Bientôt la première récolte

Riziculture péi : des débuts prometteurs et encore du chemin à parcourir

  • Publié le 27 janvier 2020 à 06:37
  • Actualisé le 27 janvier 2020 à 18:28

En octobre dernier, des amoureux du terroir réunionnais se sont lancés dans une aventure un peu folle : faire revivre un souvenir lontan, cultiver du riz à La Réunion. Depuis plusieurs décennies, cette céréale particulièrement appréciée des Réunionnais est importée d'Asie. Mais fut une époque, des agriculteurs réunis en coopérative produisaient localement des kilos de riz. C'est cette histoire que l'association Riz Réunion veut remettre au goût du jour. L'expérimentation n'est pas de tout repos mais quelques mois après, les passionnés tirent déjà les premiers enseignements. Bonne nouvelle, le test est assez concluant, la riziculture péi a de beaux jours devant elle...

Le riz péi face au climat réunionnais

"Le premier épi est sorti le 25 novembre, c’était émouvant. Ce grain là voulait déjà dire une chose : c’est possible" raconte Nicolas Florence, le président de l’association Riz Réunion. Ils ne sont pas les premiers à tenter l’expérience cependant ils sont sans doute les premiers à adapter cette culture aux techniques actuelles. À peine le temps de savourer cette petite victoire que les passionnés de riz ont du faire face à un événement climatique qui a mis à mal l’expérimentation : la sécheresse. Sur le carreau de trente-six m² dédié à ce test grandeur nature, les six variétés de riz ont souffert "depuis la mi-octobre, il est tombé à peine trois grains de pluie, ça a été terrible, une belle frayeur, les grains ont commencé à tomber sans être fécondés… Heureusement, les tempêtes qui se sont succédées depuis la première dizaine de décembre ont amené la pluie tant attendue" commente Nicolas Florence.

Un aléa qui a aussi permis à l’une des six variétés de sortir du lot, la Nerica. "On s’est rendu compte que c’est la variété qui résistait le mieux en terme de tenue, de grain et de corps" détaille Nicolas Florence. Un test très concluant pour la Nerica, planté à 10 mètres d’altitude à Saint-Paul, cette variété a su s’adapter au climat réunionnais, à la topographie péi… Mais cela ne veut pas dire que les cinq autres variétés ne s’adapteront pas à notre territoire "il faudrait les planter ailleurs, et plus haut, ces variétés ont besoin de plus de fraîcheur et sans doute changer de localisation" précise Nicolas Florence. 

Lire aussi : Ils veulent relancer la production de riz à La Réunion

Une expérimentation concluante

Au-delà de la question des variétés, d’un point de vue logistique, l’expérimentation a été succès "le riz pluvial s’est adapté à notre terre réunionnaise, il a poussé, des fleurs ont vu le jour, il a résisté aux maladies et à notre climat. On peut donc toujours cultiver du riz à La Réunion, comme cela se faisait à une époque" s’enthousiasme Nicolas Florence. La plus grande inquiétude de l'association a également disparu "on a pu se débarasser de la problématique des oiseaux, premiers prédateurs de la céréale, nous avons innstallé des filets mais nous n'avions aucune certitude sur leur efficacité. Là, nous pouvons observer que nos plants sont épargnés." L’association a donc pu commencer à dresser les grandes lignes d’un itinéraire technique pour le riz pluvial, l’objectif principal de l’expérimentation. 

Bientôt la première récolte

Dans quelques jours, les grains arriveront à maturité et pourront être récoltés, cela entraîne d’autres problématiques notamment la transformation de la précieuse céréale. Pour pouvoir transformer le riz, il faut une décortiqueuse "actuellement nous menons des prospections en Italie, en Chine… Cette machine coûterait environ 8 000 euros." détaille le jeune homme qui mène cette expérience sur ses fonds propres avant d’ajouter "il faudrait aussi que nous trouvions un technicien qui a les compétences pour utiliser cet outil, étant donné que l’on ne cultive plus de riz à La Réunion depuis plusieurs décennies, cela revient à chercher une aiguille dans une botte de foin" sourit-il.

Nicolas Florence compte donc lancer une cagnotte couplée à une campagne de communication pour poursuivre son projet et s’équiper de l’indispensable décortiqueuse "je me laisse un an pour y arriver" souffle-t-il plein d’espoir. 

Circuit court

Les premiers retours de l’expérimentation sont plutôt positifs. L’association Riz Réunion compte poursuivre les tests sur de plus grandes parcelles à différentes altitudes. Pour ces amoureux de la riziculture péi, il n’est pas question de cultiver la céréale à grande échelle mais de proposer aux Réunionnais une alternative au riz importé " ce riz doit finir sur les étals de marchés forains, il est bio, entre dans le cadre du circuit court donc pas d’intermédiaire et pas d’empreinte carbone. Cela se fera directement du producteur au consommateur" termine Nicolas Florence. Et pourquoi pas sur les tables des restaurants de renom réunionnais, qui pourront justifier de la traçabilité de ce produit si cher aux Réunionnais…   

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fh / www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

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1 Commentaires
Tika
Tika
4 ans

"planté à 10 mètres d'altitude à Saint-Paul"la planté sur la plage?