La décision définitive sera prise lundi

Saint Denis : le Salon du Fait main à la NordEv maintenu en principe

  • Publié le 24 novembre 2018 à 02:59
  • Actualisé le 24 novembre 2018 à 08:14

Le Salon du Fait main, organisé par Art et Tradition, sera-t-il reporté ? Ce vendredi 24 novembre en soirée l'association a tenu un conseil d'administration extraordinaire pour décider d'un éventuel report de la manifestation prévue du 30 novembre au 2 décembre et qui est déjà financée à 80%. Finalement, les représentants de l'association ont opté pour un maintien, en se réservant la possibilité de changer d'avis en début de semaine. Charles Nagou, son président, se dit très préoccupé par la situation dans laquelle se trouvent la plupart de ses adhérents. A la Chambre des métiers et de l'artisanat, Bernard Picardo, son président, ne cache pas non plus son inquiétude devant les difficultés des entreprises artisanales, "prises en otage", et craint des débordements d'artisans excédés. Le président Picardo a écrit ce vendredi matin à Emmanuel Macron pour demander un Fond exceptionnel de secours pour les entreprises ayant perdu du chiffre d'affaires ou/et ayant été vandalisées lors des évènements en marge de la manifestation pacifique des Gilets Jaunes.

Le Salon du Fait Main, qui doit réunir 156 exposants, c'est une date-clé dans le budget des petites entreprises artisanales. "On fait en moyenne 400 000 euros de chiffre d'affaires, cela représente 2500 euros de bénéfices par entreprise. Ce n'est pas rien", souligne Charles Nagou. Qui insiste : "Novembre, décembre et janvier, ce sont trois gros mois pour nos adhérents et là, on a pris beaucoup de retard dans le travail et cela va avoir des conséquences lourdes pour notre trésorerie".

Le président de l'association Art et Tradition rappelle que, depuis lundi 19 novembre, la plupart des envois aux clients ne sont pas livrés. "On ne sait pas où on va, soupire le président. L'association a engagé des frais de communication autour du Salon du Fait Main, a déjà réglé à la NordEv 80% de la facture, les artisans ont déjà payé leurs emplacements...". La solution est-elle de repousser le salon de quelques semaines ? De maintenir ? Le CA s'est prononcé vendredi soir pour un maintien, mais cette décision sera ré-évaluer lundi en début de matinée.

Sur le terrain, les ventes sont en recul. "Les boutiques de l'aéroport, cette semaine, ne nous ont pas demandé de réassort", précise Charles Nagou. Qui évoque aussi un salon à venir, en métropole : "Le Salon de l'Agriculture, ça peut paraitre loin parce que c'est en février, mais pour nous, artisans, c'est en ce moment que l'on prépare le stock. Si les blocages continuent encore une semaine, ça va devenir très compliqué." Et le président l'assure, dans ce cas, on le trouvera dans le jardin de la Préfecture pour l'entendre dire ce qu'il pense de cette situation.

C'est d'ailleurs en raison de cette colère qui monte qu'Art et Tradition a décidé de se doter d'un sticker "Entreprise en crise", que chaque adhérent de l'association pourra mettre sur son profil Facebook dès ce samedi 24 novembre (photo).

Un risque de dérapage

A la Chambre des métiers et de l'artisanat, le président Bernard Picardo s'avoue inquiet : "Nos adhérents sont désespérés pour beaucoup, certains vont finir par s'énerver contre les "Gilets jaunes" alors qu'au départ, c'est un mouvement que tout le monde comprend et soutient".

Bernard Picardo évoque les professionnels de l'agro-alimentaire qui ne peuvent plus s'approvisionner et vont donc être obligés de baisser le rideau. "Le boulanger qui ne vend plus de pain, le pizzaïolo qui ne peut plus confectionner des pizzas, le restaurateur qui ne peut plus restaurer ses clients, tout le monde est touché et la population aussi qui ne trouvera plus les produits dont elle a besoin". Sans oublier les artisans du bâtiment qui ne peuvent plus assurer les chantiers...

La demande d'un Fond de secours

Le président de la Chambre des métiers et de l'artisanat pointe le doigt vers ce que redoutent tous les artisans : les charges, les salaires, la TVA. "Comment pourront-ils les payer alors qu'ils sont en chômage technique ?"

Certes, sur les charges et la TVA, un décalage de paiement est sans doute possible. "Mais ça ne règle pas le problème des salaires, des factures qui, non réglées, créent des soucis à d'autres entreprises, un cercle vicieux...".

Le président Picardo a donc pris sa plus belle plume pour demander au président Macron la mise en place d'un fond exceptionnel de secours pour les entreprises sinistrées et/ou vandalisées. Mais craint des affrontements entre des artisans désespérés et excédés et les "Gilets jaunes".

"La situation est grave, il faut que la Ministre de l'Outremer vienne avec des propositions concrètes, parce qu'on a passé le stade de la pédagogie, il faut des solutions concrètes et rapides ", conclut le président Picardo.

ml/www.ipreunion.com

 

guest
0 Commentaires