Les transporteurs divisés sur la poursuite du chantier de la NRL

Partie digue de 216 mètres : "du travail" pour certains, "une grosse arnaque" pour d'autres

  • Publié le 2 septembre 2020 à 17:04
  • Actualisé le 2 septembre 2020 à 17:15

La commission permanente rassemblant les conseillers régionaux approche et avec elle le vote du protocole d'accord entre la collectivité et le groupement. L'avenir de la Nouvelle Route du Littoral sera donc en partie scellé mardi 8 septembre, date butoir pour les transporteurs qui attendent impatiemment la reprise du travail. Mais les modalités de reprise semble diviser plus qu'il n'y paraît. (Photo d'illustration rb/www.ipreunion.com)

Ce mardi 1er septembre, nous avons révélé plusieurs détails clés du protocole d'accord entre la Région et le groupement, examiné par les conseillers de la collectivité au cours d'une commission permanente prévue le 8 septembre. Dans le rapport de la commission, qu'Imaz Press a pu consulter, on apprenait notamment que la partie digue construite à partir du 15 septembre en attendant le nouvel attributaire du marché de la digue ferait 216 mètres, pour un coût de 42 millions d'euros.

Lire aussi : NRL : les travaux reprendront... sur 216 mètres payés 42 millions d'euros

Pour certains transporteurs, cette portion représente une année précieuse de travail. D'autres n'oublient pas qu'il s'agit avant tout d'un accord basé sur une résiliation, et redoutent une nouvelle interruption du chantier dans un an, le temps que le nouveau marché soit attribué.

- Le chantier reprendra le 15 septembre… et les transporteurs ? -

Ne serait-ce que sur la date de reprise, les versions s'opposent et tout le monde n'entend pas les promesses de Didier Robert de la même oreille. Pour Jean-Gaël Rivière, à la tête de la Fédération nationale des transporteurs routiers (FNTR), nul doute que le chantier de la digue va recommencer dès le 15 septembre, comme promis par la Région et le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu lors de sa visite sur l'île en août.

"On a déjà commencé à livrer des 0-300 (remblais, ndlr) sur la partie D3 de la digue. Ce sont des finitions, ça n'a rien à voir avec le chantier futur, mais ça reste du travail en attendant" affirme-t-il.

Didier Hoareau, président de l'Organisation des transporteurs indépendants (OTI) est nettement moins rassuré. "Il y a bien une chose qu'il faut comprendre, c'est que les transporteurs ne reprendront pas le 15 septembre. Le chantier, oui. Mais pour commencer, il faut virer les acropodes et les musoirs (pointe de la digue, ndlr), ce qui va prendre 1 mois, voire 1 mois et demi."

Pour lui, nul doute, donc, que le président de Région joue sur les mots en garantissant une reprise du travail effective le 15 septembre.

- La rallonge financière de l'Etat capitale -

La partie construite à compter de cette date concerne la digue 5 (inférieure et supérieure) en partant de la digue 4. Une portion de 216 mètres, pour un coût de 42 millions d'euros dont 12 millions de surcoût. "Ce qui nous intéresse ce n'est pas le montant, c'est qu'on va travailler" martèle le président de la FNTR.

Au même titre que l'accord à l'amiable recherché entre Région et groupement pour acter le départ de GTOI-SBTPC-Vinci, qui réclame 414 millions d'euros. Un aspect juridique, puisque ces procédures font actuellement l'objet de recours devant le tribunal, peut-être bientôt réglé à l'amiable. Selon les transporteurs, ce litige ne les concerne en rien et il n'impactera pas le chantier. Les conseillers régionaux, eux, plancheront sur le sujet le 8 septembre.

Au-delà de la collectivité régionale, Joël Mongin (FTOI, Fédération des transporteurs de l'océan Indien), lui, dit avoir surtout confiance en l'Etat. "On a le ministre de l'Economie Bruno Le Maire qui dit en personne que c'est "une route qui ne va nulle part", ça veut dire que le gouvernement s'est bien penché sur le sujet. Ils savent aussi que la Covid n'a pas aidé, tout le monde a pris du retard. Je ne comprendrais pas qu'on ne la termine pas cette route, ne serait-ce que pour les usagers."

Lire aussi : NRL : "je crois qu'il n'y a rien de plus stupide que les routes qui ne mènent nulle part" dit Bruno Le Maire

Sur ce point, tous estiment que l'Etat mettra, en tout logique, la main à la poche pour assurer la poursuite du chantier. La collectivité régionale réclame une aide de 100 millions d'euros supplémentaire, somme qui sera également examinée par les conseillers régionaux le 8 septembre.

"Le président parle de relance économique, la NRL en fait partie ! L'Etat est obligé de participer" estime Joël Mongin. Le plan de relance sera d'ailleurs présenté ce jeudi 3 septembre par le gouvernement. Bruno Le Maire lui-même n'avait pas exclu qu'il pourrait permettre en partie d'achever le chantier.

- Un an de travail et après ? -

Les transporteurs ont tous reçu les mêmes indications de la part de la Région : la partie digue de 216 mètres, construite à partir du 15 septembre, leur garantit environ un an d'activité. "A ça s'ajoute le raccordement de la partie viaduc, qui se fera en même temps, donc ça nous donne pas mal de travail" calcule Jean-Gaël Rivière, optimiste.

Le 9 juin dernier, le vice-président du Conseil régional Dominique Fournel avait en effet annoncé en séance plénière un raccordement entre le viaduc et la Grande Chaloupe d'ici 2021.

"Le travail va monter crescendo" selon Joël Mongin qui n'anticipe pas une reprise sur les chapeaux de roues dès le début. "Le président de Région a parlé d'un rythme accéléré. La collectivité gère les andains, 2,6 millions de tonnes sont disponibles. Tout le monde a vu que si on ne nous met pas de bâtons dans les roues, ça avance."

Une étude de la SAFER datant de fin 2019 a en effet permis de recenser ces millions de tonnes de roches massives directement exploitables dans les champs de La Réunion.

Pour Didier Hoareau cependant, cette partie de 216 mètres, "c'est une grosse arnaque". Le président de l'OTI ne mâche pas ses mots : "on aurait dû reprendre bien plus tôt. C'est un an de boulot et après ? Nous ce qu'on voulait c'était pas un an de travail, c'était finir cette route. Le président de Région nous a bernés. N'oublions pas qu'on part sur une résiliation."

Plus direct que ses collègues, il n'exclut pas une mobilisation future si l'état du chantier le demande – "s'il le faut, on le fera" – et ne doute pas que les transporteurs sauront dans ce cas parler à nouveau d'une même voix.

Lire aussi : Lire aussi : Le chantier de la NRL va reprendre, on ne sait toujours pas comment

mm / www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

guest
0 Commentaires