est largement répandu ces deux dernières années depuis l’explosion du mouvement #MeToo. Les femmes parlent de ce qui leur arrive, et les chiffres le montrent.

Aujourd’hui, les victimes de violences sexistes dans l’espace public ne se gênent plus pour en parler librement. En effet, 78% d’entre elles se sont exprimées sur le sujet. Les confidences se font le plus souvent aux membres de la famille et aux amis. Mais les services de police, qui sont de plus en plus formés à l’accueil des femmes victimes de violence, sont bien plus sollicités qu’auparavant : en 2018, 23% des victimes se sont rendues dans un commissariat contre 14% en 2002. Une amélioration plus que positive, qui peut notamment s’expliquer par le fait que la mentalité sur le comportement des hommes dans l’espace commun a commencé à être largement pointé du doigt.

Stephanie Condon développe sur l’augmentation de prise de parole des femmes

Nous pouvons observer le même phénomène concernant les violences sur le lieu de travail. En 2002, 68% des femmes interrogées avaient déjà mentionné les violences subies à un tiers. Aujourd’hui, 90% l’ont déjà fait. Cependant, à l’inverse des violences de rue, les femmes victimes de comportements inappropriés ne sont que 15% à se rendre dans un commissariat, contre 16% en 2002.

Les proches sont les premiers confidents des victimes, mais pas les seuls. Le corps médical, que ce soit le médecin de famille ou la médecine du travail, sont sollicités par 39 et 21% des victimes. Enfin, 3% d’entre elles n’hésitent plus à contacter des associations d’aide aux victimes. Un chiffre qui peut paraître extrêmement faible, sauf qu’en 2002, il avoisinait le zéro. Une victoire aux yeux des chercheuses de l’INED, qui souligne l’importance de cette augmentation.

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Une progression encourageante

Finalement, les violences au sein du couple sont malheureusement les moins partagées. " Il est bien plus difficile de parler de violence, ou même de se rendre compte que l’on en est victime, lorsqu’elles ont lieu au sein du couple " déplore Justine Dauphin, directrice du projet de recherche à l’INED.

Mais cela ne signifie pas que la parole ne s’est pas libérée ici aussi. Encore une fois, ce sont les proches qui sont choisis comme confident. Et aujourd’hui, 68% des femmes interrogées avaient osé en parler, contre 50% en 2002. Une progression encourageante, que l’enquête explique par la multiplication des campagnes de sensibilisation sur l’île les 15 dernières années. On peut aussi noter une légère amélioration concernant les dépôts de plaintes : en 2002, 5% des victimes s’étaient rendues dans un commissariat, contre 7% en 2018.

L’INED espère voir ces chiffres encore augmenter dans les années à venir, notamment en encourageant de nouvelles campagnes de sensibilisation. Ce qui est certain est que les mouvements #MeToo et #BalanceTonPorc, allié à la redéfinition de ce qu’était un comportement acceptable de la part des hommes, a lancé une véritable prise de conscience chez les femmes réunionnaises, et ce n’est pas plus mal.

as/www.ipreunion.com

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