Mortalité des abeilles

Trois millions d'euros pour les apiculteurs.... sauf à La Réunion

  • Publié le 6 août 2018 à 02:59
  • Actualisé le 6 août 2018 à 06:07

Les abeilles font l'objet de toutes les attentions ces derniers jours. D'une part, cinq néonicotinoïdes, des composés chimiques tueurs d'abeilles, ont été interdits. D'autre part, Stéphane Travert, ministre de l'agriculture a fait l'annonce d'une enveloppe de trois millions d'euros pour aider les apiculteurs à racheter des essaims. Mais les abeilles réunionnaises et les apiculteurs réunionnais, eux, ont été oubliés.

A La Réunion, la toxicité de ces produits contenant des néonicotinoïdes ne pose pas vraiment de problème car ce sont des produits utilisés dans des cultures très étendues.

- Les abeilles meurent à cause du varroa -

Les colonies d’abeilles sont décimées de deux façons : "soit par les intoxications comme avec les néonicotinoïdes,  soit par un parasite : le varroa" explique Paul Vauldin, président de l'association pour le développement de l'apiculture à La Réunion (Adar). À La Réunion, les essaims d’abeilles ne sont pas concernés pas les intoxications notamment par les produits contenant des néonicotinoïdes, des neurotoxiques d’abeilles.

Chez nous, les apiculteurs sont confrontés au varroa destructor. Un acarien qui parasite les abeilles et décime les colonies. "Le varroa a commencé à ravager les colonies d’abeilles depuis le 4 mai 2017 " affirme le président de l'Adar. Il ajoute, que  les apiculteurs réunionnais touchés constatent en moyenne une perte équivalente à un tiers de leur cheptel. L’apiculteur explique que depuis six mois, "les pertes touchent toutes les ruches ". Une aide du gouvernement pour renouveler les cheptels serait bienvenue, sauf que…

- Une demande d’enquête qui ne les concerne pas... –

Début juillet, les apiculteurs ont reçu un document du ministère de l’agriculture leur demandant de remplir une enquête sur la perte de leur cheptel. "On a reçu des documents pour faire un point sur la mortalité des abeilles en remplissant une enquête sur internet, mais sans nous expliquer pourquoi ni dans quel but " évoque le président de l’Adar.

D’autant plus que cette enquête ne faisait référence qu’aux pertes hivernales. Une incohérence relevée par le président de l’Adar qui, selon lui, a découragé les apiculteurs "ce document parlait de pertes hivernales mais on n’est pas concerné par les pertes hivernales". "Afin de répondre au besoin de trésorerie des apiculteurs touchés, une avance sera versée rapidement dès la demande effectuée. Les apiculteurs auront ensuite jusqu'à la fin du printemps 2019 pour réaliser les achats d'essaims et transmettre les factures" peut on lire sur le site internet du ministère de l'agriculture.

Le site précise encore "en complément de l’enquête qualitative, une enquête nationale quantitative est en cours auprès de plus de 50 000 apiculteurs, enquête réalisée par la plateforme nationale d'épidémio-surveillance en santé animale. L’objectif est de recueillir les informations des apiculteurs quant au niveau des mortalités durant l'hiver 2017/2018 et leurs causes possibles. L'enquête en ligne reste ouverte jusqu’au mercredi 15 août inclus".

Avant de demander aux apiculteurs réunionnais de remplir une enquête sur le mortalité des abeilles en hiver, "il aurait fallu mener une étude  à La Réunion pour voir qu’est-ce qui décime les abeilles" fustige le président de l’Adar. Les apiculteurs ne pouvaient donc pas effectuer cette déclaration car la mort des abeilles à La Réunion n’est pas du à l’hiver mais au varroa.

- …Pour une aide à laquelle ils ne sont pas éligibles  -

Cette enquête du ministère de l’agriculture sur les pertes hivernales d’abeilles avait pour objectif d’estimer l’étendue des pertes de cheptel dans l’apiculture française. Le ministre de l’agriculture l’a annoncé le lundi 30 juillet 2018, une enveloppe de 3 millions d’euros sera destinée à aider les apiculteurs français…. ayant subi des pertes hivernales.

Lire les déclarations du ministère de l’agriculture sur cette aide de 3 millions d’euros

Les apiculteurs réunionnais sinistrés par le varroa n’ont donc pas droit à cette aide. Cette annonce de Stéphane Travert aurait pu passer inaperçue. D’ailleurs, interrogées par Imaz Press, ni la chambre d’agriculture, ni l’adar, ni la Fdesa n’étaient au courant de l’annonce de cette aide aux apiculteurs par le ministre de l’agriculture.

Pourquoi avoir demandé aux apiculteurs de La Réunion de répondre à une enquête qui ne les concerne pas pour des aides auxquelles ils n'ont pas droit ? "Encore une fois, c’est l’exemple même de la méconnaissance de spécificités locales au niveau national " a déclaré le président de la chambre d’agriculture Jean-Bernard Gonthier.

Une fois de plus l’agriculture réunionnaise est oubliée.

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sjb/www.ipreunion.com

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