Une demande très supérieure à l'offre

Études supérieures : la course aux logements étudiants

  • Publié le 27 juin 2022 à 02:59
  • Actualisé le 27 juin 2022 à 10:06

Après avoir reçu les résultats de Parcoursup, le 2 juin 2022, de nombreux étudiants réunionnais se sont mis à la recherche d'un logement, pour pouvoir effectuer leurs études supérieures. Une quête qui se révèle être un véritable parcours du combattant, tant la demande de logement étudiants est élevée par rapport à l'offre, en particulier à La Réunion. (photo : www.ipreunion.com)

- Les logements privés courtisés mais peu accessibles -

Affectés ou pas à la filière de leur choix, plusieurs milliers d'étudiants réunionnais doivent se loger pour poursuivre des études. Mais trouver un logement n'est jamais chose facile, en particulier pour les étudiants dont les moyens financiers sont limités.

Beaucoup d'entre eux souhaitent obtenir une location dans un logement privé, mais la concurrence est féroce. L'agence immobilière AMI Réunion, qui se présente comme "spécialiste du logement étudiant de La Réunion", est au premier rang pour constater l'afflux de demandes qui intervient chaque année à la même période, "en tout, nous avons une centaine de logements étudiant disponibles. Depuis début juin, nous avons reçu environ 600 demandes, et ce, alors que les résultats du bac ne sont même pas encore tombés", explique Samuel Batty, gestionnaire locatif chez AMI Réunion.

Face à ce flux élevé de demandes, l'agence ne peut répondre favorablement qu'à une petite minorité des demandeurs. Samuel Batty affirme que le nombre de logements disponibles à La Réunion est "bien trop faible par rapport au nombre de demandeurs, et les étudiants en sont les premières victimes". Une situation qui obligerait certains étudiants à rester chez leurs parents et à effectuer parfois plusieurs heures de route par jour.

Ajouté à cette offre trop faible, des prix de l'immobilier qui selon lui ont augmenté, en particulier depuis le covid. En découle ainsi une situation très compliquée pour de nombreux étudiants, souvent obligés de revoir leurs ambitions à la baisse et de se tourner vers les Crous (Centre régional des œuvres universitaires et scolaires).

- Le Crous, une capacité d'accueil limitée -

Si les logements Crous représentent souvent la meilleure alternative pour les étudiants qui n'ont pas les moyens de payer un logement privé, la structure reçoit chaque année environ 5000 demandes, pour une capacité d'accueil qui dépasse tout juste les 1300 places.

Un nombre de places disponibles restreint qui oblige le Crous à établir une sélection réduite sur le nombre total de demandes, explique Anaïs Boutchama, chargée de communication au Crous de La Réunion, "on organise plusieurs tours de sélection, il peut arriver que certains étudiants dont le dossier ait été accepté se désistent, ce qui libère certaines places pour d'autres étudiants. Mais il est évident qu'on ne peut pas répondre favorablement à tout le monde. Plus un étudiant aura un échelon de bourse élevé, plus il aura de chance d'être accepté, un étudiant venant de métropole sera également privilégié par rapport à un étudiant réunionnais au dossier similaire, car il a dû faire le voyage et n'a pas de famille sur place".

De cette sélection résulte chaque année de nombreux étudiants refoulés du Crous, qui n'ont pas non plus la possibilité d'accéder à des logements privés, par manque de moyens ou par manque de places disponibles. Mais Anaïs Boutchama affirme qu'aucun étudiant n'est pour autant laissé sans solution : "Pour les étudiants que nous n'avons pas été en mesure d'accepter, qui se retrouvent vraiment sans rien, nous avons un service social qui propose un quota de logements réservé pour ce genre de cas. Nous proposons également un accompagnement financier pour aider des étudiants à accéder à un logement privé. Notre objectif est que personne ne se retrouve en incapacité d'être logé".

- Des étudiants laissés sans solution -

Rudrigue Sautron, président de de l'Unef (Union nationale des étudiants de France) de la Réunion, affirme pourtant avoir régulièrement à faire à des contre-exemples. Selon lui, le quota de logements évoqué par le Crous ne représente qu'une quinzaine de chambres, un nombre "dérisoire". Une grande majorité des étudiants qui ne sont pas acceptés par le Crous sont dans l'obligation de se tourner vers des logements privés, or, il affirme que beaucoup n'en ont pas les moyens, "les logements privés coûtent bien plus cher que les logements Crous, la bourse de certains étudiants n'atteint même pas le prix des logements les moins chers. Certains doivent se sacrifier pour se payer ce type logement, et ne peuvent pas subvenir à leurs besoins, d'autres sont contraints d'abandonner leurs études car ils n'ont aucun moyen de se loger. Chaque année, on a écho de plusieurs étudiants dans cette situation ".

Le président du syndicat étudiant regrette que l'Etat ne s'implique pas davantage en faveur des logements étudiants, "l'ancienne ministre de l'enseignement supérieure s'était engagée à ce que 300 nouveaux logements étudiant soient construits à La Réunion, ça n'a pas été fait".

Selon lui, le mauvais développement des réseaux de transport public à La Réunion ne permet pas à certains étudiants de rester chez leurs parents, qui n'habitent pas dans la ville dans laquelle ils étudient, car le trajet serait trop long et trop compliqué à effectuer chaque jour. "Cette solution permettrait pourtant à beaucoup d'étudiants de ne pas avoir cette préoccupation du logement".

Un nombre de logements étudiants trop faible, ainsi que des logements privés trop chers et en quantité restreinte également, qui pousseraient donc certains étudiants à renoncer à leurs études, et en obligerait d'autres à effectuer plusieurs heures de trajet chaque jour. A La Réunion, il est encore plus compliqué de trouver un logement étudiant qu'en métropole, faute en partie d'une population globalement jeune, avec plus de 30% des habitants de l'île qui ont moins de 20 ans, selon les Echos. Cette situation démographique crée une demande bien supérieure à l'offre, de laquelle découle une course aux logements étudiants qui revient chaque année.

tr/www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

 

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