Le panier Lurel est "une incitation des consommateurs à délaisser les petites boutiques"

I.Patel : "le chiffre d'affaires des petits commerces va baisser de 20%"

  • Publié le 15 mars 2013 à 06:26

Depuis le lundi 11 mars, les Réunionnais ont découvert les produits du bouclier qualité-prix dans les rayons des grandes surfaces. Interrogé par Imaz Press Réunion, Ibrahim Patel, président de la CCIR (chambre de commerce et d'industrie de La Réunion), estime que proposer un chariot de 108 produits pour 296 euros "est une bonne chose pour les ménages les plus démunis". Toutefois, il regrette que ces produits ne soient disponibles que dans les magasins de 950 m2 ou plus. "Les petits commerces alimentaires ne peuvent pas proposer ces produits à un tel prix. On incite les consommateurs à aller acheter dans les grandes surfaces et à délaisser les commerces de proximité", dit-il. Le président de la chambre de commerce estime ainsi que "le chiffre d'affaires de ces commerces va baisser de 20%"

Alors que la cherté de la vie pose toujours problème à La Réunion, le bouclier qualité-prix, proposant 108 produits pour un montant maximum de 296 euros, est entré en vigueur ce lundi 11 mars. Seuls les commerces dont la supérieure est supérieure à 950 m2 ont pour obligation d’appliquer les baisses de prix. L’application du dispositif se fait, sur la base du volontariat pour les commerces compris entre 500 et 950 m2, et uniquement sur 50 produits du panier. Quant aux petits commerces, ils sont exclus du dispositif.

Interrogé sur la mise en place de ce bouclier qualité-prix, Ibrahim Patel, président de la CCIR, répond : "Il y a un côté satisfaisant. Dans le contexte de crise dans lequel se trouve La Réunion, proposer un panier de 108 produits pour 296 euros peut aider certains ménages à améliorer leur pouvoir d’achat. Mais, il y a un autre côté qui n’est pas satisfaisant".

Le président de la CCIR s’explique : "Les petits commerces alimentaires sont exclus du dispositif, et ne peuvent pas proposer des baisses sur ces produits. Ce qui incite les consommateurs à aller acheter dans les grandes surfaces en périphérie, et donc à délaisser les boutiques de proximité". Il estime ainsi que "le chiffre d’affaires va baisser de 20%" et note que "l’on met en péril l’activité de ces commerçants".

Ibrahim Patel indique au passage que le projet de centrale d’achat que la CCIR veut mettre en place en 2014 "permettrait de gommer les injustices" entre petits commerces et grandes surfaces. "Le projet avance bien. Le 22 avril, nous allons rencontrer les commerçants qui souhaitent être actionnaires et nous allons présenter le volet financier et le volet juridique", indique le président de la CCIR.

Il ajoute que "la Région et le Département se sont montrées intéressées par la centrale d’achat et ont fait part de leur volonté d’être dans le dispositif". "Le ministre des Outre-mers Victorin Lurel, m’a également indiqué qu’il était pour la centrale d’achat et m’a assuré que l’Etat accompagnera sa mise en place". Un projet "en bonne voie" et "qui pourra créer des emplois", note Ibrahim Patel.

Sur le problème du chômage à La Réunion, le président de la CCIR rappelle que "nous sommes aujourd’hui dans un contexte difficile". "On a actuellement les deux pieds dans la crise. Aujourd’hui, on a presque 150 000 chômeurs et 18 000 entreprises ont disparu. Sans vouloir être pessimiste, je ne pense pas qu’il y aura une amélioration avant 2015", déclare-t-il.

Le président de la CCIR souligne de nouveau la nécessité de mettre en place une politique volontariste entre l’État, les collectivités et les chambres consulaires pour lutter contre le chômage des jeunes.

"La décision du gouvernement d’aider les jeunes de 18 à 25 ans dans un contexte difficile et de leur donner 485 euros est louable. Mais je pense que cet argent devrait être donné aux entreprises. La CCIR propose de mettre en place un SMIC net à 1 100 euros, qui englobe toutes les charges, et de donner les 485 euros aux entreprises. Il leur resterait ainsi environ 600 euros à payer pour embaucher un jeune. C’est une façon d’aider les entreprises à embaucher, et les jeunes pourraient s’insérer plus facilement", estime Ibrahim Patel.

www.ipreunion.com

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