[AUDIO] La police nationale s'inquiète du phénomène

20 policiers agressés en 2017 : pourquoi tant de haine

  • Publié le 26 juillet 2017 à 11:37

Les actes de délinquance envers les fonctionnaires de police se multiplient ces derniers mois. Les syndicats dénoncent une explosion et s'expriment sur les raisons de ce phénomène. Leurs représentants réclament des renforts humains et matériels. Quant à savoir pourquoi tant de haine, la hiérarchie de la police répond : "le policier n'a pas vocation à être aimé, il a vocation à servir avec les moyens adéquats" dans une "société qui évolue" (Photo d'archives)

 

Des véhicules de la compagnie départementale d’intervention caillassés au Chaudron le dimanche 23 juillet 2017. Le lendemain, les magistrats du tribunal correctionnel de Saint-Denis condamnaient un homme à neuf mois de prison ferme pour la tentative d’étranglement d’un policier, au Port, survenue quelques jours avant. Souvenez-vous des tirs essuyés par les hommes du Groupe d’intervention de la Police nationale (GIPN) à Saint-Benoît.

Le 27 avril, l’assaillant radicalisé, blessait légèrement deux policiers. Une multitude d’atteintes physiques envers les fonctionnaires de la Police nationale observées depuis le début de l’année. Les organisations syndicales réagissent à chacune d'elles. Une situation préoccupante d’après les chiffres détaillés par Jean-Pierre Lauret. Le secrétaire régional Unsa Police constate une "explosion" des faits constatés.

"On dénombre une vingtaine d’agressions depuis 2017. Notamment celle d’un collègue gravement blessé par un détenu au CHU. Il a eu 30 jours d’ITT, 84 points de sutures et des fractures multiples. Au Port, en un mois, on a dix fonctionnaires violentés", lance-t-il. Ce dernier avance une progression de 9 % de la délinquance dans l’île en 2016. Et une progression de près de 16 % dans la cité portoise. Pourquoi tant de désamour  ? C'est la question posée aux Réunionnais. 

 

 

- "Dans l'île, plus d'outrages qu'en métropole" -

On recensait également 19 policiers victimes de violences en 2014 contre 45 en 2016. Un phénomène lié, selon lui, à un probable mimétisme. Comme en témoignent les récents braquages du Macdonald’s à Sainte-Marie puis de la station service Total, sur la route des Tamarins.

"En septembre, nous aurons 56 arrivées de policiers et 34 départs. Les services de terrain, administratifs et judiciaires ont besoin de renforts. À l’Unsa, nous demandons un état des lieux précis pour chaque circonscription. Regardez Le Port, il est impossible d’augmenter les effectifs car il n’y a plus de place", complète le représentant de l’Unsa. Conscient du désamour envers sa profession, il reste  optimiste malgré les données chiffrées.

"Dans l'île, on constate un peu plus d’outrages, de menaces et de violences qu’en métropole. Les chiffres l’attestent. La population réunionnaise, dans son ensemble, soutient la police et nos missions de sécurité. Il faut être vigilant dans des zones sensibles où l’on sent monter le rejet." Son syndicat échangera sur ces sujets avec le nouveau préfet, la semaine prochaine.

- Difficultés de fonctionnement -

La réunion se tiendra le 1er août. Une entrevue convoquée par Amaury de Saint-Quentin. L’organisation Unité SGP Police Force ouvrière se rendra à la préfecture le 31 juillet. Son secrétaire national délégué, Gilles Clain, met en avant la question immobilière pour illustrer les difficultés de fonctionnement. Ses collègues restent en attente de la construction du futur commissariat de Saint-André. Ses travaux doivent démarrer au second semestre 2017.

Celui du Port demeure soumis à une programmation pour une réalisation dans les trois prochaines années selon lui. Il souligne "l’amputation" du budget du ministère de l’intérieur de près de 600 millions d’euros. "Pas une semaine sans agressions. C’est un fléau. La police, la justice et l'administration pénitentiaire sont les parents pauvres. On a le soutien plein et entier de la population qui nous aime. Le problème est la petite minorité de délinquants qu’il faut mettre hors d’état de nuire", explique-t-il.

Le syndicaliste souhaite un renfort des moyens des policiers nationaux pour se protéger eux-mêmes et assurer la sécurité des citoyens. "Quand vous devenez policier, c’est pour servir les gens. Vous ne le devenez pas pour être insultés ou pour les embêter. Et encore moins pour se faire agresser ou tuer. Nous faisons du mieux que nous pouvons malgré le manque de moyens, d’effectifs et parfois de considération de la hiérarchie", lâche-t-il.

