Sélection Péruvienne.

Jefferson Farfan, soliste du Pérou dans l'ombre du chef d'orchestre Guerrero

  • Publié le 15 juin 2018 à 16:14
  • Actualisé le 15 juin 2018 à 17:16

Petit, Jefferson Farfan jouait du Cajon dans les rues de Lima pour quelques pièces... Au Mondial russe, c'est à la sélection péruvienne que le meneur de jeu devra donner son rythme, tel un soliste au service du maestro inca Paolo Guerrero

Au Pérou, il y a le chef d'orchestre de la sélection, Paolo Guerrero, 34 ans, 89 capes et 35 buts depuis 2004, mais dont la participation à la Coupe du monde a été incertaine jusqu'au dernier moment à cause d'une suspension pour dopage. Et juste à côté, un peu dans l'ombre mais toujours proche de l'attaquant de Flamengo, un autre vétéran fait figure de base chez les Incas: le joueur du Lokomotiv Moscou Jefferson Farfan, à l'histoire plutôt ahurissante et qui sera chargé en Russie d'accorder sa partition à celle de son ami Guerrero. Adapter son rythme, "Jeffry" sait faire. Natif de Villa El Salvador, dans la très pauvre et poussiéreuse banlieue sud de Lima, Jefferson Agustín Farfán Guadalupe a d'abord survécu grâce au "cajon", cet instrument de percussion traditionnel péruvien.


"Ma mère dansait, je jouais"


"Quand j'étais tout petit, je me baladais avec mon cajon, ma mère dansait et moi je jouais. Je recevais un pourboire. J'aime le rythme de la musique", raconte le Péruvien, enfant unique qui a grandi seul avec sa mère, son père les ayant abandonnés durant l'enfance du jeune Jefferson. Un quart de siècle plus tard, Farfan porte des boucles d'oreille en diamant et promène ses enfants en Ferrari à 250.000 dollars dans les rues de Lima.
"Quand je pense que je courais sur les chemins de Villa El Salvador sans chaussures, et qu'aujourd'hui je suis à la Coupe du monde, cela me remplit d'une grande satisfaction", jubile le meilleur buteur du Lokomotiv, sacré champion de Russie cette saison.
Le joueur formé dans le modeste Deportivo Municipal de Lima à 14 ans avant d'éclore en première division péruvienne à l'Alianza Lima - où il a côtoyé Guerrero pour la première fois -, le milieu offensif a eu une carrière internationale en demi-teinte malgré plus de 80 sélections et 25 buts.


Entre blessures et méforme, l'ancien du PSV Eindhoven (2004-2008) et de Schalke (2008-2015) a parfois été mis à l'écart, laissant le maître à jouer du Pérou Paolo Guerrero, plus adulé, devenir peu à peu l'incarnation des Incas.


"Un rêve"


C'est l'actuel sélectionneur, Ricardo Gareca, qui lui redonne sa chance, fin 2017, pour qualifier le Pérou au Mondial russe. Le joueur doit retrouver son meilleur niveau, laisser derrière lui une très médiatique relation amoureuse avec une chanteuse de salsa, se plier aux règles.
"Jefferson a une détente qui lui permet de dominer n'importe quelle défenseur dans le monde", souligne Gareca, qui décide de faire confiance au duo Guerrero-Farfan.
Et cela fonctionne: C'est d'abord Guerrero qui qualifie le Pérou pour les barrages du Mondial en égalisant contre la Colombie en octobre dans les dernières minutes du dernier match de qualification. Et lorsque la star est épinglée pour un contrôle positif à un métabolite de la cocaïne, Farfan prend le relais en ouvrant le score contre la Nouvelle-Zélande lors du barrage aller, but crucial pour la future qualification péruvienne.
"Il m'est arrivé de bonnes choses et de mauvaises choses. Maintenant, c'est un rêve de jouer le Mondial" savoure celui qu'on surnomme la "Foquita" (le petit phoque), en mémoire de son oncle Roberto, attaquant des Incas surnommé le "Phoque".


A 34 et 33 ans, voici les deux amis qualifiés pour leur première Coupe du monde, avec l'occasion dès samedi contre le Danemark d'auréoler leur carrière internationale d'une épopée en Coupe du monde, la première que joue le Pérou depuis 1982.
Interrogé par l'AFP, l'ex-sélectionneur Percy Rojas en est certain: "Avec Guerrero et Farfan nous sommes assez armés devant car ce sont deux joueurs de calibre international. Avec eux, on dispose d'une force offensive que d'autres sélections n'ont pas".

© 2018 AFP

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