Distanciation physique impossible

Coiffure, tatouage, esthétique... quand il faut concilier gestes barrières et contact rapproché

  • Publié le 17 mai 2020 à 11:53
  • Actualisé le 17 mai 2020 à 20:00

Tous les métiers qui touchent à l'esthétique et au corps impliquent inévitablement un contact avec la peau du client. Difficile dans ce cas de respecter la fameuse distanciation sociale. Il faut alors redoubler de vigilance, prévoir toutes les protections sanitaires et réorganiser sa boutique pour accueillir la clientèle dans le respect des gestes barrières. Des changements nécessaires pour être en mesure de rouvrir son commerce en cette période de déconfinement (Photo d'illustration)

Dans son salon de coiffure à Saint-Denis, Cécile nous avait accueillis dès lundi 11 mai pour la toute première coiffure du matin. "Notre première cliente baptise le déconfinement !" avait-elle déclaré.

Ici à "Lua coiffure", les gérants ont dû réorganiser complètement l'intérieur du salon. Des paravents sont installés entre les différents espaces, chaque siège est systématiquement désinfecté après le passage des clients et les coiffeurs sont bien équipés.

Masque en tissu sur le nez, Cécile a parfois dû improviser. "Je ne porte pas la visière, dès la première coupe elle tombait en avant…" Et pour les clients, comment faire tenir un masque derrière les oreilles tout en coupant les cheveux ? Mission impossible. "Il a fallu trouver un système D donc on a mis du sparadrap sur les joues des clients" explique son collègue Fabien, preuve à l'appui en pointant du doigt une dame qui rafraîchit sa couleur. "Il était temps !" nous lance-t-elle avec humour.

Tout a été aménagé pour éviter la cohue et les rendez-vous sont chronométrés. "On limite au maximum le nombre de personnes en zone d'attente, et on cale les rendez-vous de façon à ce que les clients ne se croisent pas" explique Fabien. Idem pour les deux salariés du salon, qui sont en horaires décalés.

La reprise fait du bien aux deux gérants. "Le carnet de rendez-vous est déjà bien plein et les deux premières semaines sont complètes" nous indique Fabien. "Économiquement le confinement n'était pas une période évidente mais le chômage partiel a été versé, c'est déjà un début. On espère que la suite va bien se passer."

- Le confinement, "sur le coup ça a été un choc" -

Quelques rues plus loin, ce sont les mains des clients et non plus leur tête qui concentrent toute l'attention. Dans l'onglerie "Les 5 éléments" une employée nous accueille visière sur la tête et nous indique ce qu'il faut faire : se désinfecter les mains avec du gel hydroalcoolique, passée la porte d'entrée.

Affairée autour des ongles d'une cliente, Emilie est bien équipée : masque et visière en même temps, pour une protection maximale. "Le côté convivial n'est plus vraiment au rendez-vous, et on ne nous entend pas forcément très bien, ce n'est pas très agréable… mais on s'adapte. C'était un petit peu compliqué au début mais on y arrive."

D'autant plus que la gérante a très mal vécu la fermeture de l'institut, apprenant du jour au lendemain que le confinement ne lui permettait plus de travailler. "Ça été vraiment affreux, je me suis dit : comment on va faire, comment je vais payer mes 10 salariées ? Sur le coup ça a été un gros choc. Mais bon, il vaut mieux de toute façon être confiné et rester en bonne santé" relativise-t-elle. Les mesures du gouvernement en faveur des entreprises lui ont permis de tenir en attendant.

Désormais dans l'institut, on ne peut pas être plus de 3 personnes à la fois. Et côté beauté et esthétique, les massages ont été mis en pause, ainsi que certaines épilations du visage, pour raisons sanitaires.

- Redoubler de vigilance -

A l'institut de beauté "Coeur de lotus" à Saint-Paul aussi toutes les mesures de précaution sont prises et certaines épilations comme celle de nez ne se font plus pour l'instant. "On désinfecte tout après chaque passage, on pose des films sur chaque table, tout le matériel est désinfecté systématiquement à chaque fois…" Si dans les instituts, l'hygiène est habituellement de rigueur, ici on redouble de vigilance.

"Le masque est obligatoire pour les clients" nous indique-t-on. Impossible donc de passer la porte de l'institut si l'on n'en porte pas. Au cas où, les esthéticiennes peuvent proposer un masque en tissu à 2 euros.

Les instituts suivent les fiches métiers mises à disposition des commerçants par le ministère du Travail, pour pouvoir suivre à la lettre les recommandations sanitaires afin que tout se passe au mieux.

Emmanuelle, tatoueuse au salon indépendant La Méduse à La Possession, attendait avec impatience la reprise. "Mais j'ai profité du confinement pour faire une pause, prendre du temps pour moi, et j'ai dessiné un peu" nous dit-elle. Elle a souhaité attendre le 15 mai pour rouvrir son salon et s'assurer que tout était optimal pour reprendre les rendez-vous tattoos. "Nous les tatoueurs prenons déjà énormément de précautions sur le plan de l'hygiène" rappelle-t-elle. Le port du masque chirurgical fait en effet partie de leur quotidien.

Cette fois, le client aussi doit en porter un, comme dans l'ensemble des instituts et salons cités plus haut. "L'association de tatoueurs "Tatouage et partage" a assez rapidement partagé les indications du ministère. Même si nous avions déjà beaucoup de bonnes pratiques, il a fallu mettre en place de nouvelles règles d'hygiène", explique Emmanuelle.

- Reprogrammer tous les rendez-vous -

Cela commence par l'accueil au salon. Seules les personnes ayant pris un rendez-vous pour se faire tatouer sont acceptées. Les curieux ou ceux qui souhaitent venir sur place pour aborder un projet de tatouage sont invités à contacter Emmanuelle par e-mail uniquement pour le moment.

"Ensuite je demande aux clients de prendre leur température la veille du tatouage et bien vérifier qu'ils n'ont aucun symptôme de Covid. A l'accueil, je mets une solution hydroalcoolique pour leur arrivée. Je demande également à ce qu'ils viennent sans accompagnateur comme cela se fait parfois."

Les affaires personnelles doivent aussi être mises dans un petit sac qui laissé à l'accueil et il faut venir sans bijou et sans lunettes de soleil. Des mesures supplémentaires, donc, mais nécessaires en ces temps de déconfinement progressif.

L'agenda d'Emmanuelle est déjà bien rempli. "J'ai dû reprogrammer tous les rendez-vous de mars et avril, cela demande beaucoup de travail. Pour les touristes qui souhaitaient un tatouage avant de repartir par contre, beaucoup ont simplement été annulés." Mais la tatoueuse reste positive. Les affaires reprennent, le contact avec les clients aussi. Une aubaine après deux mois de fermeture.

mm / www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

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