Deuxième vague de l'épidémie de Covid-19

"Pas plus de six" : une règle, plusieurs incohérences, de multiples questions

  • Publié le 16 octobre 2020 à 07:37

Le président Emmanuel Macron a annoncé une série de mesures fortes ce mercredi 14 septembre, à commencer par un couvre-feu qui concerne 16 millions de personnes en Métropole. Le département de La Réunion, lui, est surtout concerné par cette "règle des six" proposée par le chef de l'Etat. Rien d'obligatoire mais une très forte recommandation : dans la sphère privée, limitez les rassemblements à six personnes maximum. Une règle difficile à contrôler et plutôt incohérente face aux nombreuses situations (publiques) où l'on est bien plus de six. (Photo d'illustration rb/www.ipreunion.com)

Alors que La Réunion était déjà concernée, sur un plan strictement local, par une limitation à 10 personnes dans les lieux publics, voilà que les règles anti-Covid touchent la sphère privée.

Au cours de son interview de mercredi 14 octobre, face aux journalistes de France 2 et TF1, Emmanuel Macron a déclaré : "pas plus de six à table". Une phrase, un slogan presque, pour illustrer cette nouvelle règle, qu'il recommande fortement aux Français… sans pouvoir la rendre obligatoire bien sûr, le privé restant privé.

 

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Le président ne sort pas ce chiffre de nulle part, il était d'ailleurs déjà appliqué dans certains restaurants parmi les villes les plus touchées, il était également mis en avant par d'autres pays comme le Royaume-Uni.

Histoire de détailler ce chiffre et de le rendre plus concret, le Premier ministre Jean Castex a annoncé ce jeudi 15 octobre que toute fête privée dans une salle de réception était interdite à compter de ce samedi 17 octobre. Pas de mariage, donc. Un coup dur pour les familles comme pour les acteurs de l'événementiel, les restaurateurs, les hôteliers... déjà au bord du gouffre.

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- Garder une vie sociale… au rabais ? -

Sur notre île ce sera donc dix à l'extérieur, six à l'intérieur. Une limite vite atteinte au vu des familles réunionnaises. Le président appelle cependant au "bon sens" : si une famille dépasse les six personnes, évidemment, personne ne sera invité à manger dehors… Il en reste que six, c'est peu.

D'autant plus que le chef de l'Etat appelle les Français à vivre avec le virus, et à garder une "vie sociale". Difficile pourtant de garder une vie sociable lorsque l'on ne peut plus (ou moins) sortir le soir après le travail, difficile quand on ne peut faire un repas qu'avec cinq autres personnes à la fois, difficile quand toutes les fêtes familiales passent à la trappe.

Le couvre-feu et les rassemblements limités évitent cependant un reconfinement, nous en avons bien conscience. Conscience aussi que le gouvernement est tiraillé entre l'urgence de combattre un virus qui revient sous la forme d'une deuxième vague, la nécessité d'écouter l'avis du conseil scientifique… mais aussi le besoin de conserver une vie économique, de continuer à vivre, de ne pas condamner mort certains corps de métier.

- Six à table, des centaines dans les magasins -

Alors nous ne sommes pas reconfinés, mais les restrictions sont bien là, avec le lot d'interrogations et parfois d'incohérences qui en ressort.

A commencer par cette question : si nous sommes six chez nous, sommes-nous vraiment protégés quand nous sommes des centaines dans les magasins ? Beaucoup commencent à accuser le coup, et estiment que le gouvernement s'attaque davantage à la sphère privée.

Certes le masque est obligatoire partout et tout le temps et la distanciation physique sans cesse encouragée. Mais les situations où nous sommes nombreux, amassés dans les files d'attente sont nombreuses. C'est le cas dans la vie de tous les jours, dans les bars, les transports, en faisant ses courses. Mais c'est aussi le cas à travers des événements maintenus malgré la crise sanitaire en cours. Et là, difficile pour la population de comprendre pourquoi l'un est maintenu quand l'autre est annulé.

Le Grand Raid se serait-il déroulé comme prévu s'il s'était passé en Ile-de-France ? Comment comprendre en effet qu'il faut être "six à table" et pas plus, quand on voit que le Tour de France ou encore le tournoi de tennis Roland-Garros ont été maintenus. Ou encore que le Puy-du-fou a gagné le droit d'augmenter sa jauge d'accueil, grâce à une dérogation de la préfecture locale.

Lire aussi : Grand Raid : c'est bel et bien fini pour cette année

Des incohérences, appelons un chat un chat, qui pourraient pousser certaines mauvaises langues à penser que l'Etat ne restreint que ce qui n'est pas lucratif, et donc n'autorise que ce qui rapporte gros…

Encore une fois nous n'avons pas de recette magique. Notre rôle est d'informer et d'analyser, quand celui du gouvernement est bien de trouver des solutions. Mais voilà, nous nous interrogeons.

Parce que s'il faut vivre avec ce virus jusqu'à mi-2021 au moins, autant avoir conscience de ce qui nous attend.

mm / www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

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4 Commentaires
Mayaqui, depuis son mobile
Mayaqui, depuis son mobile
3 ans

Ce serait assez machiavélique quand même de vouloir tous nous séparer pour éviter des revendications communes ;

je trouve que dans mon quartier on se préoccupe bcp plus des voisins , que nous avons des contacts par sms ou téléphonique avec nos copains pour voir si tout le monde va bien , que nous fréquentons les commerces de proximité où tout se sait !!!!! ;

Et je crois que lorsque ça n ira plus , car nous ne sommes pas infantilisés, nous serons capables de nous retrouver tous pour revendiquer nos droits .....

Je ne pense pas que la covid nous endorme ... au vu des réactions du peuple ....

Missouk
Missouk
3 ans

Et si l'objectif était tout autre que de freiner la pandémie ? De fait, on limite les interactions sociales, et donc tous les tissus d'entre-aides qui existent et qui permettent à beaucoup de vivre un peu mieux, voir de survivre un peu mieux. En interdisant aux gens de sortir, c'est cela qui pourrait être visé. Plus les gens se replieront sur-eux mêmes, moins ils seront capables de se fédérer plus tard éventuellement pour des protestations de grande ampleur: grèves, manifestations, gilets jaunes... Ce pouvoir me semble capable de tout, y compris de penser à ça!

FERRERE
FERRERE
3 ans

Au 15/10 il y a eu 88 décès en 24H du covid (source santé public France), en 2018 il y a eu 1671 décès par jour ( le covid n'existait pas) source Insee.

CHABAN
CHABAN
3 ans

Vous avez parfaitement raison. Du n'importe quoi !