Coupe du monde 2018

Croatie: quand "Super Mario" courait contre la Save

  • Publié le 13 juillet 2018 à 16:35
  • Actualisé le 13 juillet 2018 à 17:03

L'attaquant croate Mario Mandzukic a beaucoup couru en demi-finales contre l'Angleterre avant de marquer le but décisif.

Comme il y a 20 ans, sur les bords de la Save, dans sa Slavonie natale.Son premier entraîneur Damir Ruhek est aujourd'hui âgé 58 ans et toujours employé au NK Marsonia Slavonski Brod. Il se souvient de 1996 et du retour dans sa ville natale du petit Mandzukic, après quelques années en Bosnie puis en Allemagne où les guerres l'avaient chassé. L'enfant qui arrive à l'école de foot, a alors dix ans.

"Son père Mato, qui jouait aussi au foot, m'a demandé de jeter un ?il sur son fils. J'ai dit +OK. S'il est trop petit pour jouer avec cette équipe, on le mettra avec les plus petits+", raconte-t-il à l'AFP lors d'un entretien téléphonique."Mais après les deux ou trois premiers entraînements, j'ai vu qu'il avait un truc spécial. Il sortait notamment du lot par sa vitesse, mais aussi par son endurance à la course", poursuit Ruhek."Quand il est arrivé, on ne pouvait pas utiliser le terrain principal, détruit par les bombardements. Le stade est le long de la Save et, sur l'autre rive, il y avait les forces serbes", raconte l'entraîneur.

- Du stade à la plage -

"Donc les enfants les plus âgés s'entraînaient sur le terrain annexe, mais les plus jeunes on les faisait surtout courir... Du stade aux plages de Poloj, où ils s'entraînaient, il y a plus de 2,5 kilomètres", dit-il."Pour les amener là-bas, je mettais les deux gardiens dans la voiture (...) mais les autres devaient courir. Et le petit Mandzukic était toujours premier. Un miracle !". A 17 ans, le jeune Mandzukic parcourait 3,35 kilomètres en douze minutes, raconte l'éducateur qui a couvé quasiment pendant six ans l'éclosion de l'apprenti footballeur à Slavonski Brod, commune de 50.000 habitants.

Il se souvient aussi du perfectionnisme de son protégé, de son insatisfaction sur sa performance un jour où il avait inscrit deux des trois buts de son équipe.Après une seule saison en pro dans le club aujourd'hui en troisième division, le jeune homme part dans la capitale, au NK Zagreb puis au Dinamo Zagreb où il brillera notamment en Coupe d'Europe, malgré une moisson de cartons témoignant d'un caractère affirmé. Puis il part à l'étranger où il devient "Super Mario" pour ses compatriotes, à Wolfsburg puis chez les géants du Bayern Munich, de l'Atletico Madrid et désormais de la Juventus Turin.

- "Nous serons prêts" -

Mais il n'oublie pas le NK Marsonia, où a débuté en professionnel un autre N.9 de la Croatie, Ivica Olic. "Chaque année, vraiment chaque année", Mandzukic "revient, apporte des maillots et des chaussures pour les enfants de l'école de foot. Il y a quelques années, il nous a donné de l'argent pour retaper notre vestiaire et les douches. Il ne nous a pas oubliés", dit Ruhek. Selon les médias locaux, il a offert la tournée de bière, pour 3.300 euros, aux supporteurs qui regardaient le quart de finale contre la Russie dans la forteresse de Slavonski Brod.

Jeudi, la commune de Slavonski Brod a fait citoyen d'honneur un homme qui, selon le maire Mirko Duspara, est "un fantastique sportif, mais plus encore un homme au grand c?ur"."Il m'appelle, j'ai des maillots de Wolfsburg et du Bayern (...) Quand il était au Dinamo, il m'envoyait toujours des tickets. C'est un grand joueur et un grand monsieur", agrée Ruhek.

Avec 32 buts, "Super Mario" est aujourd'hui le deuxième buteur de l'histoire de la sélection derrière un autre enfant de Slavonie, un certain Davor Suker, né à une centaine de kilomètres au nord, à Osijek. Davor Suker qui en 1998 avait fait très peur aux Français en marquant en demi-finales. Mandzukic espère leur faire plus que simplement peur. "Nous serons prêts dimanche", a-t-il prévenu dans la presse de son pays.

 AFP

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