Sully Andoche sur les planches le 8 septembre

Nouvelle soirée (K)ozé ! au Bisik

  • Publié le 26 août 2017 à 17:00

Depuis sa création, le Bisik a toujours oeuvré pour défendre les oralités. (K)OZÉ, la scène ouverte du Bisik, revient donc le 8 septembre prochain à partir de 19h30 pour le lancement du second semestre du Café Culturel de Saint-Benoît. Une scène ouverte à toutes les oralités qui accueillera ce vendredi là, le conteur Sully Andoche. Retrouvez ci-dessous sa biographie.

L’occasion pour tous de s’essayer à la scène. Chanteurs, poètes, humoristes ou simples rêveurs peuvent ainsi tenter de séduire un public curieux. Seuls mots d'ordre : le partage et la rencontre. Vous avez quelque chose à dire, à déclamer, à crier ? avec votre seule voix ou avec une guitare ? Venez le faire devant le public curieux et bienveillant du Bisik vendredi 8 septembre à partir de 19h30. L'entrée est libre et les inscriptions se font sur pace. Infos et réservations au 0692 126 909.

Bio Express - Zistwar Sully Andoche : 

C’est dans le quartier de Saint Jacques à Saint Denis de la Réunion que Sully Andoche a koupé son zonbri et passera toute son enfance. Nous sommes dans les années soixante. La modernité est encore timide et la rue appartient aux enfants. Dans une ambiance bruyante, grouillante même, les cris, les jeux, les disputes sur fond de moukataz, font partie du quotidien.

Le soir venu, sous le lampadaire de la rue Sainte Marie, on se raconte des histoires. Celles qui font peur sont les préférées. Afin de convaincre son auditoire d’un soir, on rajoute un détail fantastique à l’histoire de la veille qui avait connu un succès pour le moins mitigé. Raconter devient un défi, improviser en racontant, une nécessité quasi vitale si le rakontèr ne veut pas mourir aux yeux des autres.

Il n’a pas connu de conteurs patentés, plutôt présents dans les veillées mortuaires (interdites aux faibles tempéraments d’enfants). Juste le souvenir d’un Grandyab la fès an or raconté en boucle par Pépé Apollon son grand père.

Mais  Sully a surtout dévoré des oreilles et des yeux les zistwar fé pèr de cimetières et d’invisibles. De dévinèr aussi; ceux qui transforment à l’envi les feuilles d’arbre (celui du jacquier donne les meilleurs résultats) en billets craquants de 1000 francs CFA. Je le jure devant la lumière qui m’éclaire et que Dieu m’écrase en poussière si ma langue ramasse des mensonges et comment peux-tu contester une parole de granmoun?
Toute histoire est parole et toute parole est vraie puisque c’est la bouche que Dieu a donnée qui l’a prononcée. Vraie comme l’histoire de cette nuit-là où mémé Frédéa a vu son voisin, (homme de loi s’il vous plait !) se transformer en chat pour s’introduire dans la maison de l’autre voisin pour faire des choses que diable seul sait. Comment est-il entré ? Mais par la serrure voyons !

Dans les années 80 Sully donne de la voix avec ses dalon du groupe Ziskakan pour que la culture et la langue créoles soient reconnues. Les coupures de courant sont nombreuses et le matériel usagé n’en est pas vraiment la cause. Les censeurs du pas culturellement correct débranchent tout ce qui dépasse. Dans la pénombre, on envoie Sully au-devant de la scène pour faire patienter. Tant qu’à faire, il raconte. Plus tard il contera, même quand le courant politique aura changé. Il contera dans les écoles, les kermesses, les kabar…partout où la parole aura une oreille pour miroir.

Urgence de dire, urgence de rapporter, urgence de transmettre. Le conte, au même titre que le maloya il y a quelques années, mérite qu’on lui restitue la place qui est la sienne dans la culture réunionnaise. En passionné qu’il est, Sully, comme d’autres conteurs, s’y emploie tout modestement.

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