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Thuram à l'AFP: "Jamais je n'aurais rêvé marquer un but comme Pavard !"

  • Publié le 2 juillet 2018 à 17:23
  • Actualisé le 2 juillet 2018 à 17:36

Lilian Thuram relativise la ressemblance de son doublé en demi-finale du Mondial-1998 avec le somptueux but de l'arrière droit actuel des Bleus Benjamin Pavard contre l'Argentine samedi en 8e de finale, puisqu'il n'aurait "jamais rêvé" en marquer un si beau. "Je tiens à le féliciter, mais pas que pour son but: pour tout ce qu'il fait: défensivement il est très bon", a souligné le champion du monde et recordman de sélections en équipe de France (142) dans un entretien à l'AFP.



Q: Comment avez-vous vécu le France-Argentine?
R:
"Je l'ai vu en Guadeloupe. Avant le match, j'imaginais déjà ce type de match, parce que j'avais vu l'Argentine en poules, j'ai vu qu'il y avait un truc qu'elle ne faisait pas bien: défendre. Elle a pris cinq buts en trois matches. Je m'attendais à un match avec beaucoup d'espaces, ça s'est réalisé. Le but de Pavard change vraiment la donne. Jusque-là, l'Argentine menait 2-1, elle-même ne savait pas comment, les joueurs étaient surpris de mener. Je me disais: +Il faut que la France égalise, et elle finira pas gagner+. Quand on perd 2-1 alors que ce n'est pas mérité et qu'on égalise, en plus avec un but de cette qualité, ça galvanise".

Q: Justement, avec ce but de Pavard, on a beaucoup parlé de vous: vous étiez le dernier défenseur français à avoir marqué en Coupe du monde. Vous êtes-vous retrouvé en votre lointain successeur ?

R: "Non, je ne peux pas m'imaginer marquer un but comme ça ! Lui, c'est un geste qu'il maîtrise totalement. D'ailleurs, Hugo Lloris a dit qu'à l'entraînement il en mettait des comme ça. Mais moi, jamais je n'aurais rêvé marquer un but comme Pavard ! Moi, je n'étais pas conscient de ce qui se passait. A l'entraînement, je n'en mettais jamais une (rires) ! C'est une très bonne chose pour lui. Ce n'est pas toujours évident de commencer un tournoi alors qu'on n'était pas titulaire avant, je l'ai vécu au Championnat d'Europe 1996. Il est performant au haut niveau. Je tiens à le féliciter, mais pas que pour son but: pour tout ce qu'il fait: défensivement il est très bon".

Q: Vous aviez déjà entendu parler de lui ?

R: "Oui: en fait je le connais depuis longtemps déjà. Il a joué avec mon fils (ndlr: l'attaquant Marcus Thuram) à l'Euro-2015 en U19 et j'ai vu les matches. Déjà, à l'époque, on voyait que c'était un joueur d'avenir. Il y avait aussi Lucas Hernandez: chez lui on voyait une grande détermination et une force de caractère, ça se percevait dans son jeu. Pour Pavard, ça ne se percevait pas tout de suite. Mais à son âge, il avait une très grande intelligence de jeu, et c'était un joueur très techique".

Q: Kylian Mbappé: il vous bluffe?

R: "Non, il ne me bluffe pas. Ce qu'il a fait, il le fait depuis toujours, depuis Monaco. Quand un joueur est extrêmement rapide et que l'équipe adverse lui laisse des espaces, forcément il se régale. C'est ça être un grand joueur: profiter des espaces et être performant. Parce que le détonateur du match, ç'a été Kylian Mbappé. Je suis persuadé que le match a été préparé par l'entraîneur voire par lui-même, il devait savoir que l'Argentine laissait des espaces; on l'a vu contre la Croatie. Ce qui est impressionnant chez lui, c'est qu'il connaît exactement quelles sont ses qualités, alors que souvent les jeunes attaquants se cherchent. Il est jeune, et les jeunes, plus l'adversaire est élevé, plus ils prennent du plaisir. On l'a vu avec Pavard et Hernandez: eux non plus ne se posent pas 10.000 questions".

Q: Les Bleus ont déçu pendant la phase de groupes...

R: "Il y a beaucoup plus de tension dans les matches de poules, parce qu'il y a du calcul, alors que les matches à élimination directe, soit on gagne soit on rentre à la maison, donc on doit être au maximum. Quand on est jeune, on veut gagner et aller de l'avant, alors qu'en poule, il y a une réflexion comptable, et ce sont souvent les plus anciens qui l'ont. Je reste joueur, et quand on est joueur, on veut passer le premier tour, on veut gagner la Coupe du monde: on est là pour le résultat. En poule, l'équipe la plus forte est la France, et les équipes en face se contentent d'un 0-0. Pour faire un beau match, il faut deux équipes, qui ouvrent le jeu, mais alors, on prend le risque que le meilleur gagne".

Q: Antoine Griezmann s'attend à un "match chiant" contre l'Uruguay en quart, vous aussi ?

R: "Plus la compétition avance vers la finale, plus les matches sont tactiques. France-Argentine, avec sept buts, ce n'est pas logique dans la compétition. Ce sera plus fermé. Et l'Uruguay n'a encaissé aucun but en poule. Il faut faire confiance à Didier Deschamps et aux joueurs pour préparer le match le mieux possible. Mais ce match contre l'Argentine, psychologiquement, est très important, pour la confiance".


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