Saint-Gilles et Saint-Pierre dans le viseur de la préfecture

Les bars et restaurants péi redoutent la fermeture anticipée

  • Publié le 18 novembre 2020 à 02:59
  • Actualisé le 18 novembre 2020 à 07:26

Le préfet Jacques Billant a averti les restaurateurs de Saint-Gilles, l'Hermitage et Saint-Pierre ce vendredi 13 novembre 2020 : si le non-respect des protocoles sanitaires continue, un couvre-feu de 21 heures sera imposé. Depuis, responsables de bars comme de restaurants redoutent de bientôt devoir fermer à 21h... voire de devoir fermer tout court. Si une dégradation de la situation sanitaire est observée, la préfecture envisage en effet une fermeture anticipée des bars et restaurants à 22h30 sur tout le département. (Photo d'illustration rb/www.ipreunion.com)

L'avertissement ne peut pas être plus clair : si les manquements aux protocoles sanitaires continuent, les sanctions tomberont. Deux mesures sont envisagées si la situation sanitaire se dégrade : fermeture des bars et restaurants à 21h dans un premier temps dans les zones les plus critiques, fermeture à 22h30 pour tous les bars et restaurants du département dans un second temps.

Des annonces - bien que non appliquées encore - qui ont du mal à passer pour les restaurateurs et les gérants de bars, déjà ébranlés par le premier confinement. Les contrôles n'ont d'ailleurs pas tardé. Ce week-end, pas moins de 423 établissements ont été contrôlés. Résultat des courses : 112 infractions relevées, 64 mises en demeure et sept fermetures administratives prononcées.

Pour beaucoup de professionnels, devoir fermer à 21h les obligerait par ailleurs a tout simplement fermer boutique tant que la mesure sera en place. "La plupart de notre clientèle réserve entre 20 et 21h, à quoi bon ouvrir dans ce cas ?" s'interroge Benjamin Cochet, responsable du bar-restaurant QG à Saint-Gilles. C'est déjà décidé pour lui, en cas de limitation des horaires d'ouverture, l'établissement fermera et les sept employés actuels seront mis au chômage partiel.

"Ce n'est pas comme si les clients allaient dîner à 18 heures, ou qu'ils allaient sortir du travail plus tôt pour aller au restaurant ou dans un bar" continue-t-il.

Même son de cloche du côté de Saint-Pierre, dans les locaux du Before. "On tourne déjà avec 50% de nos effectifs, la moitié du personnel étant au chômage partiel" détaille Eric Lienard, directeur de l'établissement. "On a aussi enregistré une perte de 50% du chiffre d'affaires depuis la réouverture, si on doit fermer à 21h, alors on fermera totalement" continue-t-il.

Les contrôles, comme annoncé, se sont multipliés chez lui : le QG a été contrôlé les 8, 10, 13 et 14 novembre. De "l'acharnement" aux yeux du directeur. "On stigmatise les bars et les restaurants, pourtant, il ne me semble pas que de foyer de contagion ait été détecté dans ces établissements dernièrement" indique-t-il.

Il a d'ailleurs été mis en demeure lors d'un contrôle. "Cinq personnes étaient debout sans masque, mais comment voulez-vous qu'on contrôle les faits et gestes de chaque client quand 150 personnes sont présentes et que notre équipe n'est pas complète ? Pour tout faire respecter, il faudrait pouvoir engager un videur, une personne pour contrôler les allers et venues de chacun, c'est infaisable" se plaint-il.

- Une amélioration notée par les autorités -

Certains restaurateurs sont cependant plus optimistes. A Saint-Pierre toujours, Ludovic Gachet, directeur de la Bodega, reste confiant. "Pour l'heure, on ne parle pas encore de fermeture, alors on fonctionne comme d'habitude. Après, s'il faut s'adapter, on le fera au fur et à mesure des annonces" explique-t-il.

