
Le Conseil supérieur de l'audiovisuel ne mâche pas ses mots dans son dernier "baromètre de la diversité de la société française" concernant l'année 2019 : la représentation des territoires est "peu conforme à la réalité".
- De 10% à 0,4% d'Ultramarins à la télévision -
Parmi les remarques du CSA, "une quasi-absence de représentation des Outre-mer"… Seules 0,4% des personnes à l'écran, qu'elles soient fictives ou réelles, sont ultramarines alors que "selon les données de l'Insee, les départements et territoires d'Outre-mer représentent 3,26% de la population française" note le CSA.
En 2019, les personnes résidant dans les territoires et départements d’Outre-mer représentent 10% des personnes indexées, mais si l'on exclue France Ô, qui n'est plus diffusée depuis le 23 août minuit, le taux chute bel et bien à 0,4 %.
C'est peu, si peu.
- Des promesses -
Pour pallier la suppression de France Ô, le CSA dit croire au "pacte de visibilité" des Outre-mer promis par France Télévisions, qui s'est défendu d'oublier les DOM dans ses programmes.
A la tête du groupe, Delphine Ernotte, qui a même affirmé vouloir ancrer un "réflexe Outre-mer" dans les actualités.
De belles promesses, un maigre espoir… Car si pour la part des femmes à la télévision, la patronne de France TV a donné un objectif précis – 30% de réalisatrices – rien de concret n'a été annoncé pour les Outre-mer. Il s'agira de "mieux" prendre en compte les territoires ultramarins dans les informations et les fictions, sans pour autant chiffrer la proportion visée.
Mais peut-on en effet croire à un changement radical sur nos écrans quand le CSA remarque aussi que la part des personnes dites "non-blanches" à l'antenne diminue et passe à 15% au lieu de 17% l'année précédente ?
- Qui pour remplacer France Ô -
Aux paroles devront donc s'ajouter des actes et difficile d'y croire quand la seule véritable chaîne TV qui donnait la parole aux Outre-mer est supprimée.
Nous nous sommes déjà longuement interrogés sur la disparition de France Ô, tellement regrettable. Quelle sera la prochaine étape, la suppression du ministère des Outre-mer peut-être ?
Si France Ô a disparu des radars pour raisons budgétaires, le gouvernement avait sorti la carte de l'inclusion. Leur argument : les Outre-mer c'est la France après tout, pourquoi une chaîne dédiée quand on peut mieux les intégrer aux chaînes nationales déjà existantes…
Un avis qui ne fait que renforcer la sensation que "l'Outre-mer", au singulier comme on aime l'appeler dans les hautes sphères de la capitale, n'aurait aucune spécificité.
Pourtant le jeu des différences est sans fin et si chaque département français est unique, le fossé entre l'Hexagone et les Outre-mer – oui, au pluriel – est immense. Culture, histoire, chômage, climat, démographie… la liste est longue.
Il faudra s'en rappeler au moment de dédier des programmes ou des reportages aux Outre-mer, ou plus précisément à La Réunion. Et pas uniquement pour parler des éruptions du Piton de la Fournaise ou des attaques de requins…
Un espoir cependant. La Martiniquaise Karine Baste-Régis, ancienne journaliste de Franceinfo, a été désignée joker d'Anne-Sophie Lapix au journal du soir de France 2. Enfin un visage ultramarin pour présenter les infos nationales (même s'il ne s'agit que d'un poste de remplaçante).
Le signe d'un sursaut, d'un début de prise de conscience ? Le groupe France TV va-t-il tenir ses promesses ? On l'espère...
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