Fouille archéologique

Saint-Philippe : à la découverte d'un camp de travailleur du 19ème siècle

  • Publié le 27 octobre 2020 à 10:55
  • Actualisé le 27 octobre 2020 à 13:37

Une fouille archéologique, prescrite par l'Etat, est actuellement menée au Puits des Anglais à Saint-Philippe où un camp de travailleur datant du 19ème siècle a été découvert. Des visites du chantier sont organisées pour le public le vendredi 30 octobre de 9h à 12h et de 13h à 16h. Nous publions le communiqué de la préfecture de La Réunion. (photo d'illustration rb / www.ipreunion.com)

Une équipe d’archéologues de l’Inrap mène actuellement une fouille au Puits des Anglais, à Saint-Philippe, dans un camp de travailleur datant du 19ème siècle.

La fouille, prescrite par l’État couvre 6.500 mètres carrés et précède un aménagement du site par la société publique locale maraina pour le compte de la commune de Saint-Philippe.

Des visites du chantier archéologique sont organisées à destination du grand public, le vendredi 30 octobre de 9h à 12h et de 13h à 16h.

Ces visites seront animées par Annie Bolle, responsable des recherches archéologiques à l'Inrap. En raison du contexte sanitaire, elles se feront uniquement sur réservation auprès de la ville de Saint-Philippe, en contactant le 02 62 37 00 12. Le port du masque est obligatoire et seuls sont autorisés les groupes de six personnes maximum.

- Le camp des engagés borde le domaine du Baril dans le coeur du sud sauvage à Saint-Philippe -

Situé sur le flanc du piton de La Fournaise, le territoire de Saint-Phillipe est fréquenté dès le début du 18ème siècle. En l’absence de routes, il est alors difficile d’accès. C’est donc par la mer, malgré des conditions extrêmes, que s’effectuent les liaisons et le développement du sud sauvage. Cette zone a connu des débuts de colonisation à la fin du 18ème siècle. Les pluies y sont abondantes et s’infiltrent rapidement, creusant des puits, dont le puits des Anglais, ce qui permettra de pallier l’absence d’eau douce. La commune de Saint-Philippe est créée vers 1830.

L’emprise de la fouille est limitée à l’ouest par la ravine Bétail qui borde de quelques mètres en amont l’usine du Baril, aujourd’hui en ruine. Cette usine à sucre, construite en 1861, est équipée de moteurs à vapeur. Les plantations de cannes s’installent tardivement dans une zone consacrée jusque-là au café et surtout au girofle. Après la chute du cours du sucre, l’usine cesse son activité sucrière. Elle compte alors 430 engagés et affranchis. L’usine est transformée en féculerie à manioc et une nouvelle cheminée est construite en 1919.

Les structures observées (trous de poteau et de piquets) appartiennent à des constructions légères, de type cases et peut-être également à des palissades. Des constructions sont attestées sur ce terrain sur deux plans datés de 1874 et par un cliché datant des années 1920. Des cases disposées en rangées y sont indiquées comme un camp malgache. Quelques foyers semblent marquer l’emplacement de cuisines. Une activité de forge est également reconnue.

Le mobilier mis au jour (verre, céramique, éléments métalliques) est réduit, reflétant des conditions de vie sommaires. Le mobilier date du 19ème siècle et de la première moitié du 20ème siècle. Il comprend également des éléments résiduels du 18ème siècle. Peu de travaux ont porté sur les camps de travailleurs engagés. C’est essentiellement au travers des archives que les logements d’engagés établis à proximité de l’usine sucrière sont connus. Les fouilles permettront de documenter les activités réalisées dans le camp des travailleurs et en particulier la présence de forgerons.

- L’Inrap et le service régional de l'archéologie sur le chantier -

L’institut national de recherches archéologiques préventives est un établissement public placé sous la tutelle des ministères de la Culture et de la Recherche. Il assure la détection et l’étude du patrimoine archéologique en amont des travaux d’aménagement du territoire et réalise chaque année quelques 1.800 diagnostics archéologiques et plus de 200 fouilles pour le compte des aménageurs privés et publics, en France métropolitaine et Outre-mer. Ses principales missions sont l’analyse et l’interprétation scientifique des données de fouille ainsi que la diffusion de la connaissance archéologique. Ses 2.200 agents, répartis dans 8 directions régionales et interrégionales, 42 centres de recherche et un siège à Paris, en font le plus grand opérateur de recherche archéologique européen.

Le service régional de l'archéologie (SRA) de la direction des affaires culturelles de La Réunion, créé en 2010, administre et coordonne la politique publique de protection, d'étude et de valorisation du patrimoine archéologique (Livre V du code du Patrimoine), sur l'île de La Réunion, à Mayotte et dans les Terres australes et antarctiques françaises (TAAF). Dirigé par un conservateur régional de l'archéologie, le SRA veille à l'application de la législation relative à l'archéologie. Il prescrit les diagnostics et les fouilles préventives, instruit les demandes d'autorisation de fouilles, surveille et contrôle leur exécution, après avoir consulté la commission territoriale de la recherche archéologique (CTRA) qui rend son avis.

ll encadre la recherche archéologique régionale et contribue à l'enrichissement et à la mise à jour de la carte archéologique nationale. Enfin, le SRA met en œuvre les mesures nécessaires à la protection, la conservation et la valorisation du patrimoine archéologique mobilier et immobilier et assure la diffusion et la promotion de la recherche.

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