- Réquisitions "insuffisantes" -

Gilles Clain prend un exemple récent pour justifier son propos. La tentative d’étranglement jugée ce lundi dont il juge d’ailleurs les réquisitions du parquet "insuffisantes". "On a l’impression que la hiérarchie est présente uniquement sur le plan administratif mais lorsqu’un collègue se fait agresser, attaquer ou insulter, elle est souvent absente. Au tribunal, la hiérarchie du Port était encore une fois absente. C’est un manque d’implication et de soutien moral."

Un constat balayé par Jean-François Lebon. Le directeur départemental de la sécurité publique (DDSP) affirme le contraire. Interrogé, le DDSP confirme que la hiérarchie assiste à tous les procès d'auteurs de faits d’agression. Un cadre de l’état major se trouvait bien à la juridiction de Saint-Denis ce lundi.

"Nous sommes en toutes circonstances aux côtés de nos collègues et de leurs familles. C’est toujours le cas et notamment quand un fonctionnaire a été agressé au CHU ou que nos collègues du GIPN se sont faits tirer dessus à Saint-Benoît", précise-t-il. Ce soutien se manifeste selon lui par un accompagnement et une écoute.

- "La Police demande à être respectée" -

"Le département est précurseur car c’est la première région où une cellule spécifique, composée de médecins, d’assistants sociaux et de psychologues, a été mise en place. Et ce à chaque fois que des faits de ce type se produisent", détaille-t-il. Lui aussi analyse le prétendu désamour de la population pour la police nationale.

Ce phénomène : "est sans doute le résultat d’une évolution de la société, pas propre à l’île, à laquelle se conjuguent le chômage, l’alcoolisme et l’éclatement de la cellule familiale. La Police ne demande pas à être aimée, elle demande à être respectée." Le secrétaire régional de l’Unsa, Jean-Pierre Lauret insiste, lui, sur le devoir d’exemplarité de la profession. Des sanctions administratives et judiciaires existent.

"Des conseils de discipline se sont tenus avec des mesures disciplinaires prises contre certains fonctionnaires. Il y en a eu un cette année même s’il très peu sont convoqués", glisse-t-il. Un cruel manque de moyens alors que dans le même temps les chiffres des atteintes physiques contre les forces de l’ordre grimpent. Une difficile équation à résoudre. Et que doivent tenter de solutionner les agents tout comme leurs supérieurs. Il commence à y avoir urgence.

ts/de/rb/www.ipreunion.com (mis en ligne mercredi 26 juillet 2017 à 3h - actualisé)

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2 Commentaires
jeff
jeff
6 ans

Oui la société a changer , il faut quand même rappeler que nous citoyens nous vivons dans cette violence nous aussi , et si aujourd’hui les policiers se rendent compte de cette violence ce n'est pas un fait nouveau pour nous citoyens qu'ils ont le devoir de défendre. Ca me choque un peu que ces mêmes gardien de la Paix se plaignent d'être agressés , ils ont reçus cette mission du ministre de l'intérieur de protéger les citoyens et d'établir la paix.
Oui la cause de cette violence est un fait de société , mais a mon avis les policiers devraient aussi se remettre en cause dans leur comportement , je prends pour exemple le non respect du code de la route de ces mêmes policiers qui ne sont pas en intervention , il y a qu'à les observer à leur prise de travail bruler les feux rouge à coté de Malartic, il ne devrait pas joué au Caïd comme les délinquants qu'ils sont sensés d’arrêter , se faire arrêter pour un feux orange et voir 5 policiers la main sur leur arme tourner autour de son véhicule n'est pas pour moi un comportement exemplaire.

j'encourage la hiérarchie de ces mêmes policiers d’être ferme dans leur mission et de rappeler leur rôle dans cette société malade.

KUNTA KINTé
KUNTA KINTé
6 ans

Que ces filics péi se comportent d'abord comme des êtres normaux , le salut républicain , la loi Fabius leur nom sur l'uniforme , ne jamais se mettre à 5 flics péi pour tabasser un sans défense !
Il faut appeler un chat un chat , le zamal est consommé dans les 2 sens , cessons l'hypocrisie des syndicats de flics péi
NuArTrouV