Un préavis de grève a été déposé nationalement par les syndicats enseignants pour ce jeudi 3 octobre 2019. Le mouvement est suivi à La Réunion, où les syndicats se sont donnés rendez-vous devant le rectorat à 14 heures pour manifester. Sur place, le recteur refuserait actuellement de rencontrer une représentante syndicale, qui souhaite déposer une gerbe en l'honneur de Christine Renon, qui s'est suicidée le week-end du 21-22 septembre et a motivé ce mouvement de grève. Cette directrice d'une école élémentaire de Pantin (Seine-Saint-Denis) a mis fin à ses jours en laissant derrière elle une lettre où elle dénonce les conditions de travail des personnels d'établissements scolaires. Dans l'île, comme sur le reste du territoire national, les enseignants se mobilisent pour "rendre à Chistine Renon l'hommage qu'elle mérite."
Ce courrier envoyé à plusieurs instances de l’Éducation nationale montre la détresse de cette directrice d’école : "aujourd’hui, samedi, je me suis réveillée épouvantablement fatiguée, épuisée", c’est ainsi que commence la lettre de Christine Renon. Dans cette longue missive, la femme de 58 ans raconte l’épuisement, la solitude face aux parents d’élèves, une hiérarchie sourde aux appels à l’aide des personnels de l’Éducation nationale. Une administration qui charge encore et encore les personnels tout en réduisant les effectifs.
La lettre de Christine Renon à retrouver dans son intégralité ici, regardez :
Avec l'accord de sa famille, vous êtes invités à prendre connaissance de la lettre https://t.co/KK6qH8GL8D envoyée par Christine RENON le samedi 21/09, juste avant de se donner la mort sur son lieu de travail.
— SNALC Créteil (@SNALC_CRETEIL) September 25, 2019
Hommage ce jeudi 26/09/2019 à 18h devant l'école Méhul de Pantin.
"Perte de sens"
Dans cette lettre, Christine Renon raconte ce système qui n’a plus rien d’humain et la "perte de sens" de son métier : "le travail des directeurs est épuisant, car il y a toujours des petits soucis à régler, ce qui occupe tout notre temps de travail et bien au-delà du temps rémunéré, et à la fin de la journée, on ne sait plus trop ce que l’on a fait."
La directrice d’école décrit toutes ces "perspectives", ces missions qui lui incombent, s’accumulent et finissent par lui prendre tout son temps et son énergie. Ces obligations qui lui font perdre de vue sa mission première : ses élèves.
Pour que ça s'arrête...
Un suicide au travail. Pas le premier et sans doute pas le dernier. Mais les organisations syndicales ne veulent pas que la mort de Christine Renon et son message restent sans suite. Que la vie reprenne son cours et que la tristesse, l’indignation et la colère finissent par passer. Que le suicide de Christine Renon ne soit qu’une mort tragique de plus. Aujourd’hui, ces syndicats dénoncent le "silence assourdissant" de l’Éducation nationale. Le manque d’actions fortes et concrètes de la part de l’administration, qui, selon eux, ne fait pas face à ses responsabilités.
Dans cet ultime geste, Christine Renon aura voulu dénoncer les carences d’un système. Conditions de travail épuisantes, souffrance des personnels, perte de sens du métier, risques psychosociaux exacerbés, surcharge de travail, pression… Les syndicats en veulent à l’Éducation nationale qui "ne semble pas prendre en compte l'ampleur du problème."
Hommage et lutte contre la souffrance au travail
Selon les syndicats, La Réunion n'échapperait pas à ces problématiques. Les failles et difficultés dénoncées par la directrice d'école de Seine-Saint-Denis seraient similaires.
Pour dénoncer cela et demander à l'administration de prendre le problème à bras le corps, plusieurs actions sont organisées. Ce mercredi 2 octobre, un rassemblement a eu lieu devant le rectorat à 14h, des dizaines d’enseignants se sont retrouvés pour rendre hommage à la directrice d’école et demander une audience avec le recteur.
Ce jeudi 3 octobre, l’intersyndicale suivra le mouvement de grève nationale. Cette date correspond à la tenue du Conseil de l’Education nationale au rectorat, les organisations syndicales espèrent que ce drame, tragique reflet de l'état des écoles, sera suivi d'actions fortes et concrètes.
fh / www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com
Pensée pour les enseignants, qu'ils aient le courage de faire leur métier et que le système scolaire soit grandement amélioré dans l'intérêt de tous.
Drame humain...victime de ce vice qu'est..... l'ingratitude ?