Mondial-2018

Argentine: à Buenos Aires, de la souffrance à la délivrance

  • Publié le 27 juin 2018 à 01:48
  • Actualisé le 27 juin 2018 à 06:04

La Coupe du monde en Russie s'annonce comme le Mondial de l'angoisse pour les supporteurs argentins: mardi à Buenos Aires ils sont passés du bonheur à la déprime, avant que Rojo ne délivre tout un pays.

La qualification pour les huitièmes de finale du Mondial, contre la France samedi, a été douloureuse. "J'ai trop souffert, c'était terrible pour les nerfs. Quel plaisir de les voir gagner. Maintenant, on va faire la fête en famille", confie Juan Manuel Caceres, 68 ans, un drapeau argentin sur les épaules, venu assister au match dans une fan zone de la capitale argentine.

"Rien n'est jamais perdu. Des fois, le football te donne des moments de tristesse, puis de joie. C'est comme ça. Je suis soulagée et optimiste pour la suite", dit Noelia Fernandez, une fonctionnaire de 32 ans, qui ne quitte pas des yeux l'écran géant, dans l'attente du coup de sifflet final. Sur la place San Martin, dans un quartier chic de Buenos Aires entre ministères et ambassades, se mêlent des employés de bureaux faisant une pause et des habitants de la Villa 31, un bidonville situé à 1 km de là, dans une zone proche du port.

- "Messi je t'adore" -

Quand Messi a ouvert le score, des centaines de bras se sont levés, la foule a célébré le but pendant plusieurs minutes, en chantant. "Le 10 est là, a hurlé Carlos Di Martino, 18 ans, chômeur et footballeur amateur. Messi, je t'adore, tu es un grand". "Messi, notre éternel espoir. Ne cessons jamais d'avoir foi en lui", a lancé le commentateur du match à la TV argentine, après s'être époumoné au micro: "gol, gol, goooool de Messi".

Drapeaux, bonnets, maillots bleu et blanc, chants et larmes d'émotion, l'ambiance à Buenos Aires n'avait rien à envier à celles des tribunes du stade de Saint-Pétersbourg. "Ce grand but de Messi, je l'ai gravé dans mon c?ur. C'est un des plus importants de sa carrière. Il est toujours là quand on l'attend", confie Emanuel Rodriguez, un chef de 26 ans. A ce moment du match, l'optimisme était de rigueur.

En début de première période, le penalty en faveur du Nigeria a été sifflé et contesté par le public. "Noooooooo", s'est lamentée Renata Belgrano, 26 ans, venue voir le match avec des amies, armées d'un thermos de maté, l'infusion qu'affectionnent les Argentins. L'égalisation a été suivie d'un long silence. Après des vains encouragements pour le gardien "Franco, Franco", pris à contrepied sur le penalty. Les Argentins ont alors broyé du noir pendant 40 minutes, jusqu'au but décisif de Rojo, à la 86e minute.

- Rojo, "la bénédiction" -

Ils sont habitués de souffrir avec leur sélection. L'Albiceleste s'était qualifiée dans la douleur pour la Coupe du monde, lors du dernier matches des Éliminatoires, grâce à un triplé de Messi en Equateur (0-3). Emanuel Rodriguez a désormais le regard fixé sur le match de samedi contre la France. "Maintenant, ça va aller mieux pour nous dans ce Mondial. Messi est le meilleur joueur de la planète.

"Mais le plus important, c'est pas le foot, c'est de résoudre les problèmes économiques du pays", dit-il en référence à l'inflation qui dépasse les 25% et le ralentissement de la 3e économie d'Amérique latine. Julio Turumayo a "toujours cru à la qualification" argentine, malgré les faux pas conre l'Islande (1-1) et la Croatie (0-3).

"On est en huitièmes, célèbre-t-il, que c'était dur! Avec son but, Messi a cloué le bec à ses détracteurs, celui de Rojo, c'est une bénédiction" confie ce maçon de 38 ans venu avec femme et enfants, depuis la Villa 31. Pour Renata Belgrano, "ce sera difficile d'aller beaucoup plus loin. La sélection doit encore beaucoup progresser pour être au niveau des grandes nations".

AFP

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