20% de signalements en plus

La maltraitance infantile en hausse depuis le début du confinement

  • Publié le 18 avril 2020 à 16:18
  • Actualisé le 18 avril 2020 à 16:47

Une hausse significative des signalements de maltraitance sur enfants a été observée en Métropole, depuis le début du confinement. À La Réunion, un tel constat n'est pas encore noté, mais cela est à relativiser par la difficulté des victimes, de plus en plus jeunes, à alerter sur leur situation. Il faut souvent compter sur les amis, les voisins ou même membres de la famille. Les associations réunionnaises se mobilisent pour lutter contre le fléau, en plus des numéros d'urgence (le 119, le 114 par SMS) et de la nouvelle plateforme en ligne mise en service par le gouvernement. (Photo rb/www.ipreunion.com)

Le confinement donne lieu à hausse exponentielle de la maltraitance infantile. La ligne téléphonique 119, prévue pour recevoir les signalements de violences sur les enfants, a reçu 20% d'appels en plus depuis le début du confinement, a annoncé le secrétaire d'État à la Protection de l'enfance, Adrien Taquet. Cette augmentation est même allée jusqu'à 50% pendant la première semaine d’avril.

Les appels considérés comme urgents ont augmenté de 60%, selon des données issues d'une comparaison entre les trois premières semaines du confinement (du 18 mars au 6 avril) et une période équivalente en février (du 12 février au 2 mars).

“On ne peut pas dire qu’on soit au même stade que la Métropole, mais il y a une violence qui a tendance à s’accroître à La Réunion”, constate Evelyne Olivieri, présidente du collectif Écoute-moi, Protège-moi, Aide-moi (EPA). “Heureusement, on n’est pas à des faits divers extrêmes, mais le confinement va accentuer certaines maltraitances.”

“Les enfants sont ceux qui sont le plus en danger avec cette période de confinement”, s’associe Thérèse Baillif, présidente du comité pour l'élimination des violences intrafamiliales (CEVIF). “On est arrivé à en mettre un ou deux hors de danger, mais ce sont des choses tellement confidentielles que je ne peux vous en faire part. Le faire savoir, c’est en alerter les auteurs”, nous témoigne-t-elle.

- Emmanuel Macron partage l'inquiétude -

Le président de la République en personne a publiquement pris le partie de cette cause, en relayant, sur ses réseaux sociaux, une vidéo de Violaine Blain, directrice générale du Groupement d'Intérêt Public Enfance en Danger et responsable de la plateforme 119.

Dans la vidéo, elle y rappelle la fonction du numéro 119, qu’on peut appeler 24 heures sur 24 h, 7 jours sur 7 de la Métropole comme de l’Outre-mer. Le numéro est gratuit et confidentiel : “Il ne figure pas sur les factures, et les écoutants du 119 sont soumis au secret professionnel”.

Violaine Blain indique également que les appels de voisins pour signaler des cas de maltraitance infantile. “Ce n’est pas de la délation, ce n’est pas dénoncer, c’est simplement informer et c’est savoir comment venir en aide”, explique-t-elle.

“À moins qu’il y ait des témoignages des voisins, on ne peut pas avoir d’informations”, regrette Thérèse Baillif. “Les enfants eux-mêmes n’ont pas les moyens de faire savoir ce qu’ils vivent.”

- Un service de signalement en ligne -

C’est pourquoi le gouvernement et les associations tentent de démultiplier les canaux de signalement depuis le début de la crise sanitaire. Ainsi, depuis la semaine dernière, la ligne téléphonique 119 est doublée d'un service de signalement des violences par écrit, sur internet. Ce dispositif, destiné aux victimes qui ne pourraient pas s'isoler pour appeler à l'aide. Cela plus le numéro d’urgence 114 auquel les victimes peuvent envoyer un SMS.

Malgré tout, ces multiples moyens d’alerte peuvent parfois ne pas suffire, notamment pour le plus petits. “C’est beaucoup plus facile de s’en prendre à un tout petit qu’à un adolescent, parce que l’adolescent va avoir le réflexe d’aller vers l’extérieur. Les tout petits n’ont malheureusement pas d’échappatoire en ce moment. On pouvait les signaler quand ils allaient à l’école, à l’infirmerie ou autre. Aujourd’hui, ils sont confinés. Si on n’a pas un voisin qui tend l’oreille un peu plus que d’habitude, un membre de la famille qui ose dénoncer au 119, le petit n’a pas de chance”, s’inquiète Evelyne Olivieri.

Le collectif use donc de tous les moyens à dispositions pour atteindre les enfants et surtout les personnes susceptibles d’alerter sur une situation de maltraitance. Les réseaux sociaux et sa page Facebook, où beaucoup où la majorité des signalements arrivent par messages privés. Ce mercredi encore, l’association est intervenue dans le cas d’un maman hurlant de manière préoccupante sur ses enfants de 1 et 2 ans.

“La violence s’accroît sur les tous petits. On a une petite de 3 ans agressée sexuellement qu’on a protégée”, ajoute Evelyne Olivieri, qui insiste sur le fait que les mineurs se sentant en danger peuvent alerter les forces de l’ordre. “Il y a des personnes haut placées qui maintiennent qu’un mineur ne peut pas porter plainte, c’est archi faux. Un mineur peut très bien se rendre dans un poste de gendarmerie ou de police pour porter plainte seul.”

Marie-Thérèse Baillif redoute, elle, que faire appel à la police ne soit pas encore entré dans les mœurs de la population réunionnaise. “En Métropole, les gens se sont exprimés par les plainte depuis le début du confinement, mais ici à La Réunion, les policiers et les gendarmes n’ont pas forcément de remontées particulières. Ce qui nous pose question.”

Lire aussi : Violences intrafamiliales : la baisse des signalements inquiète les autorités

Le CEVIF et d’autres associations locales, tiennent d’ailleurs des stands d’information et de sensibilisation dans les galeries commerciales et les grandes surfaces, où il est possible d’aller les voir pour rapporter des cas de violence infantile.

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1 Commentaires
sissi974
sissi974
3 ans

Il a été rapporté, de source fiable, que les maltraitances sur les enfants ont toujours été constatées, mais les services sociaux sont démunis face à ces problèmes récurrents, car les solutions se sont pas à la hauteur des engagements misent en avant, et encore plus, dans la situation actuelle. Ces comportements ou les responsabilités auront certainement des conséquences irréversibles. Toujours en attente d'actions concrètes des autorités compétentes ! Faites passer le message !