Aviation

Châteauroux: l'aéroport qui ne connait pas la crise

  • Publié le 25 mai 2020 à 15:04
  • Actualisé le 26 mai 2020 à 12:21

Plusieurs dizaines d'avions cloués sur le tarmac en attendant un ciel dégagé.

Alors que le secteur aérien s'effondre à cause du coronavirus, l'aéroport de Châteauroux, lui, fonctionne à plein régime, entre parking pour longs courriers et fret sanitaire. Dans la campagne berrichonne, au centre de la France, les colossaux empennages aux couleurs de British Airways sont visibles de loin. En pleine crise, la compagnie britannique a décidé de stocker dans l'Indre dix de ses douze A380.

Et les géants d'Airbus ne dorment pas seuls. La pandémie de Covid-19 a fait chuter le trafic aérien partout dans le monde. Châteauroux en est le reflet: Hong Kong Airlines, Air Madagascar, Air Caraïbes, Egyptair, l'espagnole Volotea, la brésilienne Azul, la cambodgienne Sky Angkor Airlines, la chinoise Loong Air et d'autres encore ont décidé d'y parquer leurs avions.

Au total, plus d'une quarantaine d'avions attendent des jours meilleurs sous le soleil du Berry. L'aéroport Marcel-Dassault, propriété de la région Centre-Val de Loire, dispose en effet d'un bien précieux: l'espace. "Nous allons en accueillir une bonne quinzaine de plus dans les jours à venir. Et il nous restera une dizaine de places disponibles", explique Didier Lefresne, le directeur.

"Si Marcel Dassault a créé la structure en 1936, les Américains l'ont développée entre 1951 et 1967, en construisant une piste de 2.500 mètres (aujourd'hui 3.500 m, NDLR) et des parkings gigantesques. C'était la plus importante base logistique de l'Otan en Europe. On y faisait aussi la maintenance des avions de chasse et de fret", raconte M. Lefresne.

On bénéficie de l'histoire américaine, avec plus de 25 hectares de parking, plus des taxiways gigantesques. Charge à nous de valoriser cette taille", insiste-t-il. "Au vu de la taille des avions, ce n'est pas si grand que ça. Nous avons 40 hectares de foncier disponible, (...) si le marché prend cette orientation-là, cela pourrait nous donner des capacités d'accueil supérieures."

Reste que la place, si elle demeure un bien précieux n'est pas le seul avantage de l'ancienne base militaire. "Il est certain que nous sommes moins chers que les aéroports de la région parisienne. (...) Nous avons aussi des entreprises de maintenance basées ici. Les compagnies savent qu'elles peuvent leur confier leurs avions", expose le directeur.

-Fret multiplié par trois-

Au sol, les avions sont bichonnés, notamment par Dale Aviation. "A la fin janvier, nous avions cinq ou six avions. Et maintenant, nous en avons dix-huit", raconte le fondateur de l'entreprise, Matko Dadic.

"Un avion qui ne vole pas doit être maintenu en condition de vol afin de conserver sa valeur. Il doit être protégé des conditions atmosphériques, de l'humidité, de la poussière. Les pièces doivent être lubrifiées. Nous appelons ça du cocooning. Et il y a des tâches de maintenance à effectuer toutes les semaines, toutes les deux semaines, tous les mois. C'est assez exigeant", détaille-t-il alors que l'un de ses employés fait tourner les moteurs d'un Boeing.
La maintenance n'est pas la seule source de bruit sur le tarmac.

"On a multiplié par trois notre activité de fret. On a deux ou trois avions tous les jours", explique Didier Lefresne qui évoque la situation idéale de l'aéroport, situé au centre de l'Hexagone et en bordure de l'autoroute A20, sur l'axe Paris-Toulouse. Sur le tarmac, un 737 d'Ukraine International décharge sa cargaison de masques et de matériel sanitaire, sous l'oeil de Michel Quatresous.

"Le circuit pour les masques n'existait pas. Il a fallu le créer. C'est notre septième avion, on doit encore en recevoir trois autres", explique le président de la centrale d'achat OptiPharma, qui regroupe environ mille pharmacies. "C'est beaucoup plus facile de travailler ici qu'à Roissy. Pour nous, c'est idéal."

Avec un hangar capable d'accueillir la maintenance des A380 prévu pour 2021 et une nouvelle tour de contrôle à venir, l'aéroport de Châteauroux pourrait bien être sur le point de (re)décoller au moment où les autres atterrissent brutalement.

AFP

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