Des risques de mortalité plus élevée selon une étude

La chloroquine finalement dangereuse ? Le ministre de la Santé veut revoir les règles de prescription

  • Publié le 23 mai 2020 à 15:42
  • Actualisé le 23 mai 2020 à 15:56

Suite à la publication d'une nouvelle étude de grande ampleur mettant en avant les risques de certains traitements de la Covid-19, dont la chloroquine, le ministre de la Santé Olivier Véran annonce avoir saisi le Haut conseil de la santé publique. Le HCSP aura pour mission de proposer sous 48 heures une révision des règles dérogatoires de prescription. Un rétropédalage alors que le gouvernement a officiellement autorisé l'usage de la chloroquine - sous restrictions - dans un décret paru au Journal officiel dès le 26 mars. De nombreux scientifiques ainsi que l'Agence française du médicament, et à La Réunion l'ARS, mettent en garde contre les effets indésirables de la chloroquine et le manque d'études à ce sujet. (Photo d'illustration rb/www.ipreunion.com)

Ni la chloroquine, ni son dérivé l'hydroxychloroquine ne se montrent efficaces contre le Covid-19 chez les malades hospitalisés, et ces molécules augmentent même le risque de décès et d'arythmie cardiaque, prévient une vaste étude parue vendredi dans The Lancet, qui recommande de ne pas les prescrire en dehors des essais cliniques.

Il n'en faut pas plus au ministre de la Santé pour rétropédaler. Sur Twitter, Olivier Véran annonce que suite à la publication de cette étude "alertant sur l'inefficacité et les risques de certains traitements du Covid-19 dont l'hydroxychloroquine, j'ai saisi le HCSP (Haut conseil de la santé publique, ndlr) pour qu'il l'analyse et me propose sous 48 heures une révision des règles dérogatoires de prescription".

 

- Risque de mortalité plus élevé -

Menée sur près de 15.000 malades, il s'agit de la "première étude à large échelle" à montrer une "preuve statistique robuste" que ces deux traitements qui font couler tant d'encre, "ne bénéficient pas aux patients du Covid-19", déclare dans un communiqué le Dr Mandeep Mehra, auteur principal de l'étude publiée dans la prestigieuse revue médicale.

Ces patients ont reçu quatre combinaisons différentes à base de chloroquine (un anti-paludéen) et d'hydroxychloroquine (prescrit contre la polyarthrite rhumatoïde par exemple): les traitements étaient soit administrés seuls, soit associés à un antibiotique de la famille des macrolides. L'étude a analysé des données d'environ 96.000 patients infectés par le virus SARS-CoV-2 admis dans 671 hôpitaux entre le 20 décembre 2019 et le 14 avril 2020, sortis ou décédés depuis.

Résultat, les quatre traitements ont tous été associés à un risque de mortalité bien plus élevé qu'au sein du groupe témoin (qui était de 9,3%): 16,4% de décès pour la chloroquine seule, 22,2% quand elle était combinée à l'antibiotique; 18% pour l'hydroxychloroquine seule, et 23,8% quand elle était associée au même antibiotique.

- Controverses par milliers -

Le Brésil généralise son usage, Donald Trump en prend tous les jours, mais cette nouvelle étude bouleverse tout en évoquant des risques de décès accru... Finalement que sait-on de la très controversée hydroxychloroquine -dérivée de l'antipaludéen chloroquine- actuellement expérimentée dans plusieurs pays contre le Covid-19 ? Le traitement miracle pour certains, dangereux pour d'autres, fait couler beaucoup d'encre.

En France, via un décret paru le jeudi 26 mars au Journal officiel, le gouvernement autorise la prescription de chloroquine en traitement du Covid-19. L'hydroxychloroquine, de son nom complet, peut donc être administrée désormais aux patients malades.

Pourtant nombreuses sont les institutions et autorités sanitaires qui ont mis en garde contre ce médicament. En première ligne, l'Agence française du médicament (ANSM) qui le 30 mars a prévenu que les traitements à la chloroquine pouvaient entraîner "des effets indésirables graves" et ne devaient "en aucun cas" être utilisés en automédication.

Dès le lendemain, l'Agence Régionale de Santé de La Réunion également ont rappelé l'usage strictement règlementé de la chloroquine. "Evalué pour traiter le COVID-19, [elle] fait actuellement l’objet d’un grand nombre de prescriptions non justifiées au regard de son autorisation de mise sur le marché. (...) Des études supplémentaires sont en effet nécessaires pour valider son efficacité et vérifier son innocuité" avait alors écrit l'ARS.

www.ipreunion.com avec AFP

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3 Commentaires
Mayaqui, depuis son mobile
Mayaqui, depuis son mobile
3 ans

Lorsque ns sommes partis en Thaïlande , en 1998 , nous avons pris de la Nivaquine ( chloroquine ) qui était en vente libre ........ avant , pdt et après le voyage .... une centaine de personnes .... et tout s est bien passé ....
ça fait rêver !!!!!!

Chris, depuis son mobile
Chris, depuis son mobile
3 ans

Non sans blague! Je croyais que le ministère a mis 1an administrativement pour signer le classement de ce médicament en dangerosité juste pour faire chier le Pr Raoult et les citoyens... en pleine crise...entre la peste et le choléra faut choisir?

la vérité si je mens !
la vérité si je mens !
3 ans

Le très mauvais souvenir du " médiator " où des patients ont souffert par la négligence de l'industrie pharmaceutique ... L'argent rend fou !L'amour rend fou, il n'y a que la guerre qui Rambo. Coluche , Artiste, Comique (1944 - 1986)