Tribune libre de Marc Lewitt

Didier Robert, président de Région ou " apparatchik " européen ?

  • Publié le 18 septembre 2018 à 13:41

Dans une tribune libre, Marc Lewitt partage son analyse sur le positionnement de la Région Réunion et de son président vis à vis de l'Europe, alors qu'une délégation de députés européens est actuellement en mission à La Réunion.

Selon notre cacique régional Didier Robert, " la Réunion sans l'Europe n'aurait pas d'avenir ". En dehors de l'ineptie d'une telle affirmation, le lecteur pourra noter de la confiance limitée que le cacique régional réunionnais place dans la souveraineté et les capacités de la France à pouvoir gérer son territoire.

Dans le cadre des négociations budgétaires (2021-2027) menées par L'Union européenne avec les 27 pays membres, Didier Robert reçoit la visite d'une délégation d'une douzaine de parlementaires européens et tente de se donner une dimension européenne, si ce n'est internationale.

Parmi la délégation, calendrier électoral oblige, on notera la présence épistolaire de " Younous Omarjee ", le député réunionnais.

Incapable d'exister au niveau national, l'élu de la " Pyramide inversée " tente par l'intermédiaire des " Régions Ultra-Périphérique " (RUP), de valoriser et renforcer sa position sur l'échiquier politique, en tant  que " président de Région ". Il en oublierait presque volontairement, que l'interlocuteur unique de l'Union européenne reste pour l'heure l'Etat français et non la Région Réunion.

On ne peut pas décemment, d'un côté renier aux Réunionnais le droit d'être au plus près de leurs affaires (Art.73 et 74 de Constitution), en évoquant seulement et depuis peu, une vague notion " d'émancipation " et de l'autre leur faire croire qu'ils peuvent traiter presque d'égal à égal avec les instances européennes. Il y a là une malhonnêteté intellectuelle évidente. Soit on " gouverne " et on assume, soit on n'assume rien et l'on rejette toujours les fautes sur l'Etat décisionnaire. Et ici, à la Réunion, les élus sont des spécialistes, pour ne vouloir prendre aucune responsabilités. Ce qui n'est pas la cas d'autres RUP, aux responsables politiques plus courageux.

 Ne tarissant pas d'éloges sur " Juncker ", le président de la Commission, l'édile régional déclare ne pas se faire de souci concernant la reconduction et la stabilisation des recettes des Régions Ultra-Périphériques (RUP). Quid cependant de la ventilation ? Les RUP sont une chose, la ventilation et la Réunion en sont d'autres. Il prendrait bonne note aussi, des impératifs financiers du " Brexit ", de la crise migratoire (qui coûte des milliards à l'Europe), de la lutte contre le terrorisme et de la sécurité aux frontières notamment. Il risque d'avoir quelques surprises et ses éternels effets d'annonces, nous indiquerons alors à quels niveaux orienter nos prochaines investigations.

Ce " besoin d'exister " pousse Didier Robert à ne parler que des " grands chantiers " (Route du Littoral, Cambaie, Saint Pierre avec son aéroport, environnement et transports, etc..), sans ne jamais prendre en compte l'état actuel de l'économie locale et notamment ses problèmes de chômage structurel et conjoncturel, qui pèsent énormément sur la vie économique et sociale dans l'île.

 La " vision économique " du président de la Région Réunion, se projette exclusivement pour les 30 ou 50 années à venir. Mais que fait-on aujourd'hui ? Que fait-on quand le solde des entreprises qui naissent est inférieur à celui des entreprises qui ferment ? Quand on a un taux de chômage chez les jeunes de moins de 26 ans de plus de 60% ? Quand le chômage global augmente sur la dernière année de 3,5  % ? Quand plus de la moitié des entreprises ne sont pas à jour de leur cotisations sociales, n'ont plus de trésorerie et que la Région Réunion octroie elle-même des aides à certaines de ses institutions, pour justement pouvoir payer lesdites charges sociales. Que faire quand, subitement, l'on supprime les bourses aux étudiants qui doivent partir à l'étranger se former ? Quand plus de 1500 jeunes régulièrement, doivent quitter l'île pour se former ? Que faire quand  par le simple fait du prince, la Région octroie, de concert avec les institutions bancaires européennes, un prêt de 25 millions d'euros, à une seule société, appartenant à des millionnaires bien connus, alors qu'au même moment des centaines d'autres sociétés " TPME-TPMI " réunionnaises mettent la clé sous la porte alors qu'elles auraient pu êtres sauvées, continuer leur activité et embaucher des centaines, voire des milliers de  jeunes réunionnais au chômage et ce,  dans tous les secteurs d'activités ? A quoi servent les fonds de cette Europe, s'ils ne consolident pas l'économie d'aujourd'hui, pour apporter un peu de " bonheur social " aux Réunionnais et préparer aussi l'avenir ? Le présent est indissociable du futur de l'île. Un " avenir " que la Région nous vend comme de la poudre de " perlinpinpin ".

