Covid-19

Tests obligatoires et téléconsultations : incontournables pour empêcher la propagation du virus

  • Publié le 18 août 2020 à 11:20

Depuis l'identification du premier foyer de contagion à La Réunion la semaine dernière, le nombre de cas de coronavirus est en hausse à La Réunion et l'inquiétude monte chez les professionnels de santé. Dans un communiqué publié ce lundi 17 août, ils émettent plusieurs propositions, dont l'obligation des tests à J+7 pour les voyageurs et la téléconsultation pour les médecins, nécessitant "une mise en place rapide et forte pour éviter le pire". Ils ont demandé à rencontrer Sébastien Lecornu, en visite à La Réunion jusqu'à jeudi. Le ministre des outre-mer a déjà indiqué à propos d'un éventuel retour des tests obligatoire : "très clairement, nous ne nous interdisons aucune décision concernant la crise sanitaire". (Photo rb/www.ipreunion.com)

Au-delà de l’identification de foyers de contagion Covid-19, plusieurs indicateurs permettant de suivre l'épidémie de coronavirus suggèrent que celle-ci connaît un regain depuis plusieurs jours à La Réunion : le nombre de nouvelles contaminations, les cas autochtones, les hospitalisations sont en hausse. Une tendance qui a conduit le préfet à le durcir les règles concernant le port du masque, désormais imposé en extérieur dans plusieurs quartiers des communes de La Réunion. Dans le même temps, la maire de Saint-Denis a décidé de reporter la rentrée scolaire dans 25 des 77 écoles de sa commune. Elle a aussi interdit les rassemblements de plus de 10 personnes dans les parcs et elle a suspendu "au moins pour n mois" les évévemets sportifs et culturels.

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Pour les professionnels de santé, cela ne suffit pas. Ils énoncent, dans un communiqué publié ce lundi 17 août 2020, plusieurs mesures à mettre en place le plus rapidement possible pour endiguer la propagation coronavirus sur l’île. Au premier rang de ces mesures : la téléconsultation pour les médecins de ville et l’obligation des test de dépistage pour tous les voyageurs sept jours après leur arrivée. Ils ont par ailleurs formulé une demande à la préfecture et au ministère des Outre-mer pour rencontrer Sébastien Lecornu, en visite officielle à La Réunion jusqu’à jeudi.

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- "Il faut que les gens se dépistent, il y a urgence" -

"Très clairement, nous ne nous interdisons aucune mesure pour nous adapter à la circulation du virus", a déclaré le ministre, interrogé par Imaz Press à ce sujet. 

Pour Alain Domercq, membre de la Communauté des professionnels de santé de La Réunion et président du conseil inter régional de l'Ordre des médecins, imposer ces test aux voyageurs est une priorité absolue. "Il faut que les gens se dépistent, il y a urgence. Ça n’amuse personne de faire un deuxième test à J7, mais Il ne me semble pas que demander cela soit une atteinte aux droits. Il faut le rendre obligatoire avec une mesure coercitive pour l’appliquer. Si les gens comprennent que c’est obligatoire, il le feront déjà plus que si ce n’est pas obligatoire."

Selon l’Agence régionale de santé (ARS), 40% des voyageurs effectuent le test de dépistage au coronavirus sept jours après leur arrivée. Un chiffre en hausse par rapport aux 30% communiqués précédemment par l’autorité sanitaire, mais toujours insuffisant. "On a perdu quelques semaines pour se rendre compte que les gens n’ont pas fait le dépistage", regrette le Dr Domercq.

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- La téléconsultation pour éviter la transmission dans les cabinets -

Avec l’explosion du nombre de cas autochtones depuis la semaine dernière, les médecins de ville se retrouvent désormais en première ligne. "Jusqu’à présent on n’avait que très peu de cas autochtones. Ils étaient parfois amenés à voir leur médecin traitant pour avoir une ordonnance de test Covid. Le médecin traitant remettait le numéro de téléphone à l'Assurance maladie et à l’ARS quand il avait connaissance d’un cas", explique Reuben Veerapen, vice-président du conseil de l’Ordre des médecins de La Réunion. “Ces personnes étaient directement dans la boucle et pris en charge.

"Actuellement, on se retrouve dans une autre situation, où les chances de transmission ont complètement explosé, on ne maîtrise pas. On se retrouve avec des personnes qui ont fait le test, sont positives et nous appellent parce qu’ils n’ont pas été contactés. Ces potentiels Covid vont vers leur médecin traitant pour être pris en charge", ajoute-t-il.

