Décryptage par des experts de la communication

"Les non-vaccinés, j'ai très envie de les emmerder" : un acte politique "voulu"

  • Publié le 6 janvier 2022 à 02:58
  • Actualisé le 6 janvier 2022 à 07:03

Dans une interview accordée au Parisien, le Président de la République a lâché : "les non-vaccinés, j'ai très envie de les emmerder". Ces paroles ont provoqué un torrent de réactions aussi bien sur la toile que dans les médias et dans les rangs des politiques. Un acte politique "voulu", selon des experts de la communication (Photo d'illustration : AFP)

"Les non-vaccinés, j'ai très envie de les emmerder". Voilà ce qu'a déclaré Emmanuel Macron, Président de La République au journal Le Parisien dans une interview parue le mardi 4 janvier, sur leur site internet. Ces paroles ont fait réagir la France entière : les médias se sont emparé de cette frasque tout comme les internautes.

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"Le Président de la République a voulu marquer les esprits et provoquer un sursaut autour de la stratégie vaccinale face à une crise sanitaire hors normes", affirme une experte de la communication exerçant dans le nord de l'île. "La stratégie de communication est construite et clairement affirmée. À ce niveau rien n’est laissé au hasard. Dans le contexte où ces mots ont été prononcés, l’improvisation n’a pas sa place" ajoute-t-elle.

"Ce ne sont pas des mots en l’air sortis de manière spontanée, mais des propos bien réfléchis et placés stratégiquement, avec un objectif très clair : cliver le débat au moment où la situation épidémique prend des proportions incontrôlables" dit encore l'experte. "La communication du Président de la République, candidat potentiel, est ici totalement maîtrisée. La brutalité des termes employés est à dessein" poursuit-elle

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"Par ces propos, il crée une rupture dans son discours de départ ; il voulait protéger l'ensemble des Français. Aujourd'hui il fait une scission entre les vaccinés - les "gentils" - et les non-vaccinés - les "méchants"", lance Olivier Van Doren, directeur clientèle de l'agence de publicité Livingstone. Il rappelle que 49 millions de personnes dans le pays sont complètement vaccinées, soit 75% des Français. Un quart des concitoyens ne le sont donc pas encore. A cela s'ajoute une augmentation croissante du nombre de contaminations jour après jour et une tension hospitalière accrue.

"Il a pu se lâcher par provocation comme d'autres politiques avant lui. C'est montré aussi ici qu'il en a marre qu'il veut qu'on l'écoute. Pour lui, les anti-vaccins constituent ceux qui sont contre sa politique", poursuit-il. 

"Le Président de la République a voulu marquer les esprits et provoquer un sursaut autour de la stratégie vaccinale face à une crise sanitaire hors norme. Il joue la provocation, ces mots vont vraisemblablement marquer la campagne présidentielle" le rejoint l'experte en communication

- Un acte maîtrisé à l'approche de l'élection présidentielle -

"Les non-vaccinés, ça ne va pas leur plaire mais il faut prendre en compte la responsabilité individuelle pour le collectif. On ne peut pas compter sur les autres pour que l'épidémie s'arrête. Par ces mots, il dit : si vous ne voulez pas vous faire vacciner, c'est tant pis pour vous", analyse Laurent Saget, consultant en communication spécialisé en gestion de l'information.

Derrière tout ce débat se cache donc finalement un acte de communication tout à fait assumé par Emmanuel Macron et son équipe. Preuve en est avec la justification de Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, qui a déclaré à la sortie du Conseil des ministres ce mercredi : "qui emmerde qui aujourd'hui ? Ce sont ceux qui s'opposent au vaccin", appuyant ainsi et justifiant les propos du Président.

