
Le Rectorat ambitionne-t-il de déménager à Champ Fleuri ? Le document envoyé aux enseignants, après avoir listé une liste d'attitudes qui tombent sous le sens, genre "ne pas s'engager dans un dialogue improductif", prend un tournant clairement redresseur de torts. C'est un rappel à la Règle et à la Loi.
Ainsi les enseignants sont-ils encouragés à "prendre appui" sur la nécessaire "réparation envers celui ou ceux qui ont été́ victimes de la transgression", sur l'indispensable "ré-instauration de la loi". Mais, pire encore, l'académie demande aux enfants de devenir juges : "envisager avec les élèves des sanctions possibles". Ca ne dérape pas un peu, là ?
Un interrogatoire un peu manipulateur
Une fois ces "points d'appui" posés, l'inspection académique brieffe ses enseignants sur le déroulé pédagogique. Pour un peu, on éditerait un avenant au BO (ndlr, bulletin officiel), comme on dit dans la profession. Il est donc conseillé aux enseignants de faire un petit cours "connaissance de l'actualité" autour de questions dignes de la série des Incollables.
- Qui sont les Gilets jaunes ? Que font-ils ? Mais là, l'inspection académique sort son stylo rouge : "Surtout ne pas aborder les motifs de ce mouvement pour ne pas glisser vers les opinions non " argumentables " et risquer le dérapage du débat. Sauf qu'il n'y a rien de non-argumentable à dire que les Gilets jaunes trouvent que tout coûte trop cher à La Réunion, non ?
Ensuite l'Académie ouvre le chapitre des violences urbaines : est-ce que ce sont les mêmes personnes qui incendient et rackettent ? ; pourquoi les exactions commises pendant ces manifestations (citées dans le débat – voir article de presse) sont-elles répréhensibles ? ; alors, pour le coup, les réponses risquent bien de faire appel à la théorie de la relativité et apparemment l'Inspection Académique n'y a pas pensé. Au mieux,les élèves pourront toujours réaliser un arbre de probabilités.
S'en suit une autre question piège : quels problèmes pose la présence de mineurs sur les lieux de manifestation ? Et là, on est un peu hors sujet (HS) sur les violences urbaines. Pour la bonne chronologie de la narration, nous, on aurait remonté cette question plus haut, au niveau des Gilets Jaunes, mais passons, on enlève juste deux points à l'Inspection académique alors qu'un HS vaut zéro habituellement.
Grille d'évaluation orientée
Ensuite, l'Académie sort la grille d'évaluation, les Valeurs de la République, avec de nouvelles questions : quels principes fondamentaux ces actions outrepassent-elles ? ; cela porte-t-il atteinte aux valeurs de la République ?, a-t-on le droit de ne pas respecter les Valeurs de la République ?, quelles limites faut-il placer entre les libertés de chacun ?
Occasion de demander aux enseignants de vérifier auprès des enfants les lacunes en matière de règle et de loi : - quelles conséquences entrainent les incendies, le racket de véhicules, les affrontements violents de tout ordre, la mise à sac de commerces et services "publiques" (avec faute d'orthographe, c'est services publics et non pas publiques, deux points de moins de nouveau pour l'Inspection académique), les exactions doivent-elles être sanctionnées ? ; quel rapport avec la notion de règlement ? pourquoi y a-t-il un règlement de la classe, de l’école ? les sanctions qui sont appliquées en cas d’infractions à ces règlements sont-elles justes ? ; à quelles conditions peut-on dire qu’elles sont justes ?
Et de suggérer la réponse, des fois que l'enseignant aurait des trous de mémoire : "si elles sont respectueuses des droits de la personne, adaptées à la gravité de la faute commise, identiques pour tous face au même délit, qu’elles soient approuvées dès le départ par toute la communauté"...
Bourrage de crâne et propagande
En clair, le Rectorat encadre le débat, ce qui est une manière de faire taire les débats. Le Rectorat limite le questionnement aux évènements violents, ce qui permet le rappel à la Loi. Et tant qu'à faire, on encourage les élèves à devenir censeurs, à être juge de ce qui s'est passé et à sanctionner.
Ne serait-on pas plus près de la pédagogie de la manipulation et du bourrage de crâne que de l'instruction bienveillante qui vise à aider des élèves à devenir des citoyens éclairés par leur propre capacité à réfléchir ?
L'Inspection académique, qui demande d'éviter les débats improductifs; vient d'en faire la démonstration : en suivant son vademecum, l'école se limite à la condamnation des faits plutôt qu'à l'accompagnement de la pensée civique en construction des élèves. Qu'en pensent les enseignants ?
ml/www.ipreunion.com
9 Commentaire(s)
"je ne peut plus "
"je leur dit"
"des fonctionnaires qui fonctionne "
Grammaire CE2 à revoir.
( faut faire attention quand on commente une déclaration du recteur d'académie. Si on est enseignante!)
Comment peut-on se dire enseignante avec autant de fautes d'orthographe ? Je comprends pourquoi nos enfants sont en échec scolaire, lorsque celles et ceux qui sont sensés leur transmettre le savoir en sont parfois dénués. Mes parents qui n'avaient que le certificat d'études savaient écrire sans fautes!
En réalité, les enseignants ont juste été destinataires d’un vadémécum sur la laïcité comme ressources pédagogiques potentielles pour structurer les débats de la reprise autour des valeurs que nous partageons tous. Rien à voir avec vos délires
Voici des méthodes académiques qui rappelle une certaine école française qui se pliait volontiers aux exigences de l'Etat Français ... fut un temps.