Une mesure paraît ainsi indispensable pour les professionnels de santé afin d’éviter des possibles transmissions dans les cabinet de médecins, où se trouvent par ailleurs des personnes fragiles : la téléconsultation. Aujourd’hui, elle n’est autorisée que de manière dérogatoire par visio. La consultation par téléphone n’est plus permise aux médecins.

"On sait qu’à La Réunion on a une problématique d’accès à la 4G dans les hauts ou d’accès au numérique pour les personnes âgées ou qui ont des moyens limités. La téléconsultation au téléphone a été d‘une grande aide pour une partie de la population qui est en demande, qui est la plus défavorisée et qui a le plus besoin d’aide médicale en ce moment", justifie le Dr Veerapen.

- Des solutions adaptées "pour éviter le pire" -

À l’image des consultations par téléphones, dont l’utilité est établie pour les Réunionnais, les professionnels de santé préconisent des mesures adaptées au territoire qui présente plusieurs facteurs à risques, des indicateurs sociaux-économiques, à l'habitat transgénérationnel. "Beaucoup de choses ont été mises en place il y a deux mois, beaucoup de choses ont été rendues nécessaires. Ce que l’on veut c’est revenir à toutes ces mesures", résume Alain Domercq, pointant du doigt les capacités hospitalière de l’île.

"La Réunion est un territoire particulièrement fragile et éloigné. Nous n’avons pas les moyens d’une épidémie, c’est sûr. Il faut éviter absolument une épidémie comme on l’a vu à Paris ou dans l’Est. Nous n’enverrons personne à Marseille, ni à Bordeaux, ni à Paris… Nous n’aurons pas de TGV. Comme les patients resteront chez nous, il faut qu’on anticipe une capacité très importante. C’est peut-être un petit peu tôt pour en parler, mais les choses peuvent aller vite", ajoute-t-il.

Joint par Imaz Press, le CHU indique posséder à ce jour "95 lits de réanimation après déploiement, Nord et Sud compris". 

"On a des pathologies lourdes à la Réunion. Les lits sont en principe utilisés pour ces patients avec des pathologies lourdes. Si on se retrouve avec 40-50 patients de Covid en réanimation, on va être vite submergé. Surtout que ces patients restent réanimation de manière prolongée. Le système de soins sera débordé, on ne pourra pas les prendre en charge correctement", détaille Reuben Veerapen."Le moment n’est pas à la panique mais à la prise en charge maximale pour limiter l’impact de ce début d’épidémie."

- Les gestes barrière, encore et toujours -

Pour échapper à ce scénario catastrophe, ils demandent encore plus de fermeté de la part des autorités et multiplient les recommandations, au-delà de l'obligation des tests à J+7 et de la téléconsultation. Le port du masque, étendu à certains lieux extérieurs depuis samedi, doit être imposé au travail, prônent-ils. "Les études ont montré que des contaminations avaient lieu au travail dans des nombre assez importants. L’idée du masque au travail est une nécessité", raisonne Alain Domercq. "On est à la recherche de toutes les mesures possibles pour éviter le confinement."

Des mesures recommandées parmi lesquelles on trouve également la limitation des réunions familiales à 20 personnes, l'incitation au télétravail durant la septaine et pour ceux qui nécessitent un isolement, ainsi que la suppression des délais de carence pour les arrêts de travail prescrits par les médecins dans le cadre de la mise en isolement. "Il faut que les gens qui font des dépistages soient arrêtés trois jours le temps qu’ils aient leur résultat. On n’a pas inventé le fil à couper le beurre."

En attendant une éventuelle rencontre avec le ministre pour lui soumettre ces propositions en personne, les professionnels de santé répètent encore "l'importance vitale" du respect des gestes barrière. La seule manière connue pour lutter contre le coronavirus. 

aa / www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

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2 Commentaires
Mayaqui, depuis son mobile
Mayaqui, depuis son mobile
3 ans

Il faut prendre toutes les précautions pour n avoir aucun regret ......
et faire preuve de civisme car beaucoup l oublient ....

Missouk
Missouk
3 ans

J'adore : "Il faut que les gens qui font des dépistages soient arrêtés trois jours le temps qu'ils aient leur résultat. On n'a pas inventé le fil à couper le beurre."Concrètement, cela signifie que le salarié doit solliciter un congé. Après le test, il doit donc voir son médecin?, avec le risque de contaminer le médecin, sa secrétaire et les patients qui sont en salle d'attente? Les directives de l'ARS sont quand même d'un ânerie sans nom...