Période de repos, protection des couples mère-baleineau, accompagnateur obligatoire...

Observation des baleines : nouvelles règles, nouvel arrêté à partir de la mi-juillet

  • Publié le 4 juillet 2020 à 13:27
  • Actualisé le 4 juillet 2020 à 13:28

La préfecture réfléchit à une évolution de l'arrêté signé le 12 juin 2019 sur l'observation des cétacés à La Réunion. Pour compléter les règles déjà entrées en vigueur l'an dernier, trois nouvelles propositions sont sur la table : une période de quiétude dès 16h pour la mise à l'eau et 18h pour l'observation, l'interdiction de la mise à l'eau dans la réserve marine pour les couples mère-baleineau et la présence obligatoire d'un accompagnateur diplômé pour nager à proximité des cétacés. Tous les partenaires ont été invités à donner leur avis, en vue d'une signature d'arrêté mi-juillet. (Photo d'illustration rb/www.ipreunion.com)

Si les baleines se font encore discrètes en ce début de saison 2020, la préfecture prépare le retour des bateaux à l'apparition de la moindre caudale cet hiver. Selon des documents officiels que nous avons pu consulter à Imaz Press, la préfecture envisage de signer un nouvel arrêté sur l'approche et l'observation des cétacés, autour de la mi-juillet.

Un courrier tamponné par la DEAL (direction de l'environnement, de l'aménagement et du logement), service de la préfecture, a été envoyé aux différents partenaires à savoir les communes, les intercommunalités, les clubs de plongée ou d'activités nautiques…

Dans ce document officiel, les partenaires sont invités à donner leur avis sur les nouvelles règles envisagées par les autorités. "Il est important de garantir des conditions d'observation respectueuses de ces animaux tout en assurant un risque limité pour celles et ceux qui s'en approchent" rappelle alors la DEAL.

- Trois nouvelles règles au programme -

Selon ce document, trois propositions d'amélioration de l'arrêté du 12 juin sont sur la table.

• "L’instauration d’une phase de repos de 18h à 9h le lendemain : l’approche et l’observation seraient autorisées entre 9h et 18h. En revanche, les mises à l’eau ne seraient autorisées que jusqu’à 16h".

Selon la DEAL, cette proposition permettrait aux cétacés de se reposer, loin des bateaux. Rappelons qu'une période de quiétude avait déjà été envisagée en 2019, à partir de 13h. L'idée avait finalement été abandonnée suite à une consultation citoyenne et parce que l'option semblait "prématurée".

Il faut donc croire que l'idée d'instaurer une période de repos dans l'après-midi a été complètement abandonnée. C'est désormais l'horaire 18h-9h qui est envisagé, soit à la tombée de la nuit. Les mises à l'eau devront s'arrêter deux heures plus tôt.

Selon la DEAL, ce choix a été fait "en fonction des connaissances scientifiques sur les cycles journaliers des animaux (socialisation, repos, prédation)" tout en sachant que "des dérogations exceptionnelles pour certains opérateurs demeureront possibles sous conditions". Une période de repos très allégée, en somme.

• "L’interdiction des mises à l'eau en août et septembre dans la réserve marine uniquement sur les couples mère-baleineau"

Cette deuxième proposition, plus ambitieuse, vise à protéger les femelles et leurs petits. "Il est proposé, dès le mois d’août de cette année, d’interdire les mises à l’eau sur les groupes comprenant au moins un baleineau, dans le périmètre de la Réserve marine" précise la DEAL.

Les baleineaux accompagnés de leur mère observés hors réserve ne sont donc pas concernés et la mise à l'eau reste dans ce cas possible.

"Au niveau national, l’interdiction d’approche à moins de 100 mètres dans les aires marines protégées est envisagée pour 2021" annonce d'ailleurs la préfecture dans son courrier. Si cette option passe l'année prochaine, il ne sera donc plus du tout possible de se mettre à l'eau avec les cétacés dans la Réserve marine.

• "L'obligation de présence d'un accompagnateur diplômé pour les mises à l'eau"

Selon la préfecture, les approches respectueuses des cétacés sont surtout le fait des opérateurs professionnels, qui connaissent la réglementation et la charte d'approche des cétacés.

La situation se corse quand il s'agit de particuliers, qui se montrent "souvent moins respectueux dans leur approche et moins conscients des risques d’accident auxquels ils s’exposent".

Dernièrement, Globice avait d'ailleurs souhaité rappeler les règles en vigueur, suite à la publication sur les réseaux sociaux d'une personne caressant un dauphin. Il n'est en effet pas autorisé de se rapprocher volontairement d'un cétacé à moins de 15 mètres.

Cette troisième proposition implique donc la présence obligatoire d’un accompagnateur diplômé "pour toute mise à l’eau". Les associations disposant de ces diplômes adaptés sont également concernées. Pour tout particulier qui souhaite prendre la mer par ses propres moyens, il ne sera plus possible de se baigner à proximité des baleines et des dauphins, si cette proposition est validée.

La DEAL précise qu'à terme, "il est souhaité qu’une formation spécifique à l’approche des cétacés soit requise. Cette formation sera mise à l’étude et deviendra obligatoire pour toute mise à l’eau, mais cette précision n’est pas envisagée dès 2020."

- La Fédération des sports marins réagit -

Destinataire du courrier de la préfecture, la Fédération Française d’Etudes et de Sports Sous-Marins (FFESSM) réagit. Concernant la période de repos et l'obligation de se mettre à l'eau avec un accompagnateur diplômé, la fédération dit apporter son entier soutien.

L'interdiction de la mise à l'eau dans la Réserve marine pour les couples mère-baleineau pose davantage problème. Selon la FFESSM, "les données scientifiques ne décrivent pas de baisse de la fréquentation de nos côtes par les baleines à bosses et leurs petits qui seraient du fait des observations sous-marines dans le périmètre de la réserve naturelle nationale marine". La fédération insiste sur le fait que "les baleineaux sont les premiers ambassadeurs volontaires de ces rencontres sous-marines". Profondément curieuses, les jeunes baleines sont en effet réputées pour se rapprocher elles-mêmes des nageurs. La limite des 15 mètres n'étant valable que dans le cadre d'un rapprochement volontaire de la part du baigneur.

La Réserve marine couvre une large bande allant de Boucan Canot à la pointe de l'Etang-Salé. Economiquement parlant, l'interdiction se mettre à l'eau avec les mères et les baleineaux semble compliquée pour les opérateurs professionnels. La motivation des mises à l'eau est souvent du fait de couples mère-baleineau, les observations les plus fréquentes pour les opérateurs. Lors d'une jouxte entre mâles, toute approche est interdite car dangereuse pour les bateaux, ce sont donc les femelles et leurs petits qui sont essentiellement recherchés.

Cette proposition pourrait alors être le principal point de désaccord du côté des partenaires.

mm / www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

Pour aller plus loin

Lire aussi : On voulait sauver la baleine, on sauvera finalement le business

Lire aussi : Quand le confinement rend la vie des cétacés plus facile

Lire aussi : Une chaîne YouTube dédiée à la protection des baleines

Lire aussi : Les baleines devraient être moins dérangées cette année

guest
0 Commentaires