Mondial-2018

Luis Suarez, enfin assagi ?

  • Publié le 29 juin 2018 à 16:04
  • Actualisé le 29 juin 2018 à 16:15

Luis Suarez est un attaquant aux multiples facettes, truqueur et buteur, tranquille et intenable. Et après avoir montré son visage le plus sombre en 2010 et 2014, l'avant-centre uruguayen peut prouver qu'il a mûri samedi en huitièmes du Mondial-2018 face au Portugal.

Le "Pistolero", on l'aime ou on le déteste! Adulé en Uruguay pour sa rage de vaincre, apprécié à Barcelone pour son flair de finisseur, il est aussi décrié à Madrid qu'en Angleterre, au Ghana ou en Italie pour ses coups bas et sa tendance à disjoncter en plein match. Toute la planète foot se souvient encore de sa cynique main volontaire pour stopper un tir ghanéen sur sa ligne en quarts du Mondial-2010. Et comment oublier sa morsure sur l'épaule de l'Italien Giorgio Chiellini en phase de poules du Mondial-2014, qui lui avait valu une lourde suspension ?
Pourtant, Suarez gagne à être connu. Grand ami de Lionel Messi à Barcelone, c'est un papa poule qui embrasse toujours trois doigts à chaque but inscrit en hommage à sa femme Sofia et à ses enfants Delfina et Benjamin, en attendant l'arrivée prochaine d'un troisième bambin.


"Quand tu le rencontres chez lui, que tu vas manger avec lui, c'est exceptionnel comme il est tranquille, comme il aime sa famille et ses amis", a récemment déclaré à l'AFP l'ancien international uruguayen Gustavo Poyet. "Mais quand il met les pieds sur un terrain de jeu, ça change complètement. Ca, c'est uruguayen", a ajouté l'entraîneur de Bordeaux. "Dans chaque Uruguayen, il y a un peu de Suarez, c'est le joueur qui nous représente le plus." Au moment de son transfert à Barcelone pour 81 M EUR, en pleine tourmente après son éviction du Mondial-2014, Suarez avait assuré consulter des "professionnels adaptés" pour canaliser son trop-plein d'agressivité.

- Rédemption -

"J'ai essayé d'oublier ce match (contre l'Italie) et cette situation. C'était un moment difficile pour moi et je dis à tous les supporteurs de ne pas s'inquiéter, car je ne le referai jamais", avait alors déclaré ce mordeur multi-récidiviste. Les quatre années suivantes ont confirmé cette rédemption: Suarez n'a pris aucun carton rouge direct avec le Barça depuis son arrivée en 2014, seulement une exclusion pour deux cartons jaunes en Coupe du Roi lors d'un choc bouillant contre l'Atlético Madrid en 2017... Pas si mal pour un mauvais garçon!


Et il reste sur 25 buts en 33 matches de championnat cette saison, ce qui en a fait le troisième meilleur buteur de la Liga derrière Lionel Messi et Cristiano Ronaldo. Plus deux buts en finale de Coupe du Roi (5-0) contre Séville pour sceller le doublé Liga-Copa. "C'est un attaquant que beaucoup d'équipes voudraient avoir. Nous avons la chance de pouvoir compter sur lui et qu'il nous apporte autant", déclarait en début d'année l'entraîneur barcelonais Ernesto Valverde. "Y'a-t-il vraiment un match où Luis Suarez n'est pas motivé ?"

- Plus discipliné -

A 31 ans et après avoir fêté sa 100e sélection en Russie, l'attaquant aux 53 buts internationaux s'est peut-être assagi, tout en conservant son vice et son goût du duel.
"Il est comme ça, généreux. Il a toujours été comme ça, à Groningue, à l'Ajax, à Liverpool, à Barcelone. Il a toujours eu un grand sens des responsabilités", a expliqué son sélectionneur Oscar Tabarez.
C'est cette responsabilité qui l'a poussé à se montrer sous un jour plus discipliné en Russie, avec aucun carton jaune récolté, déjà deux buts en trois matches et un parcours parfait: trois victoires pour l'Uruguay, aucun but encaissé et la première place du groupe A.
"Personnellement je suis très content, mais je suis surtout content de poursuivre nos objectifs collectifs", a lancé Suarez, déjà tourné vers son prochain défi: déboulonner le colosse portugais Cristiano Ronaldo, son rival du Real Madrid. Et sans perdre son sang-froid, si possible.

 © 2018 AFP

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