1000 "Parcours Emploi Compétence" en plus pour la fin de l'année

Contrats PEC : quand la précarité appelle la précarité

  • Publié le 23 septembre 2019 à 12:28
  • Actualisé le 23 septembre 2019 à 15:02

La ministre des Outre-mer Annick Girardin était sur notre île les 19 et 20 septembre 2019. L'occasion de parler vie quotidienne, logement, économie avec les Réunionnais, mais aussi d'anticiper la venue d'Emmanuel Macron, prévue pour l'instant la troisième semaine d'octobre. Nous voilà donc à un mois de l'arrivée du président et parmi les dossiers inévitables : l'emploi. Ce qui nous renvoie au temps fort du week-end de la ministre, sinon sa seule véritable annonce : la création de 1000 nouveaux PEC pour la fin de l'année. Une bonne nouvelle ? Pour l'instant oui, mais cette solution est plus qu'éphémère et elle cache une vraie misère sociale... (Photo d'illustration rb/www.ipreunion.com)

La nouvelle est louable et répond aux inquiétudes des maires réunionnais : ajouter 1000 nouveaux PEC aux 11.000 déjà prévus pour l'année. Sur ces 11.000, 1.500 restaient à répartir avant janvier 2020. C'était très juste, trop juste pour les collectivités qui ont donc demandé à l'Etat d'agir, notamment par le biais d'un courrier envoyé à la préfecture.

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"Puisqu'il y a cette crainte de fin d'année, notamment dans le cadre de la lutte contre la dengue, et bien il y a maintenant 1000 emplois supplémentaires" a déclaré la ministre des Outre-mer. Une annonce faite à peine sortie de l'avion, puis confirmée devant les caméras lors de son premier jour de visite ce jeudi.

Sauver la mise

Cette décision, de concert avec la ministre du Travail Nicole Belloubet, répond donc aux inquiétudes des maires. Elle fait aussi suite à la suspension des PEC annoncée par la préfecture le 13 septembre dernier, et qui avait provoqué un tollé…

Une information que nous avions révélée dès le 3 septembre à Imaz Press Réunion, et sur laquelle la préfecture a souhaité communiquer officiellement quelques jours plus tard. On appendra donc qu'il a été demandé aux maires de "temporiser" l'attribution des PEC pour mieux lisser ce qu'il reste de contrats sur la fin de l'année…

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"Une erreur de communication", a estimé la ministre des Outre-mer en fin de semaine, elle qui aurait souhaité "éviter cette médiatisation". Pour sauver la mise, voilà donc qu'Annick Girardin, à peine descendue de l'avion, annonce ces 1000 PEC supplémentaires. La ministre s'était d'ailleurs auto-congratulée face caméra : "ça fait 12.000 PEC pour La Réunion, c'est quand même le chiffre le plus élevé de France !" Il était temps, ces promesses de PEC supplémentaires se faisaient attendre depuis leur première formulation, durant la crise des Gilets jaunes fin 2018.

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Des miettes en plus

Ces PEC répondaient tout simplement à une forte demande à La Réunion, qu'une ministre des Outre-mer n'aurait pas pu nier. Car d'un côté si la préfecture se félicite des "très bons chiffres du dispositif à La Réunion", ces injections supplémentaires de PEC ne font que cacher une triste réalité.

A peine les contrats mis sur la table, ils seront aussitôt grignotés comme l'ont été les 9.500 déjà attribués cette année. Ne nous voilons pas la face, les PEC sont aujourd'hui une nécessité à La Réunion. Cet arbre ne doit pas cacher la forêt : sans les contrats PEC, l'état de l'emploi sur l'île, déjà fragile, serait catastrophique.

Les mairies doivent tenir devant la forte demande. Prenons la ville de Saint-Denis qui a bénéficié de 500 PEC pour l'année en cours. En mai dernier, 122 contrats étaient signés pour divers métiers : aide-cantinier, chauffeur de bus, ASEM… On parlera alors de "mission" plutôt que "d'emploi", des missions qui durent en moyenne 9 mois… mais parfois 6 voire 2 mois seulement.

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Argument officiel : bénéficier d'un retour, même court à l'emploi pour être formé, alourdir son CV et être mieux armé par la suite. En soi, c'est vrai. Mais à la fin de ces PEC, que se passe-t-il ?

Il faudra un jour sortir de la précarité

Pour l'instant les Réunionnais ont cruellement besoin des contrats PEC. Mais force est de constater que ceux-ci baissent d'année en année. L'Etat ajoute 1000 contrats en plus et c'est une bonne nouvelle. Mais c'est le serpent qui se mord la queue, car à force de mettre des contrats de quelques mois seulement sur le marché, la précarité engendre la précarité.

Ce qu'il faut, ce sont bien des contrats solides, longs, des CDD d'un an au moins avec l'éventualité d'être titularisé assez rapidement… Le CDI devient graal, il est pourtant la seule garantie d'avoir un emploi stable.

Sur l'île, les Réunionnais ont besoin de ces PEC et c'est bien ça qui est dommage. Certains ont commencé à en prendre conscience. A Saint-André par exemple, on anticipe la suite depuis trois ans déjà, avec des recrutements CDD. La ville aujourd'hui "fonctionne quasiment sans PEC" nous avait expliqué la mairie.

Un jour ou l'autre il faudra de toute façon s'en passer pour retrouver le vrai chemin de l'emploi.

mm / www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

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1 Commentaires
Vrai
Vrai
4 ans

Je viens de terminer un contrat PEC de 6 mois. Apres des années dans le secteur privé j'ai perdu mon emploi il y a 3 ans. J'ai enchaîné les pti boulots et les formations. Puis j'ai obtenu un contrat PEC cette année::Aucune visibilité pour l'avenir, les employeurs ne respectent pas l'obligation de tutorat et de suivi de formation. Je peux en témoigner ce contrat m'a donné l'illusion de sortir de la spirale du chÃ'mage. En réalité il a contribué à ""donner de la main-d'Å"uvre corvéable à souhait"" à des associations bien souvent peu scrupuleuses qui se gavent le l'être humain en difficulté. Non seulement de ce contrat PEC on en ressort pas formée comme prévu initialement, mais moralement on se sent encore plus mal, en échec. Je me bat pour trouver un emploi, trouver une formation. Je n'y crois plus en ces ""contrat qui vont ameliorer notre vie professionnelle"". Retour case départ et ça fait mal.