Le groupe Hayot détiendrait les Jumbo et Score

Rachat de Vindémia par GBH : vive inquiétude du côté des syndicats

  • Publié le 24 juillet 2019 à 15:56
  • Actualisé le 24 juillet 2019 à 15:57

Le groupe GBH (groupe Bernard Hayot) a annoncé ce lundi 22 juillet 2019 racheter la filiale réunionnaise de Casino appelée Vindémia. Celle-ci gère les enseignes Jumbo et Score. Total de la transaction : 219 millions d'euros. Un projet de rachat qui inquiète les délégués syndicaux. GBH affirme que tous les emplois des salariés Vindémia seront sauvegardés, mais les syndicats en doutent. Quant aux délégués syndicaux des 4 Jumbo légués à Make Distribution, ils ne savent pas à quelle sauce ils seront mangés. Quelle sera la stratégie de GBH ? Comment en est-on arrivé là ? Que va-t-il advenir des salariés en doublon ? Comment Make Distribution, société inconnue des syndicats, va-t-elle gérer ses 4 Jumbo ? Que va-t-il advenir des petites enseignes moins rentables ? De nombreuses questions et peu de réponses pour l'instant.

Malgré les déclarations du groupe GBH qui affirme conserver tous les salariés de Vindémia, le doute règne sur les délégués syndicaux. Jean-Patrick Therinca, délégué syndical Vindémia, ne croit "que ce qui est écrit et signé. Ce qui est dit dans un communiqué, je veux bien, mais nous réclamons des garanties par écrit, bien stipulées dans le contrat de vente."

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Pour les délégués syndicaux, le calcul est rapide : "GBH a racheté Vindémia pour en dégager des bénéfices. Or Vindémia a des effectifs assez conséquents", rappelle Georges Caro secrétaire général de la CGTR commerces et services. "Est-ce qu'ils seront gardés indéfiniment ? On en doute fortement." Les délégués de la CGTR tablent sur une centaine d'emplois supprimés d'ici 15 à 18 mois.

Ce qui inquiètent ces élus, ce sont les doublons qui risquent de rapidement poser problème : "pourquoi GBH garderait deux experts comptables par exemple ?" s'interroge Georges Caro.

  • "Des comptes à rendre"

Le rachat même de Vindémia pose question. "Comment en est-on arrivés là ? Casino est grassement aidé par l'Etat", estime Jean-Patrick Therinca. "Où est passé cet argent ?" Les suspicions sont à peine dissimulées : pour les délégués syndicaux, il y a de grandes chances pour les investissements aient été concentrés sur la métropole. "Cette transaction confirme le désengagement de Casino dans les Outremer."

D'autant plus que tout l'océan indien est concerné : Vindémia étant également implantée à Madagascar, Mayotte et Maurice.

  • La peur du "saucissonnage"

Quelle sera la stratégie de GBH, déjà propriétaire des Carrefour de l'île ? Tout en sachant que dans certaines zones comme Sainte-Marie, le Carrefour côtoie de très près le Jumbo… Ce qui inquiète fortement Josie Bola, déléguée syndicale au Jumbo de Sainte-Marie : "Nous avons très peur pour les emplois de nos salariés. D'autant plus qu'un Leclerc est en construction, la concurrence promet d'être encore plus rude…"

Autres inquiétudes des délégués syndicaux : que va-t-il advenir des petits Jumbo que ceux du Moufia, ou les hypermarchés moins rentables comme ceux de Saint-Benoît ou Saint-Pierre…

  • Make Distribution, la grande inconnue

"Nous ne connaissons rien de Make Distribution" avouent d'une même voix les délégués syndicaux. "Nous savons qu'il s'agit de planteurs, de sucriers, mais on ne savait même pas qu'ils étaient dans la grande distribution", explique Jean-Patrick Therinca. "Et là ça représente quand même 700 salariés. Avec 4 gros magasins comme ça, c'est difficile de sortir la tête de l'eau."

Une inquiétude largement partagée par les délégués syndicaux des 4 Jumbo cédés à Make Distribution. "C'est l'inconnue totale", selon Daniel Sorlier, délégué syndical du Jumbo de Savanna, "On ne sait pas où on va". Seule consolation : contrairement à GBH, Make Distribution est une société réunionnaise.

  • Représentation des employés

Côté représentation des employés, l'organisation de Vindémia convenait au syndicat. "Au niveau des instances représentatives du personnel, cela nous semblait très bien structuré, notamment à travers ses comités d'établissement et son comité de groupe", explique Georges Caro.

Des élections sont prévues le 27 août : "que vont devenir ces élus ?" avoue le délégué syndical. "Les 15 Score sont regroupés en un seul établissement, que vont-ils devenir au niveau représentation du personnel ?"

  • Pas de monopole, vraiment ?

Certes GBH a cédé 4 établissements pour ne pas tomber dans une situation de monopole et respecter les règles de la concurrence. Mais pour les délégués syndicaux, c'est de la poudre aux yeux. "En possédant à la fois les Jumbo Score et les Carrefour, le groupe reste largement majoritaire dans la grande distribution", estime Christophe Alloux, membre du bureau de la Fédération de commerce.

Par ailleurs il faut regarder le chiffre d'affaires. "En chiffre pur, on table sur 1,2 milliard à 1,5 milliard d'euros", détaille Jean-Patrick Therinca. "Ce serait donc le premier sur le département réunionnais, alors qu'il s'agit d'un groupe extérieur. En terme de chiffre d'affaires, il n'y a aucune vraie concurrence."

  • Pas de dialogue social

"Côté stratégie, on s'inquiète des acquis sociaux, obtenus après des luttes menées depuis des années", explique le délégué syndical Vindémia. "Au moment de passer chez Casino, tout a été démantelé pour se concentrer à nouveau sur le commerce de distribution", rappelle-t-il.

Les délégués syndicaux estiment avoir toujours été là "pour assurer une bonne couverture aux salariés, niveau santé prévoyance". Ce qui inclue les chèques déjeuners, une bonne participation patronale, un meilleur dialogue social instauré… "on ne sait pas trop de quoi demain sera fait" avoue Jean-Patrick Therinca.

"Nous estimons que les dirigeants de GBH ne privilégient pas assez le dialogue social" ajoute pour sa part Georges Caro. "C'était déjà le cas avec Décathlon à Saint-Pierre. Nous avions fait plusieurs descentes. Ici c'est pareil et on souhaite dire au groupe que si démantèlement il y a, les syndicats seront présents". Le message est passé, et lors de la consultation syndicale nécessaire à la signature du contrat de vente : en l'état, les délégués syndicaux penchent du côté de l'avis défavorable.

mm/www.ipreunion.com/redac@ipreunion.com

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