Didier Robert ne fonctionne que sur des promesses de " lendemains qui chanteraient ", pour remettre toujours à plus tard ses résultats. Un peu comme ce gouvernement qui nous rappelle sans cesse qu'il faut faire des efforts. A chaque génération l'on demande de faire des efforts, pour des résultats que l'on ne voit jamais.

Le point commun de tous ces élus, mettons le pied dans le plat, c'est justement d'avoir peur de devoir rendre des comptes et permettre aux citoyens locaux de pouvoir constater de leurs résultats. Et de cela, ils ne veulent surtout pas. Pourquoi croyez-vous que nos édiles réunionnais (excepté le " PCR " de Paul Vergès, qui force est de le constater, fut visionnaire en ce domaine) n'ont jamais voulu accepter les libertés constitutionnelles que leur octroyait l'Etat français? Quel était la raison d'être selon vous, d'un " amendement Virapoullé ", si ce n'est de décréter l'élu réunionnais " irresponsable " de ses actes car incompétent ?

Et le même Didier Robert de vendre comme un vulgaire commercial l'Europe telle qu'on veut l'imposer aux citoyens. Une " Europe technocratique " et " financière ", qui malmène la démocratie et les droits sociaux des Français dans leur ensemble. Notre édile ne parle même plus de la Réunion et encore moins de ses problèmes économiques. Il devient, se fait l'avocat d'une institution financière, alliée à un capitalisme oligarchique, qui ne correspond en rien aux vœux des peuples européens.

 Et bien évidemment, en tant qu'élu cumulard (Région et Sénat), financièrement, il n'a pas à s'en faire. Les choses deviennent plus comiques, lorsqu'il nous parle d'idéal démocratique et d'une institution européenne  qu'il estime injustement " mal-aimée ". On frise la culpabilité, l'injustice envers l'institution. Le peuple est donc coupable !

 Mais le pire est à  venir avec l'argumentation véritablement " macroniste " qui vise à dissocier des " forces du bien " et des " forces du mal ". Je ne vous fais pas de dessin sur " les forces du mal " que l'édile décrit et que vous aurez vous-mêmes sans doute identifiées.

Bien entendu et élections européennes obligent, le Président de Région est lui, dans la bonne équipe. Celle de la " démocratie " et des " valeurs européennes ", du " respect de l'Etat de droit ". Celle de la " solidarité " aussi, dont la Réunion aurait selon lui, beaucoup profité depuis une trentaine d'années. Rien que cela !... Quant on voit le retard de l'île sur la métropole en termes socio-économiques, on peut légitimement se poser quelques questions sur les politiques menées depuis.

C'est ainsi que les " révoltes " légitimes qui voient actuellement le jour dans plusieurs pays de l'Union, ne sont pour Didier Robert, que le fruit d'un " populisme " et d'un " extrémisme " dangereux, qui renieraient les valeurs morales universelles de l'Union européenne. Quelle étrange conception de la démocratie ! Sans même chercher à comprendre un peu mieux, Didier Robert a parlé et se range du côté des technocrates bruxellois et des " " Kommissaires ". Être contre leur " Europe ", c'est se ranger aux côtés de la xénophobie, des racistes, des fascistes. C'est être indignes !

 Encore une fois, c'est par la peur, la menace que l'on essaie d'imposer, aux forceps, aux Réunionnais, une vision unilatérale de l'Europe. Celle d'une Europe indispensable aux RUP et à la Réunion notamment. On pourrait presque dire que la Réunion d'avant 30 ans n'existait pas et que c'est uniquement grâce  à cette " Union européenne " dogmatique, mercantile et financière, irrespectueuse des souverainetés et choix démocratiques, que l'île de la Réunion s'est développée. Curieusement la France n'apparaît plus.

 

                                                                                                                                  Marc LEWITT

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1 Commentaires
gg
gg
5 ans

ET LES REUNNIONAIS ET LES EMPLOIES AIDES ILS SONT OU LA DEDANS FAUDRAS ARRETER DE FAIRE CROIRE QU ONT PEU TOUT AVOIR AVEC L EUROPE ET QUI REMBOURSERA CETTE DETTE NOS ENFANTS ET ARRIERE PETIT ENFANT ON N Y CROIS PLUS