Mondial-2018

Angleterre, la hausse du cours du Sterling

  • Publié le 5 juillet 2018 à 14:45
  • Actualisé le 5 juillet 2018 à 15:22

Caricature de sprinteur jamaïcain à ses débuts, Raheem Sterling s'est métamorphosé en footballeur complet grâce à la pédagogie de Pep Guardiola. Et l'Angleterre en profite, en vue du quart de finale de Coupe du monde contre la Suède, samedi à Samara.

"Guardiola a transformé Sterling en Messi... Enfin presque". Ce tweet de Gary Lineker résume l'extraordinaire progression de Sterling, devenu "un merveilleux footballeur, formidable à regarder", ajoute le meilleur buteur du Mondial-1986. A l'aube de sa carrière, à Liverpool (2012-2015), Sterling agaçait les observateurs et ses propres supporters. Ce natif de la Jamaïque avait une pointe de vitesse à la Usain Bolt mais ne la mettait pas toujours au service du football. Il était brouillon et pas assez adroit devant les cages.

Signer à Manchester City en 2015, pour le plus gros transfert d'un joueur anglais (62,5 millions d'euros), et surtout travailler avec Pep Guardiola, en a fait un tout autre joueur.

- "Apprendre" -

Il a surtout explosé cette saison, marquant 23 buts toutes compétitions confondues, soit presque le double de sa meilleure performance précédente (12 buts), et presque autant qu'en trois saisons pleines chez les Reds (24 buts)! L'ailier, qui jouait surtout sur la vitesse, a étoffé son jeu avec les leçons du Catalan, mais Guardiola considère qu'il devrait marquer plus de buts encore.

"On travaille surtout les bases avec lui", expliquait Sterling une fois le titre de champion d'Angleterre en poche avec les "Sky Blues". "Des petites choses, comment vous recevez le ballon, où vous devez regarder... Il vous pousse à progresser sur ces petites choses et cela améliore vos performances", ajoutait-il.
"Ç'a été super pour moi d'apprendre dans cet environnement et de progresser comme joueur avec lui. C'est un des meilleurs managers du monde", disait encore le "padawan".

Quand on lui rappelait que le maître Jedi "Pep de City" voulait aussi qu'il marque plus, Sterling répondait: "Je dois surtout continuer à m'améliorer et rester concentré sur la manière d'aider l'équipe". Un credo collectif très "guardioliste". Quant au nombre de buts à marquer la saison prochaine, "je me fixe mes propres objectifs, répondait-il. Il y a des détails que je peux changer pour devenir plus précis, plus clinique".

- Nettoyer les toilettes -

Il a servi une passe décisive à Jesse Lingard lors de la promenade panaméenne (victoire des Trois Lions 6-1) mais n'a marqué que 2 buts en 41 sélections, et encore aucun à la Coupe du monde. Voilà sa prochaine marge de progression. Les féroces tabloïds britanniques écrivent quelquefois qu'il devrait aussi progresser hors du terrain, mais Sterling avait répliqué par une lettre ouverte où il estimait que sa vie privée n'avait pas à être parfaitement irréprochable.
Il ne veut pas prendre des leçons de vie - il a été durement critiqué avant le Mondial pour un tatouage d'arme à feu - et les leçons de football ne font pas peur à Raheem Sterling car son enfance difficile l'a endurci.

Son père a été abattu quand il n'avait que 2 ans, il est arrivé en Angleterre à 5 et aidait sa mère, avec sa s?ur, à nettoyer les chambres de l'hôtel où elle travaillait. Il fallait changer les draps, mais aussi nettoyer les toilettes. Puis faire des heures de transports en commun pour aller à l'école de football des Queen's Park Rangers.

L'ex-gamin de Kingston prenait ses petits-déjeuners en achetant de la nourriture dans les distributeurs automatiques de Londres.
Lui et sa famille ont surmonté toutes ces difficultés. Sa mère "est venue dans ce pays avec rien et elle s'est payée toute seule une formation en nettoyant des salles de bains et changeant des draps, raconte-t-il. Aujourd'hui elle est directrice de crèche. Et son fils joue pour l'Angleterre". Et il joue vite. Et pas seulement.

- © 2018 AFP

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