Courrier des lecteurs de Jerry Ayan

Tourisme et culture, sortir ensemble...

  • Publié le 25 mai 2020 à 12:54
  • Actualisé le 25 mai 2020 à 12:56

La crise coronavirienne est bien loin de s'écrire au passé, et pour certains, elle se conjugue même au futur. Parmi ceux qui ont souffert, qui souffrent et qui s'apprêtent à souffrir encore, il existe une sorte de socle commun qui unit les acteurs du tourisme et de la culture.

Ces deux secteurs d'activité sont quasiment cloués sur la ligne de départ, cornaqués par des contraintes sanitaires dont la géométrie plutôt variable leur accorde bien moins de souplesse qu'à d'autres. Dans notre économie globale, ce sont pourtant deux piliers reconnus d'un développement à fort potentiel attendu.
N'est-il pas écrit, littéralement et noir sur blanc, dans le 3ème panorama sur l’économie des secteurs culturels et créatifs (2019) que la culture "pèse aujourd'hui aussi lourd dans notre économie que l'industrie agro-alimentaire et rapporte deux fois plus à la France que l'industrie automobile" ?

De son côté, l'Iedom s'appuie sur une enquête à propos de la fréquentation touristique à La Réunion (2017) pour affirmer que "bien que modeste en apparence, le poids de l’industrie touristique dans l’économie est supérieur à celui de secteurs traditionnels de l’île, tels que l’agriculture et la pêche ou l’industrie agroalimentaire".

Alors, qu'est-ce qu'on attend ?

La période de confinement a été l'opportunité d'une grande créativité dans le domaine de la solidarité, créant des rapprochements inédits. Dans la continuité de cet esprit d'appariement, voici donc deux secteurs qui peuvent se prendre par la main, et se rencontrer sur une plateforme d'actions concertées pour créer une synergie nouvelle. Pas si nouvelle, en fait…

Car la notion de "tourisme culturel" est déjà inscrite sur les tablettes de la promotion des territoires, et joue déjà un rôle dans leur attractivité. La Réunion avance sur cet échiquier des atouts intéressants, et dans des domaines variés. Parmi les exemples que l'on peut mettre en exergue, le festival Sakifo attire des spectateurs de tout l'Océan Indien et d'ailleurs, les festivités de Guan Di permettent une visibilité de l'île sur toute la région et au-delà sur le continent asiatique, et l'événement en devenir qu'est Réunion Métis affiche cette envie de séduire les visiteurs extérieurs comme les Réunionnais eux-mêmes.

Tous, nous souhaitons pouvoir au plus vite retrouver ces rendez-vous, et les autres du calendrier culturel. Cela sera générateur de bienfaits positifs, non seulement pour l'économie, mais aussi pour notre bien-être moral. Patience, nous dit-on, mais le sevrage est de plus en plus difficile, avec seulement le goutte à goutte de quelques "lives" numériques et distants, quelques performances artistiques vidéoisées sans chaleur relationnelle.

Le retour à une programmation comme nous l'aimons, dense, diversifiée, attractive, pour tous les goûts, passe par la recherche d'un équilibre entre les mondes "d'avant" et "d'après", et par un processus de progressivité qui doit redonner confiance tant aux artistes qu'au monde touristique et surtout, au public.

Le respect des règles de sécurité va imposer de créer de nouvelles formules pour permettre la renaissance de ce "tourisme culturel". Pouvons-nous ainsi imaginer un mini festival musical dans les jardins d'un hôtel, une projection cinéma en formule "drive in" sur le parking d'un musée, un "live painting" dans l'accueil d'un restaurant où l'on attend ses "plats à emporter", une série de photos sur la beauté naturelle de nos sites alors désertés, etc ?

Tourisme et culture semblent avoir des compétences et des objectifs différents, ils s'avèrent complémentaires. Qu'ils sortent donc ensemble, et marions les !

Jerry Ayan

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