Avec son "Les non-vaccinés, j'ai très envie de les emmerder", Emmanuel Macron souhaite rassembler les Français autour d'une même cause ; celle de combattre le virus par la vaccination. "Il savait très bien que cela allait faire la une des médias, et que c'était alors du pain béni pour ces derniers et leurs gros titres. S'il y avait un réel danger pour sa posture politique, il ne l'aurait pas sortie… La phrase peut ne pas lui porter préjudice", estime Olivier Van Doren.

Il y aurait donc ici "une forme de communication positive" notent certains experts. A près de quatre mois de l'élection présidentielle, alors qu'il indiquait avoir "envie" de se présenter dans l'interview du Parisien, le Président rallie son électorat et même ceux des autres bords politiques qui partagent la même idée que lui sur le vaccin. "Ce genre de propos va le faire grimper un peu plus dans les sondages, déjà qu'il était bien estimé par les Français en raison de la gestion de la crise des gilets jaunes, par exemple. Du moins il ne perdra pas de point", analyse Laurent Saget. Il faudra attendre quelques jours pour voir un éventuel changement dans les intentions de votes des Français pour l'élection du futur Président de la République.

 

- "De la taquinerie" -

Pour Laurent Saget, spécialiste en gestion de l'information, "la première vertu de ses propos, c'est qu'il s'adresse aux vaccinés. Il dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas". Avec des termes plutôt étonnants, voire choquants pour certains, mais il ne faut pas les prendre comme une menace pour les non-vaccinés selon le spécialiste. "C'est de la taquinerie, de l'humour ! C'est très malin de sa part de dire ça", poursuit-il.

Comme le précisent les communicants interrogés sur le sujet, c'est un acte de plus pour sa campagne. "Ces propos vont faire bouger les choses dans les autres partis ; c'est comme un coup de pied dans la fourmilière", renchérit le directeur de clientèle de l'agence de publicité Livingstone.

"La stratégie de communication à l’offensive du Président de la République rencontre une limite lorsqu’il porte le débat sur la qualité de citoyen en retirant ce statut à toute personne non vaccinée. Ce sont aussi ces propos qui ont provoqué l’ire de la classe politique dans toute sa diversité" tempète l'experte en communication. "Il ne s’agit pas d’une provocation de campagne électorale mais bien d’un débat de fond sur la citoyenneté en ramenant le débat sur le fait citoyen au moment où la campagne des présidentielles se sclérose autour de l’identité et de l’immigration" commente-t-elle.

"La petite phrase qui fait débat, mobilise le plus la population" estime pour sa part Laurent Saget. Mais "même si la communication est maîtrisée et qu’elle a remplie l’objectif recherché pour Emmanuel Macron, le Président de la République, Président de tous les français, prend un risque politique en mettant ainsi au ban de la société des citoyens français sur le seul fait qu’ils ne sont pas vaccinés" relève l'experte en communication. "

"C’est en particulier sur ce point qu’une partie de la population, même vaccinée, pourrait ne pas être d’accord" termine-t-elle.

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ef/www.ipreunion.com /redac@ipreunion.com

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5 Commentaires
CHABAN
CHABAN
2 ans

Atterrant !

Jeanbon
Jeanbon
2 ans

Moi aussi je l'emmerde !

Coup de tête
Coup de tête
2 ans

''... compter sur les autres pour que l'épidémie s'arrête... '' Il est acquis que le vaccin n'empêche pas la contamination, donc que vient faire cette phrase dans cet article' Qui n'est pas encore au courant de cet état de fait reconnu par l'état lui même '

parce que vous Êtes gouvernés par Les Ratés En Mouvement ( LREM )
parce que vous Êtes gouvernés par Les Ratés En Mouvement ( LREM )
2 ans

L'androïde à l' Elysée, un excité qui ne sait plus comment fourguer ses injections expérimentales qui lui restent sur les bras . La bassesse de ses propos démontre que ses nerfs lâchent pour tomber dans le caniveau

Lucay
Lucay
2 ans

Donner nous la preuve que les non vacciné transmet le virus au personne vacciné surtout ceux qui ont fait 3 doses