Érosion côtière

L'idée était d'être proche de la mer, on en paie le prix

  • Publié le 19 février 2018 à 12:11
  • Actualisé le 19 février 2018 à 17:08

D'année en année, les plages reculent. Non, il ne s'agit pas d'un mythe : le phénomène de l'érosion côtière est réel et concerne bien La Réunion. Cela fait maintenant 15 ans que le BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières) étudie l'évolution du littoral sur certains secteurs de l'île. Et non, il n'y a pas que Saint-Gilles qui est concerné. "L'idée, c'était d'être proche de la mer et on en paie un peu le prix" estime Rémi Belon, en charge de la problématique du littoral.

Le problème est "bien connu mondialement", commence par rappeler Rémi Belon, en charge de la problématique des risques côtiers au BRGM de La Réunion. Cela fait maintenant 15 ans que le bureau a lancé un programme permettant de suivre l'évolution du littoral sur certains secteurs de l'île. Mais l'érosion côtière, c'est quoi ? "Une perte de sédiments sur le littoral. Le phénomène est observé par un recul du trait de côte, soit la limite terre/mer, avec une avancée de la mer à l'intérieur des terres" résume l'ingénieur. 

Là où l'érosion a été la plus remarquable, c'est au niveau de la Pointe de la Rivière des Galets, où "on a pu perdre plus d'une centaine de mètres sur la flèches Nord". Sans aller vers le fatalisme, Rémi Belon reste réaliste : "Aujourd'hui, tout porte à croire que l'on est sur une augmentation de ces phénomènes". Des phénomènes qui ont, en réalité, toujours existé. Avec la problématique des restaurants de plage, le sujet est arrivé de façon fracassante sur la table. Selon le spécialiste du BRGM, rien de plus normal. "Depuis l'urbanisation sur les plages, le littoral a toujours bougé. Aujourd'hui, on a des biens et personnes directement menacés, ce que l'on n'avait peut-être pas au début du siècle. On était moins concernés" estime t-il. En parlant de concernés, ceux qui le sont le plus sont évidemment ceux proches du trait de côte, cette limite où l'écume des vagues vient mourir sur le sable. Des secteurs sont néanmoins plus protégés que d'autres, notamment ceux situés près des récifs, où l'énergie des vagues est "dissipée".

- "Fixer le sable" et laisser de l'espace au littoral -

Mais, pas d'illusions ! L'érosion côtière, c'est irréversible. Ses conséquences dépendent ensuite de la morphologie de la côte. Et de son occupation : "Il y a des techniques qui permettent d'atténuer l'impact des vagues sur le littoral. Il faut lui laisser un certain espace pour bouger, le rendre mobile". En précisant bien qu'il n'existe pas "de solution miracle". Aujourd'hui, la stratégie nationale privilégie d'ailleurs la "relocalisation des enjeux", qui serait "a priori la seule solution pérenne pour les protéger" rapporte Rémi Belon.

L'idée générale : rendre le milieu le plus naturel possible, laisser suffisamment d'espace au littoral pour qu'il puisse bouger, avancer et reculer au gré des événements climatiques. Avec plusieurs techniques comme la revégétalisation, qui permettrait de "fixer le sable", d'éviter qu'il ne bouge trop et parte rapidement en mer lors de forts événements climatiques, de type cyclones.

Car le processus est simple. Si la mer arrive sur le sable avec moins d'énergie, impossible pour elle d'emporter trop de sédiments vers le large. L'objectif actuel du BRGM est de réféléchir ainsi à des stratégies et modes de gestion adaptés à chaque secteur. Sur Saint-Louis, par exemple, la situation n'est pas la même qu'à Saint-Gilles. La commune du sud est directement impactée par la submersion marine, avec "des épisodes de houle australe". Saint-Pierre est aussi un secteur vulnérable, avec des "murs qui n'ont plus de plage pour les protéger". Du côté de Saint-Denis, se pose également l'exemple du cimetière de l'est où les collectivités ont mis en place des ouvrages de protection. 

En ce qui concerne la sensibilisation de la population, Rémi Belon juge que "les messages ont encore du mal à passer". Car, lors de l'urbanisation du littoral, "l'idée, c'était vraiment d'être proche de la mer". Un rêve dont "on paye aujourd'hui un peu le prix". Le souci, c'est qu'il est difficile d'établie une quelconque échéance. "On essaie de caractériser l'aléa, et notamment le trait de côte à l'échelle de 2100. Ça permet d'imaginer la bande côtière qui pourrait être impactée par ces phénomènes d'érosion" note l'ingénieur. S'il n'est plus possible de revenir en arrière, il s'agit aujourd'hui d'éviter l'aggravation du phénomène. Et donc de favoriser des pratiques impactant moins le littoral de l'île.

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3 Commentaires
Yvette Duchemann
Yvette Duchemann
5 ans

C’est très grave ce qui se passe. Nous n’aurons bientôt plus de plage. Pendant ce temps là les paillotes et autres ... sont toujours là, ceux qui s’indignent sont menottées et passent devant le tribunal, ceuxqui détruisent notre écosystème sont soutenus… les lobbies sont forts ici et ailleurs, mais peut etre particulierement ici...

gramounfm
gramounfm
6 ans

Et qu'est-ce que le BRGM pense de la construction du port de St Gilles et de ses conséquences ?

Bruno Bourgeon
Bruno Bourgeon
6 ans

Et évidemment pas un mot sur le changement climatique, l'élévation du niveau des océans. L'Homme agit donc de deux façons pour modifier le littoral : localement avec le bétonnage côtier, et généralement avec le réchauffement climatique. Ce dernier aurait pu au moins être cité dans cet article!