La convention collective nationale est étendue

Les boulangers pâtissiers vont avoir les mêmes droits qu'en Métropole

  • Publié le 6 juillet 2019 à 02:58
  • Actualisé le 6 juillet 2019 à 06:03

Les défenseurs des boulangers-pâtissiers de La Réunion sont ravis : ils ont obtenu l'extension de la convention collective nationale en intégralité. Le dernier point sera effectif à La Réunion dès février 2020. Ce qui va changer pour les artisans ? Une meilleure protection sociale, des horaires de nuit alignés sur ceux de la métropole, des aides pour les employeurs en cas de licenciements. De quoi redynamiser cette profession, pour faire venir les plus jeunes. (Photo d'illustration rb/www.ipreunion.com)

La Réunion ne manque pas de talents en boulangerie pâtisserie. N'oublions pas qu'en 2018, l'île a remporté le concours national de la meilleure baguette de tradition française ! C'est le Réunionnais Laurent Encatassamy, boulanger au Maïdo à Saint-Paul, qui avait réalisé la baguette en question. "Ce sont des exemples qu'il faut donner aux jeunes qui font le choix de cette profession", estime Norbert Tacoun, président de la Fédération réunionnaise des artisans boulangers pâtissiers.

Lire aussi : Le Réunionnais Laurent Encatassamy a produit la meilleure baguette française

Il ajoute qu'une jeune fille "a fini major de sa promotion en brevet de pâtisserie et l'année prochaine, elle préparera son brevet de maîtrise". Autant de futurs boulangers pâtissiers professionnels qu'il tient à féliciter. Car la profession continue d'attirer les plus jeunes, malgré les difficultés qu'elle impose.

Un message important alors que depuis le début de l'année, une dizaine d'établissements ont fermé, sur plus de 600 sur toute l'île. D'autant plus que le prix de la farine augmente, ainsi que celui du beurre. Des coûts douloureux pour une profession déjà soumise à l'octroi de mer.

Quatre points principaux

L'extension de la convention nationale, validée par le ministère du Travail le 21 février 2018, se décline en 4 points d'application progressive, 3 sont déjà intégrés et le dernier, concernant les frais professionnels, le sera en février 2020.

Sont déjà mis place : le travail de nuit, "maintenant on est bien sur une plage horaire 21h-6h du matin", explique Norbert Tacoun. S'ajoutent à ça la grille des salaires, qui était plutôt bien déjà calibrée face à l'Hexagone, et le travail du dimanche, majoré de 20% depuis février 2019.

Plus de droits pour les artisans

Norbert Tacoun le dit, obtenir cette extension de la convention collective nationale a relevé d'un travail de longue haleine : "Après 5 ans de travail, notre demande a été validée". La convention régionale qui régissait les boulangers pâtissiers de La Réunion datait de 1983, "elle n'avait jamais été dépoussiérée !" explique-t-il. Dès 2009, les organisations de salariés ont demandé l'extension de la convention nationale. En mars 2013, la Fédération réunionnaise des artisans boulangers pâtissiers dénonce officiellement la convention régionale, qui n'était plus adaptée et réclame une extension de sa jumelle nationale.

Lise Rueflin, responsable du pôle travail à la DIECCTE de La Réunion le confirme : "La convention régionale était devenue obsolète par rapport aux dispositions du code du travail." A venir, des changements concrets, pour "obtenir des avantages complémentaires. Exemple en cas de licenciements pour problème d'aptitudes ne seront plus à la charge simple de l'employeur, mais ils seront pris en charge par un système de mutualisation de l'ensemble de la profession", détaille Lise Rueflin.

La convention porte vraiment sur les conditions de travail des salariés. "Cette convention va donner aux ouvriers artisans un vrai statut, avec des droits et une meilleure protection sociale", explique pour sa part Jean-Louis Mack, directeur juridique à la Confédération nationale de la boulangerie-pâtisserie française. Ainsi les boulangers pâtissiers auront accès à un meilleur remboursement et de meilleures garanties lorsqu'ils seront en arrêt maladie.

"En cas de décès d'un salarié, il y a un capital décès qui peut être versé", ajoute Jean-Louis Mack. "Par exemple, dans le cas des boulangers qui ont des jeunes enfants à charge - la moyenne d'âge d'un boulanger pâtissier en France est de 33 ans -, si malheureusement le boulanger décède, ses enfants pourront bénificier d'une rente éducation pour aider le conjoint survivant." Par ailleurs, les artisans pourront bénéficier d'une complémentaire santé plus intéressante pour obtenir leurs remboursements médicaux.

Un métier exigeant

"L'objet de la convention collective c'est pour avoir un statut des salariés attractifs malgré les contraintes du métier", ajoute Jean-Louis Mack. "Il faut travailler la nuit, le dimanche, les jours fériés, lors des fêtes, car c'est là que le consommateur veut s'approvisionner en produits de qualité". Or si on fait le choix de l'humain sur la machine, il faut qu'il y ait des contreparties et attirer les jeunes vers cette profession.

Se pose encore un problème cependant, selon Norbert Ticoun, non résolu. "Les jeunes, après leur formation ici, doivent se perfectionner en métropole. Et ça a un coût... nous n'avons pas encore solutionné ce point pour l'instant."

mm/www.ipreunion.com/redac@ipreunion.com

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2 Commentaires
fredox
fredox
3 ans

bonjourmerci pour cette article mais malheureusement encore beaucoup de patrons boulanger voyous dans le 974merci

gueénec
gueénec
4 ans

C'est une bonne chose encore faut 'il l'appliquer a la lettre trop accords de profession ne sont pas appliqués ou détournés pour ne pas dire fraudés