Une première dans l'île

Cinéma : Sweet Dreams, un long métrage hollandais entièrement tourné à La Réunion

  • Publié le 17 août 2022 à 10:31

La Réunion accueille son premier tournage étranger cofinancé par la France. Depuis le 25 juillet 2022, les équipes de "Sweet Dreams" de Ena Sendijarević s'affairent un peu partout dans l'île pour filmer l'histoire de Agathe et Siti, deux femmes livrées à elles-mêmes suite au décès de Jan, patriarche propriétaire d'une plantation de sucre.

"Au milieu d'une nouvelle crise du sucre, Jan (patriarche et propriétaire d'une plantation de sucre) meurt subitement, laissant deux femmes livrées à elles-mêmes : Agathe, son épouse, et Siti, la femme de ménage, mère de son fils illégitime. Une réunion de famille s'ensuit. Lorsque son jeune fils illégitime s'avère être le seul héritier, c'est chacun pour soi, homme, femme, enfant, plante et animal...". Voilà le synopsis du long-métrage en cours de réalisation dans l'île.

Entre colonialisme, crise du sucre, et filiations illégitimes, le synopsis s'intègre parfaitement à La Réunion. Pourtant, initialement, le tournage devait se dérouler en Indonésie. Mais la crise Covid-19 est passée par là, et les conditions de tournage n'étaient plus réunies pour l'équipe hollandaise. Après avoir visité de nombreux endroits, comme Taïwan ou la Grèce, c'est sur notre île que la production a jeté son dévolu. "Il y a plusieurs voyages de repérage pour identifier les endroits où l'équipe voulait tourner, et tout le monde est arrivé en juin dernier pour préparer le tournage" explique Laurent Médéa, producteur délégué de Tiktak Production. L'entreprise réunionnaise est coproductrice minoritaire et assure la production exécutive de ce premier tournage
étranger cofinancé par la France à La Réunion.

Laurent Médéa a largement contribué à la réalisation de ce projet, en trouvant notamment les lieux idéaux pour tourner les diverses scènes du film. "Le décor correspond exactement à ce qu'ils recherchaient, entre les champs de canne, les cases créoles, les maisons coloniales, la forêt, les rivières et cascades... Je connais La Réunion comme ma poche, j'ai donc cherché les lieux s'apparantant le plus aux décors indonésiens qui devaient initialement être utilisés" détaille-t-il.

Car si le film parle effectivement du colonialisme, il s'agit ici d'une histoire ancrée en Indonésie et dans son passé colonial néerlandais. "Il est à la fois représentatif des liens coloniaux et postcoloniaux entre l'Europe et des régions d'autres continents. En tant que tel, il dépeint un microcosme qui peut trouver un écho auprès des publics du monde entier" souligne cependant la production.

"L'ambition de la réalisatrice Ena Sendijarevic est de refléter notre société contemporaine en plongeant dans l'ère de l'oppression coloniale. Les thèmes que l'on retrouve dans les précédents travaux d'Ena (les relations Est/Ouest, la sexualité et le féminisme) sont examinés de manière critique au sein de ce cadre historique. Le résultat est une analyse des structures de pouvoir dans le passé colonial, présentée d'un point de vue féminin - des structures de pouvoir qui existent encore aujourd'hui dans notre monde globalisé" souligne-t-elle.

- Un apport économique conséquent pour l'île -

Au-delà de permettre de promouvoir les paysages de La Réunion à travers le film, le tournage constitue un véritable atout économique. Les équipes techniques et comédiens sont issus de huit pays différents. En moyenne, une centaine de personnes sont présentes quotidiennement sur le tournage, dont le repas est assuré par un traiteur Réunionnais.

"Plus d’une soixantaine de personnes dorment dans 3 hôtels durant deux mois, ce qui équivaut à 2.100 nuitées d'hôtels et Villas, 94 billets d'avion au total avec Air Austral, une cinquantaine de véhicules légers et lourds sont loués, représentant 1.400 jours de locations de véhicules et 20.000 euros de carburants. Il y a eu plus de 35 embauches de techniciens locaux pendant presque deux mois, plus de 300 figurants locaux, 75 000 euros de matériels de tournage loués, 4 stagiaires de l'ILOI, etc." détaille Laurent Médéa. Au total 1,5 million d'euros seront dépensés à La Réunion pour ce film, sur 3,5 millions d'euros de budget.

Une organisation qui a été placée entre les mains de Tiktak Production. "Tiktak a une expérience conséquente en terme de production, avec 14 courts-métrages à notre compteur, dont un projet avec une réalisatrice basée à Los Angeles, un autre avec un réalisateur de Paris, nous avons tourné à Tokyo récemment. Nous avons une réelle expérience internationale" se félicite le cinéaste. "Les collectivités ont vraiment joué le jeu pour permettre au film de se faire" ajoute-t-il.

Le film serait d'ailleurs pressenti pour être présélectionné pour le prochain festival de Cannes en mai 2023. "Il ne reste plus qu'à être sélectionnés" sourit Laurent Médéa.

as/www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

guest
0 Commentaires