Alors que les contrôles se renforcent, ce dernier considère que les restaurateurs ont compris le message. "Mieux vaut respecter des mesures contraignantes, qui nous pénalisent, que de fermer totalement" tempère le directeur.

Du côté de Saint-Gilles, au D.C.P, hors de question de fermer l'établissement, même si les horaires deviennent plus contraignants. "On continuera de travailler par tous les moyens, comme on le fait depuis la réouverture" indique Catherine Lavit, directrice de l'établissement. "Fermer à 21h ne nous arrangera pas, c'est sûr, mais il faudra bien s'adapter. Certains professionnels ne jouent pas le jeu malheureusement, et même si nous respectons parfaitement les restrictions sanitaires, on prendra aussi" continue-t-elle.

Elle a par ailleurs noté une baisse de fréquentation de 50% en comparaison à l'avant-covid. "Normalement, en novembre, c'est une période forte en matière de tourisme. Aujourd'hui, il n'y a personne, c'est catastrophique" déplore-t-elle.

- Alerte chez les 15-44 ans -

Pour l'heure, après la vague de contrôle du week-end passé, les autorités notent une amélioration du respect des protocoles sanitaires. Les restaurateurs peuvent donc souffler - un peu - en s'assurant de ne pas relâcher l'attention.

Mais pour éviter tout scénario catastrophique pour les bars et les restaurants, l'ARS demande aux clients avant tout d'être vigilants. "On observe un relâchement des gestes barrières. Il suffit de compter : sur une centaine de personnes, le nombre qui porte le masque est très faible" remarque le docteur François Chièze. "Il y a une véritable prise de conscience à avoir. Oui c'est difficile mais il faut savoir ce que l'on veut."

Trois enjeux, rappelle-t-il, au cœur de la crise en ce moment : l'aspect sanitaire, l'aspect économique et l'aspect "fêtes de fin d'année". Trois motifs qui devraient nous pousser à faire plus attention que jamais. "En août, la population a réagi de manière remarquable pour faire chuter le taux d'incidence, il n'y a aucune raison pour ne pas avoir de réaction dans le même sens aujourd'hui. Il faut avoir cette réaction civique. On a les moyens d'y remédier" ajoute François Chièze.

Quand on regarde le taux d'incidence par tranches d'âge, les choses se stabilisent, "sauf pour les 15-44 ans : ça monte quasiment à la verticale ! On est à 120 pour 100.000 habitants pour cette tranche d'âge à l'heure actuelle". Population majoritaire dans les bars et les restaurants.

Si la mesure visant à laisser ses coordonnées dans les restaurants permet de "consolider les données des laboratoires et de l'assurance maladie", les efforts ne doivent pas être abandonnés. "C'est réellement un travail de pédagogie qu'il faut mettre en place. Je peux comprendre que ce soit compliqué, parce que ça dure. Mais on est à quasiment 100 cas par jour en moyenne en ce moment. Gardons en tête que ces comportements inciviques jouent sur les autres missions sur l'assurance maladie. Et les couvre-feux seront la conséquence de ces attitudes" prévient le docteur Chièze.

 as / www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

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3 Commentaires
Bilimbis
Bilimbis
3 ans

C'est comme d'hab, les règles et les restrictions sont subies par tout le monde, parce qu'un groupuscule d'inconscients se croit au-dessus des lois.Et, c'est malheureusement comme ça dans tous les domaines. Sérieux, c'est lourd!!

HULK
HULK
3 ans

Injuste que les mauvais paient pour les bons, mais que ces derniers réagissent contre les premiers et ne se laissent stigmatiser par des voyous qui ne respectent rien. Réagissez avant,pas après.

ZembroKaf
ZembroKaf
3 ans

Alors que la grande majorité de cette profession sont conforme aux règles sanitaire...une petite minorité (peu ou pas contrÃ'lé : la boutik du coin..., snack bar du kartié...bar "rien à foutre du préfet et du Covid"...)...font que toute cette profession sera pénalisée !!!