Coronavirus

Les anesthésiques vétérinaires autorisés pour les humains en réanimation

  • Publié le 18 avril 2020 à 02:57
  • Actualisé le 18 avril 2020 à 11:06

La surconsommation en produits anesthésiants induite par le nombre extraordinaire de patients COVID-19 placés en réanimation épuise les stocks nécessaires à la survie des malades, en France et en Europe. Pour éviter la pénurie, l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a autorisé "deux médicaments à usage vétérinaire" à base de propofol et d'ordinaire prescrits sous la forme d'"émulsion injectable pour chiens et chats..."

D’une carence à l’autre, la " stratégie " de gestion de la crise sanitaire peine à s’adapter aux nécessités qu’impose la pandémie. Et plus de 80 jours après l’irruption du virus dans notre quotidien, avec plus de 18 000 morts au compteur, les autorités politico-sanitaires en sont toujours à philosopher sur les conséquences du " déconfinement ", la nécessité, ou pas, d’imposer le port du masque, l’opportunité de sonder à outrance les sinus de nos concitoyens…

Au lendemain du 1er avril, "dans le cadre de fortes tensions d'approvisionnement de médicaments indispensables, notamment liées à l’augmentation des hospitalisations dans les services de réanimation ", le Pr. Jérôme Salomon, directeur général de la Santé, a fulminé un décret portant sur " les différentes pistes envisageables en cas d’indisponibilité de médicaments à usage humain…"

Ce décret prévoit "l’autorisation de l’utilisation de certains médicaments à usage vétérinaire, comparables à ceux utilisés chez l’homme, qui pourront être utilisés de façon exceptionnelle pour répondre à ces besoins…".

Ainsi, après le manque de gel hydroalcoolique, de masques et de réactifs pour les tests, la carence en appareils respiratoires et lits de réanimation… les produits d’anesthésie viennent à manquer.

Moyennant quoi, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), a identifié "deux médicaments à usage vétérinaire concernant la même substance active (propofol) utilisé chez l’homme (…) le Propovet® multidose 10 MG/ML émulsion injectable pour chiens et chats  (…) et le Proposure® 10 MG/ML émulsion injectable pour chiens et chats…"

Il est précisé que "les établissements de santé qui identifieraient un potentiel de commande auprès d’un laboratoire référent sur leur territoire sont invités ", par souci " de traçabilité de l’utilisation de ces produits", à s’adresser à l’ANSM. En Belgique on a déjà sauté le pas,  employé  épidémie oblige, de tels produits à usage vétérinaire, mettant fin à un tabou vieux d’un demi-siècle.

- Début avril, les stocks de produits anesthésiants français ne permettaient pas de tenir plus de deux semaines -


Coup de chance, il n’est pas question de réquisition par les établissements de Santé ou l’ARS, des stocks de propofol présents dans les cabinets vétérinaires. Nos amies les bêtes s’en sortent bien, surtout les chiens et les chats. 

Début avril, les stocks de produits anesthésiants français ne permettaient pas de tenir plus de deux semaines, une perspective dramatique pour la litanie de patients dits COVID+ placés en réanimation et maintenus en coma artificiel, car il survient tous les jours, selon la Direction générale de la santé (DGS), plus de 500 cas graves relevant de la même prise en charge lourde.  Aujourd’hui le stock se compte non plus en semaines mais en jours…

Aux dernières nouvelles, selon le point presse quotidien du directeur général de la Santé, 31 305 hospitalisations sont en cours, et 6 248 personnes en réanimation ; une donnée à mettre en relation avec les 8000 lits de réanimation mis en œuvre au plan national, 3000 de plus qu’au début de l’épidémie grâce à l’apport de matériels de réanimation opératoires entre autres… Cette capacité devrait être portée à 10 000 lits à court terme.

Il faut néanmoins considérer le fait que dès avant l’actuelle crise sanitaire, la capacité en réanimation de notre système de Santé était déjà fortement sous-tension du fait des politiques de restriction engagées par les derniers gouvernements tant en moyens qu’en personnels. Et comme la surconsommation de produits anesthésiants ne concerne pas seulement la France ou l’Europe, le spectre de la pénurie ne se limite pas à la formulation d’une hypothèse tragique. La pénurie est synonyme de carence en lits de réanimation et en nombre de place pour maintenir en vie des patients en état de détresse respiratoire aiguë. Se poserait en conséquence de nouveau la problématique des choix… à savoir qui va-t-on admettre en réanimation et sur quelles bases, en prenant en compte non point le seul objectif de sauver des vies, mais le nombre de cas autorisé par la disponibilité en produits anesthésiants.

A La Réunion où l’on ne compte aujourd’hui que trois patients en réanimation pour une capacité évaluée par l’ARS à 111 lits de " réa ", avec pour objectif d’atteindre 230 lits notamment par l’apport des établissements privés, le Coronavirus n’affole pas trop les compteurs, mais il ne faut pas oublier que la dengue, devenue endémique ces trois dernières années, avec la circulation de plusieurs sérotypes, peut aussi se manifester sous la forme de cas graves nécessitant un séjour en réanimation.

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2 Commentaires
docteur bob
docteur bob
3 ans

si on n'a plus de ces médicaments comment va t on continuer à opérer ? A faire des accouchements dans des conditions normales avec la sécurité de 2020 et pas de 1970 ? il n'y en a pas que pour les covid, il y a tous les autres qui devraient aussi être soignés ! Ce sont les drogues normales utilisées tous les jours dans tous les blocs opératoires et d'accouchement de France et de Navarre.

gueénec
gueénec
3 ans

Pauvre FRANCE tombée bien bas