Elle doit encore convaincre

Mondial-2018: la Belgique colosse offensif à la défense d'argile ?

  • Publié le 24 juin 2018 à 16:52
  • Actualisé le 24 juin 2018 à 17:14

Avec huit buts en deux matches, l'attaque de la Belgique emmenée par Eden Hazard et Romelu Lukaku éblouit. Au point de rendre parfois aveugle sur les limites d'une défense qui devra encore convaincre face à des adversaires plus coriaces.


"Aujourd'hui, n'oubliez pas que c'est une équipe qui convenait à notre style". On peut toujours compter sur Roberto Martinez pour casser l'ambiance.
Alors que supporters, journalistes, spectateurs se frottaient encore le ventre pour digérer le festin offensif offert par les Diables Rouges et les Aigles de Carthage lors d'un match enfin généreux en buts dans ce Mondial (5-2), le sélectionneur belge, lui, ne perdait pas le nord.

"Je trouve que nous n'avons pas toujours assez bien gardé le ballon. Avec une avance de deux buts, on aurait dû contrôler la situation un peu mieux", a-t-il encore lâché. Rabat-joie le technicien espagnol ? Pas tant que ça, ses joueurs eux-même n'étant pas dupes de ce deuxième succès qui leur ouvre quasiment les portes du tour suivant avec 6 points et une différence de but enviable de +6.

- Souplesse tactique en défense -

Mais elle aurait pu être plus large sans un relâchement sur un coup franc chirurgical de Wahbi Khazri sur la tête de Dylan Bronn deux minutes à peine après le but du 2-0, et sans une réalisation de Khazri, récompensé pour son inlassable activité, dans les dernière secondes. "Pour les prochains matches, ça ne devra pas arriver et ça n'arrivera pas", a promis Youri Tielemans, après le match.

"En Coupe du monde, il faut toujours être concentré, de la première à la dernière minute", a renchéri le gardien Thibaut Courtois. Mais ces deux buts encaissés vont encore apporter de l'eau au moulin de ceux qui estiment que la défense reste le talon d'Achille qui empêchera peut-être les Diables de toucher du doigt le paradis d'un titre majeur.

En cause, le virage tactique amorcé par Martinez à son arrivée en installant une défense à trois comme option défensive préférentielle. La Belgique a mis du temps à assimiler pleinement ce nouveau système car il nécessite des joueurs très spécifiques, notamment sur les flancs. Thomas Meunier, à droite, n'est pas trop dérangé par ce rôle de piston, mais à gauche, Yannick Ferreira-Carrasco, davantage attaquant que défenseur, fait encore parfois lever un sourcil dubitatif aux puristes, même si ses progrès son flagrants.

La Belgique conserve toutefois une capacité à passer rapidement à une défense à quatre plus courante dans le football actuel et jugée plus rassurante. Une souplesse tactique qui a payé contre le Panama en seconde période où les trois buts ont été inscrits (3-0) "Il faut toujours faire en fonction de l'adversaire, on ne peut pas juste jouer notre jeu sans faire attention à ce que l'adversaire fait (...) La variation du coach de jouer à quatre derrière en deuxième mi-temps a été très positive", a rappelé Meunier.

- 1 but encaissé pour 3,5 de marqués -

"Ce n'est pas à cause du système" qu'on concède beaucoup d'occasions, a plaidé Courtois. "À Chelsea, on joue aussi à trois derrière et on n'encaisse pas beaucoup de buts". "On joue plus offensif, on joue avec le ballon, tu sais que quand tu joues comme ça, les autres équipes vont avoir des occasions contre toi. Il faut juste défendre bien et essayer de faire les arrêts", a-t-il encore assumé.

Les statistiques peinent d'ailleurs à donner raison aux contempteurs de la défense belge. Avec 19 buts encaissés en 21 matches, en comptant ceux de samedi, l'arrière-garde belge n'a rien d'une passoire. Et en football, il y a toujours deux façons de gagner un match: en prenant un but de moins que l'adversaire ou en en marquant un de plus.

Avec 72 ballons propulsés au fond des filets adverses dans le même laps de temps - 3,5 de moyenne par match ! -, la Belgique a clairement opté pour la seconde. Qui ira le lui reprocher ?

© 2018 AFP

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