[VIDEO] Ce fervent opposant au racisme est venu quatre fois à La Réunion (actualisé)

Surnommé le Zoulou blanc, le musicien militant sud-africain Johnny Clegg est décédé

  • Publié le 17 juillet 2019 à 14:08
  • Actualisé le 17 juillet 2019 à 14:16

Le chanteur militant sud-africain Johnny Clegg, fervent opposant à l'apartheid qui a révolutionné la musique en mêlant rythmes zoulou et pop occidentale, est décédé mardi à l'âge de 66 ans des suites d'un cancer. L'une de ses chansons "Asimbonanga" dédiée à Nelson Mandela, héros de la lutte contre l'apartheid, a été un temps interdite en Afrique du Sud par le gouvernement raciste blanc. Surnommé le Zoulou blanc, ce militant engagé contre le racisme était venu chanter à La Réunion à quatre reprises. Deux fois alors que l'Afrique du Sud ployait encore sous le joug de l'apartheid et deux fois (en 2004 au Sakifo et en 2017). Grâce à son action et à celles de femmes et d'hommes comme lui, le régime raciste avait alors fait place nation arc-en-ciel . Le parti au pouvoir, le Congrès national africain (ANC), fondé par Nelson Mandela, a estimé que le décès de décès de Johnny Clegg "est une perte immense pour les Sud-Africains". Salut l'artiste et merci pour tout

"Johnny est décédé paisiblement aujourd'hui (mardi), entouré de sa famille à Johannesburg (...), après une bataille de quatre ans et demi contre le cancer", a annoncé son manager Roddy Quin sur la chaîne de télévision publique SABC. "Il a joué un rôle majeur en Afrique du Sud en faisant découvrir différentes cultures et en rapprochant ainsi les gens", a-t-il ajouté dans un communiqué.

"Il nous a montré ce que cela signifiait d'embrasser d'autres cultures sans perdre son identité (...). Avec son style unique de musique, il a surmonté les barrières culturelles, comme peu l'ont fait", a-t-il encore souligné.

Surnommé le "Zoulou blanc", Johnny Clegg a puisé dans la culture zoulou son inspiration pour écrire une musique révolutionnaire où les rythmes africains endiablés cohabitaient avec guitare, clavier électrique et accordéon. Sur scène, ses concerts relevaient de la prouesse physique, avec chansons et danses zoulou effrénées.

 

L'artiste, qui a vendu plus de cinq millions d'albums dans le monde, a signé de nombreux tubes dont "Scatterlings of Africa" et "Asimbonanga" ("Nous ne l'avons pas vu", en langue zoulou). Cette chanson, dédiée à Nelson Mandela, le héros de la lutte contre l'apartheid, a été un temps interdite en Afrique du Sud par le gouvernement raciste blanc, avant de devenir un symbole de la nation arc-en-ciel une fois le régime de l'apartheid tombé en 1994.

Peu après sa libération Nelson Mandela avait dansé sur scène sur cette chanson avec Johnny Clegg

 

Johnny Clegg était le "porte-flambeau" de la lutte contre l'apartheid, a réagi mardi le ministre sud-africain de la Culture, Nathi Mthethwa, sur Twitter. "Avec le décès du chanteur, compositeur et anthropologue Johnny Clegg, c'est un géant immense qui nous quitte".

- "Son décès est une perte immense pour les Sud-Africains" -

Sa musique a "contribué à la cohésion sociale" dans une Afrique du Sud divisée, a encore relevé le gouvernement. Artiste de "légende", Johnny Clegg a "utilisé la musique pour unir les gens de différentes races" et a "inspiré le changement social, économique, culturel et politique dans le pays", a estimé le Congrès national africain (ANC), le parti au pouvoir. "Son décès est une perte immense pour les Sud-Africains."

Le Soweto Gospel Choir, qui a remporté un Grammy cette année, s'est dit "dévasté" par la nouvelle. "Une icône de la musique et un vrai Sud-Africain. Il va nous manquer."

"C'est probablement l'un des jours les plus tristes de ce pays", a déclaré pour sa part le musicien Sipho "Hotstix", un vieil ami de Johnny Clegg. "Johnny aurait pu être l'une des personnes les plus privilégiées, comme la plupart des Blancs l'étaient (en Afrique du Sud), mais il a choisi une autre voie, dénonçant avec la musique les atrocités de l'apartheid", a-t-il rappelé. "Il a immensément contribué à faire de l'Afrique du Sud un Etat paria" pendant l'apartheid, "il a pris sur lui pour chanter Nelson Mandela quand peu de Blancs auraient fait de même. (....) Aujourd'hui nous sommes un pays différent grâce à ce que des gens comme Johnny ont fait", a-t-il estimé.

- Venu quatre fois à La Réunion -

Johnny Clegg connaissait bien La Réunion. Il y était déjà venu chanter à deux reprises à la fin des années 80. L'Afrique du Sud vivait alors sous le joug de l'apartheid et l'artiste engagé chantait contre le racisme, pour la liberté et l'égalité. La Réunion, terre de contrastes et de tolérance, où la lutte contre l'apartheid était vivace, lui avait réservé un triomphe.

Il était revenu une fois en 2004. Son concert le dimanche 8 août sur la scène du Sakifo  avait enflammé un public. Dans la foule, il y a des quadragénaires et des quinquagénaires. Ceux-là avaient sûrement manifesté plus d'une fois contre l'apartheid. Mais il avait aussi les jeunes, trop jeunes pour avoir connu cette époque. Ceux-là aussi avaient chantent et lèvent le poing.  Johnny Clegg avait alors commenté sur scène : "j'ai confiance en l'âme humaine, je sais qu'il y a de l'espoir pour l'avenir de l'Afrique et du monde".  C'est cet espoir qui a guidé sa vie et son action.

Il était venu une dernière fois en 2017 pour un concert d'hommmage à Nelson Mandela

"Rendons hommage au combattant anti-apartheid, qui inlassablement a accompagné la lutte de libération de Nelson Mandala emprisonné pendant 27 ans à Robben Island" écrit la députée PLR Huguette Bello dans un commjuniqué publié mercredi matin. ""Nous ne l’avons pas vu" traduction de "Asibonanga" en hommage à Mandela a traversé toute la planète. Ses textes, sa musique sont chers à notre monde tourmenté qui a besoin certainement de sa foi en la justice et la liberté. Salut. Bon voyage Johnny Clegg" ajoute-t-elle.

"Johnny Clegg est parti rejoindre Nelson Mandela" écrit pour sa part le député Jean-Hugues Ratenon. "Un chanteur engagé qui a contribué à sa façon à la chute du régime raciste en Afrique du Sud en 1994. Je rends hommage à ce combattant, à ce résistant. Il doit être un exemple pour nous tous dans un
monde qui a tendance à se replier sur lui-même et du rejet de l’autre parce que différent. Adieu zoulou blanc.", ajoute-t-il.

Lire aussi : Fin du Sakifo Muzik Festival : Johnny Clegg en apothéose

Le chanteur et danseur, qui souffrait d'un cancer du pancréas, avait récemment fait une tournée mondiale d'adieu. "Il s'est battu jusqu'au bout", a expliqué son manager. Les détails de ses obsèques seront communiqués ultérieurement.

www.ipreunion.com avec l'AFP

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1 Commentaires
Sam974
Sam974
4 ans

Il est aussi venu faire un concert en 2017 à St Jo