Se former pour mieux prendre en charge

Autisme : à La Réunion, le chemin pour un meilleur accompagnement est encore long

  • Publié le 19 septembre 2020 à 06:20
  • Actualisé le 19 septembre 2020 à 07:23

Alors qu'il n'existe à ce jour aucun traitement connu pour soigner l'autisme, le parquet de Paris a ouvert une enquête après le signalement par l'Agence nationale de sécurité du médicament de prescriptions d'antibiotiques censés guérir des enfants atteints de ce trouble. Autisme Réunion, la première association pour l'accompagnement des personnes autistes de l'île, n'a pas connaissance de tels faits à La Réunion, mais lutte depuis 30 ans pour une meilleure prise en charge des patients. Cela passera notamment par la formation des personnels de santé. (Photo rb/www.ipreunion.com)

L’Agence national de sécurité du médicament (ANSM) a annoncé, mardi dernier, avoir saisi le procureur de la République pour lui signaler des médecins prescrivant des antibiotiques, ou substances censées éliminer les métaux lourds, à des enfants autistes. L’ANSM “déconseille formellement ces utilisations pour lesquelles ces médicaments n’ont fait aucune preuve de leur efficacité et qui exposent ces enfants à des risques, en particulier lors d’une utilisation prolongée”, a-t-elle précisé dans un communiqué.

Les pratiques visées concernent la prescription “sur de longues durées (plusieurs mois) de médicaments anti-infectieux (antibiotiques, antifongiques, antiparasitaires, antiviraux) et de chélateurs de métaux lourds”. Des substances censées éliminer les métaux lourds de l’organisme, dont l’utilisation n’est recommandée qu’en cas d’intoxication avérée, détaille l’ANSM.

L’agence a notamment recueilli des témoignages de parents et des ordonnances qui font état de ces prescriptions, et informé les Ordres des médecins et des pharmaciens ainsi que l'Assurance maladie, en plus du procureur de la République. Le parquet de Paris a ouvert une enquête pour mise en danger de la personne d’autrui et infractions tenant à la réalisation de recherches impliquant la personne humaine.

- Impasse thérapeutique -

Le fléau traduit surtout l’impasse thérapeutique dans laquelle se trouve les parents, dont certains se font avoir et fondent des espoirs dans des protocoles qui ne sont pas scientifiquement prouvés.

Si l’association Autisme Réunion n’a jamais eu écho de tels cas dans le département, sa présidente et fondatrice Nathalie Faucher fait état de problèmes récurrents dans le soin des personnes autistes.

“L’autisme, c’est une complexité. Le problème, c’est qu’il y a une approche spécifique que ne maîtrise pas le personnel soignant, parce qu’ils n‘ont pas assez de volume horaire dans leur cursus de formation. La personne autiste a des particularité sensorielles qu’on ne respecte pas”, lamente-t-elle.

- Former pour mieux accompagner -

Le Docteur Djéa Saravane, spécialiste de l’autisme et référence française, devait venir à la Réunion encadrer une formation des personnels de santé pour la prise en charge des personnes autistes. La formation a finalement été reportée à l’année prochaine, à cause de l’épidémie de coronavirus.

Cette problématique est entière à La Réunion. 2020 est une année blanche, mais nous avons l’intention de former au maximum les aide-soignant, ls infirmiers, le paramédical en 2021. La prise en charge de l’autisme est encore une catastrophe aujourd’hui”, affirme Nathalie Faucher, rappelant qu’il n’existe pas de remède médicamenteux à l’autisme.

“On a aujourd’hui des méthodes, des outils cognitifs, pour accompagner différemment les personnes autistes. Les médicaments n’ont jamais rien résolu. Ils vont simplement empêcher une agressivité à un moment T, mais ne vont pas résoudre l’autisme”

L’ANSM indique en effet que les médicaments anti-infectieux présentent des risques d’effets indésirables, qui peuvent notamment se caractériser par des troubles cardio vasculaires. Par ailleurs, “l’utilisation d’antibiotiques sur une durée longue va contribuer à l’émergence d’une résistance qui diminuera l’efficacité du traitement en cas d’infection avérée”, ajoute-t-elle.

- La Réunion peut mieux faire -

Depuis sa fondation il y a 30 ans, Autisme Réunion a vu évoluer la reconnaissance du trouble par les instances administratives dans le bon sens. Toutefois, le chemin à parcourir reste important, bien au-delà de la formation des personnels de santé.

“On a un problème de saturation de places dans le médico-social, avec 3-4 ans d’attente pour avoir une place. Des personnes autistes se retrouvent, comme beaucoup d’autres personnes handicapée, à la rue, sans prise en charge. On ne s’occupe pas assez des adultes. Même si l’ARS et le Département ont fait énormément d’efforts avec le Plan autisme, nous avons encore beaucoup de lobbying à faire. Notre bataille ne sera jamais terminée”, conclut Nathalie Faucher.

aa / www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

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2 Commentaires
SinInk
SinInk
3 ans

Article intéressant mais malheureusement gâché, par des termes inadaptés. L'autisme ne se "soigne" pas avec un "traitement", puisque ce n'est pas une maladie, d'ailleurs les spécialistes de ce domaine ne parle plus d'autisme mais préfère le terme "Troubles du spectre autistique (TSA)" car il y a énormément de formes d'autisme (dont certaines sans déficience intellectuelle, et avec au contraire un Haut Potentiel Intellectuel-HPI-) , des troubles qui font l'objet de beaucoup de recherches. A lire sur ce sujet, le livre récent de Julie Dachez Dans ta Bulle! très bien écrit et très facile à lire.L'autisme nécessite une prise en charge pluridisciplinaire (psychomotrice, psychologique, psychiatrique, orthophonique...), à la Réunion le CRIA de St-Leu est l'interlocuteur de référence.

mayaqui, depuis son mobile
mayaqui, depuis son mobile
3 ans

Sans vouloir courir à la déception pour les familles concernées, L'hypothèse du traitement antibiotique vaut la peine d'être approfondie ; .... le docteur montagnier le suggère, le docteur Flahaut demande une plus large étude et il a raison.