Ils s'estiment "abandonnés" par le ministre de l'Intérieur

A La Réunion les policiers "ne relâcheront pas la pression" sur Christophe Castaner

  • Publié le 13 juin 2020 à 02:58
  • Actualisé le 13 juin 2020 à 07:17

Depuis ce lundi 8 juin 2020, la colère monte chez les syndicats de police. En cause : la décision du ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, d'interdire la technique d'interpellation de prise par le cou, ainsi que d'instaurer des "sanctions immédiates pour tout soupçon avéré" de racisme. Des annonces qui n'ont pas manqué de faire un tollé, même à La Réunion. Vendredi, les policiers réunionnais ont donc symboliquement déposé leurs menottes à terre. Et ils menacent de ne pas relâcher la pression si le ministre qui les a "abandonnés" ne revient pas sur ses déclarations.

"On veut nous lâcher en pâture dans les rues sans moyens d'interpeller en toute sécurité, on ne peut pas accepter cela" martèle Gilles Clain, secrétaire général de l'Union SGP-FO. Révolté par les annonces de Christophe Castaner, le policier exige à ce que la technique de prise par le cou, aussi connue sous le nom de "l'étranglement", soit réinstaurée. "Elle est nécessaire pour immobiliser un individu et garantir notre sécurité" martèle-t-il.

Concernant les accusations de racisme, tous les syndicats déroulent le même discours : la police est "un reflet de la société, avec, malheureusement, des racistes en son sein". Mais tous sont aussi formels sur le fait que ces personnes-là n'ont pas leur place dans les rangs de la police. Pour autant, tous dénoncent les annonces de "suspension en cas de soupçons avérés". "Ça ne veut rien dire, soit il y a des soupçons, soit ce sont des faits avérés, on ne peut pas retirer la présomption d'innocence comme ça !" s'exclame Gilles Clain.

Lire aussi : Saint-Denis : des policiers déposent leurs menottes au sol contre les décisions de Christophe Castaner

- Des "brebis gâleuses racistes comme il y en a partout" -

"Ce n'est pas à cause de quelques brebis galeuses que l'on doit tous être stigmatisés !" s'insurge Idriss Rangassamy, secrétaire départemental du syndicat Alliance. Pour lui, des racistes, il y en a partout. Même dans la police. Mais il assure que chaque policier commettant une faute est aujourd'hui sanctionné. "On se sent abandonné par notre ministre, qui devrait nous défendre plutôt que de céder à la colère de manifestants qui font un parallèle erroné entre les forces de l'ordre françaises et américaines" explique-t-il.

Quant aux divers articles parus dans la presse nationale ces dernières semaines, révélant propos racistes tenus par des policiers, le syndicaliste assure que "les discussions privées de quelques personnes ne reflètent absolument pas les discussions qui peuvent prendre place au sein des commissariats". "On ne peut pas faire une généralité sur des captures d'écran et des discussions privées" assène-t-il.

Michaël Hoareau du syndicat Unsa s'est d'ailleurs menotté pour dénoncer une réforme qui leur "lie les poings. "Cette technique est indispensable à notre protection et à celle de la population, on ne pas nous jeter en patûre sur la voie publique !" affirme-t-il.

En échange de la suppression de la technique d'étranglement, le "premier flic de France" a annoncé que des tasers seraient désormais utilisés. Une annonce qui n'a pas porté ses fruits, les syndicats réclamant dans tous les cas le retour de la prise par le cou. "On n'est pas capable d'équiper les effectifs de police de tasers aujourd'hui, et on veut nous faire croire qu'on pourra en distribuer un aux 250.000 membres des forces de l'ordre ? De qui se moque-t-on ?" raille Gille Clain.

Finalement, tous s'accordent sur le fait de ne plus vouloir être les "bouc-émissaire de la société". "Si on dérange, c'est parce que nous empêchons le chaos, les vols, les ventes de drogues. Pas de police, pas de paix !" conclut Idriss Rangassamy.

as / www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

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2 Commentaires
mayaqui, depuis son mobile
mayaqui, depuis son mobile
3 ans

Tout à fait 7ac ...
quand sommes métropole, habitons à cÃ'té d une ville dans l Hérault , qui a fait la une comme pépinière du djihâd ; merci à nos policiers d'être là.

7AC
7AC
3 ans

Sachez Messieurs les Policiers, que vous avez le soutien de la majorité silencieuse. Celle qui paie ses impÃ'ts, qui respecte l'ordre et les Lois, ainsi que les autres. Vous êtes détestés par la racaille, et c'est tout à fait normal, ça n'est pas à vous de changer, mais à eux de renter dans les rangs. Et si votre ministre vous a lâchés, n'en faites pas un cas, c'est purement politique, et du même niveau que ceux que vous pourchassez quotidiennement.Courage à vous, et merci pour votre travail quotidien.