Une saison blanche pour les professionnels du secteur

Mariages, foires, festivals : la fête est finie dans l'événementiel

  • Publié le 1 juin 2020 à 03:00
  • Actualisé le 1 juin 2020 à 17:35

D'ordinaire, l'automne et l'hiver représentent au moins la moitié du chiffre d'affaires des entreprises du secteur événementiel. À La Réunion, nombreuses sont les entreprises qui souffrent de cette situation de crise sanitaire. Photographes, organisateurs de soirées, chargés de location de matériel... depuis l'arrivée du Covid-19, leurs carnets de commandes sont vides. (Photo rb/www.ipreunion.com)

Mariage, baptême, festivals, conventions d’entreprises, fêtes en tout genre et ces deux mots qui reviennent en permanence : "Événement annulé". Le hangar de l’entreprise Rire et Photos située à La Réunion, n’a jamais été aussi rempli de matériel lumière et vidéo en cette période de l’année. Photomatons, projecteurs, bornes photos, et écrans, sont bien rangés sur les hautes étagères du sol jusqu’au plafond. En temps normal, tout le matériel est sorti. "La moitié de mon activité est perdue jusqu’à septembre, j’ai dû rembourser mes clients, mon chiffre d’affaires est au plus bas" explique le directeur de l’entreprise.

- Pas d’événement programmé avant septembre -

Depuis quelques semaines maintenant le téléphone de Fanny Tiara, photographe de mariage, ne sonne plus "Tout est calme" déplore-t-elle. Trop calme. Pour cette photographe, les prochains mois vont être difficile. "Beaucoup de clients ont annulé leurs commandes, ou les ont fait reporter à 2021". Du mois de mars jusqu’au mois d’août, tout a été annulé "cette année va être catastrophique" confie la photographe. La semaine dernière, Fanny Tiara a réceptionné des appels pour des reports de mariage. "Je comprends les clients d’une certaine façon. Un mariage signifie souvent un regroupement de personnes, des embrassades, des étreintes, des animations… Comment organiser un mariage alors qu’on ne connaît même pas ce que l’avenir nous réserve ?" constate-t-elle.

Fanny Tiara n’est pas la seule dans ce cas-là. L’événementiel est un des secteurs le plus impactés par cette crise. Mathieu Welmant, directeur de Wel Event, nous confie : "nous sommes une petite entreprise, on vit des événements qu’on organise chaque année. Aujourd’hui, avec les mesures gouvernementales qui évoluent sans cesse, on ne peut rien prévoir, on est dans le flou total. Je suis inquiet pour l’avenir de mon entreprise !"

- Un manque de clarté de l’exécutif pointé du doigt -

Pour Mathieu et plusieurs autres professionnels de l’événementiel, les consignes au plus haut sommet de l’État sont floues voire contradictoires. "Le problème c’est la non-clarté autour de la reprise des événements, des festivités et des animations. Le président a dit pas d’événements avant fin juillet. Le ministre de la Culture a annoncé l’éventualité de petits festivals mais avec des différentes conditions : pas de rassemblement de plus de 100 personnes, une distance d’un mètre entre chaque personne. Qui oserait s’engager dans ce type d’événement ? Vaut mieux ne rien dire que de faire naître de faux espoirs" indique Michaël Diomisi, associé chez Maestro !.

Pour ces professionnels de l’événementiel aux activités ralenties, regagner la confiance des clients ne sera pas parte gagnée. "Cette crise sanitaire est ancré dans la mémoire sociale, je ne sais pas du tout comment ça va évoluer mais la route est encore longue" signale Fanny Tiara.

- Une adaptation économique -

Les 4 professionnels interrogés par Imaz Press sont en situation de chômage partiel. Ils ont chacun pu bénéficier, de l’aide de l’État, depuis début avril. Mais là encore des problèmes se posent. "Les procédures sont extrêmement longues. Je perçois depuis début avril 1500 euros par mois, mais ce n’est pas ce qui va remplir ma trésorerie. Chaque semaine de nouvelles décisions sont prises et nous on reste dans le flou, on attend, on se sent complètement mit de côté" indique le directeur de Rire et Photos

Pour certains, la demande de report de charge et de crédits a été bénéfique, mais rien n’est encore joué " Les aides de l’État surviennent bien après avoir fait la demande, en attendant de les percevoir, je puise dans ma trésorerie, mais à partir du mois de juin ça risque de devenir très problématique. J’ai réalisé les procédures concernant le report des charges, mais là aussi la situation stagne. Et malgré les demandes les charges ne s’annuleront pas. À la fin, quoi qu’il arrive, il faudra payer quand même. " précise Mathieu, directeur de Wel Event.

- Le moral au plus bas -

Les conséquences économiques de cet arrêt d’activité se font ressentir d’une part sur le chiffre d’affaire, mais aussi sur le moral des employés. "La situation est anxiogène. Jamais je n’aurais imaginé que ça dure aussi longtemps" explique Fanny Tiara, photographe.

Son métier, qui est une passion, lui manque elle espère pouvoir reprendre au plus vite. "L’année 2020 va être une année blanche, mais l’année prochaine mon agenda risque d’être beaucoup plus chargé".

Fanny ne lâche rien, elle a une lueur d’espoir pour amorcer ce déficit. "A la Réunion, les mariages se font tout au long de l’année, en différence avec la métropole, alors j’espère que les clients reviendront en octobre, novembre pour que je puisse combler mon manque à gagner du début d’année" indique-t-elle.

- Une reconversion inattendue -

" On chamboule tout et on recommence " Michaël, associé chez Maestro !

Fanny Tiara n’est pas la seule à garder espoir. Après la fermeture de leur entreprise, dans la communication et l’événementielle, les employés de Maestro se sont retroussés les manches pour rebondir face à l’arrêt soudain de l’activité de leur secteur. "Notre agenda 2020 était plein d’événements, mais face à l’arrivée du virus nous avons vite déchanté. Au lieu de déprimer nous nous sommes lancés dans la construction de mobilier d’orientation, afin de faire entrer un minimum de chiffre d’affaire."

Cette société s’est spécialisée dans l’aménagement d’espaces, en proposant des potelets d’orientations, mais aussi des distributeurs de gel hydro alcoolique. Une initiative 100 péi pour lutter contre la pandémie. Leur nouvelle activité permet aux entreprises de s’approvisionner en matériel nécessaire pour leur réouverture. Une action gagnant-gagnant pour cette société qui se trouve dans une reconversion inattendue : "on a décidé de tout construire nous-même, c’est une compétence qu’on avait en interne. Le lancement de cette nouvelle activité n’a pas été simple, mais aujourd’hui on a déjà vendu plus de 300 pièces. Station-service, hôtels, mairies, mais aussi des restaurants nous appellent chaque jour pour passer commande. Finalement, on s’en est pas mal sorti. Le point positif de cette crise, c’est qu’elle nous a permis de diversifier notre activité" conclut Michaël Diomisi.

es / www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

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