L'entraîneur de l'équipe de France de surf relativise

Patrick Florès : "le sport passe en second"

  • Publié le 5 avril 2020 à 12:59
  • Actualisé le 5 avril 2020 à 13:45

Les Jeux Olympiques 2020 devaient être les premiers pour le surf. Pandémie mondiale oblige, il faudra attendre une année supplémentaire pour voir les meilleurs du monde se disputer les médailles sur le plage de Tsurigasaki. Les trois qualifiés Français Michel Bourez et les Réunionnais Johanne Defay et Jérémy Florès seront bel et bien de la partie. Pour les places restantes, les modalités de qualification restent à définir. Comme tout le monde du sport, le surf est dans l'expectative d'un retour à la normale au sortir de la crise sanitaire. Patrick Florès, entraîneur principal de l'équipe de France, revient sur ces dernières semaines mouvementées et se projette sur la reprise incertaine de la compétition. (Photo rb/www.ipreunion.com)

Patrick Florès, la décision de reporter les Jeux olympiques à 2021 était-elle la bonne ?

Bien sûr et tout façon je m’y attendais. Il ne pouvait pas en être autrement. Dans des moments difficiles comme celui-là, le sport passe en second. Les Jeux ne sont pas une priorité quand on voit ce qu’il se passe dans le monde. Ne pas reporter à plus tard dans l’année et annoncer tout de suite le report à 2021, c’était la meilleure décision.

À partir de quand avez-vous commencé à anticiper ce report ?

On l’a senti à partir du moment où on a été confiné un peu dans tous les pays. Pour voyager énormément, je sentais que ça ne pouvait pas le faire. J’étais passé par Los Angeles, de retour de Tahiti, il y a un mois. Normalement, on met 1h-1h30 à passer la police des frontières, cette fois on avait mis moins de 10 minutes. C’est à partir de là que je me suis dit que ça ne le ferait pas.

Comment avez-vous vécu l’annonce du report des Jeux, vous qui attendiez que le surf y soit depuis longtemps ?

C’est spécial. Bien sûr qu’on devrait être triste parce qu’on attendait tous ça, mais au vu de l’ampleur de cette épidémie, on relativise complètement. Finalement, quand on y réfléchit, voyager dans ces conditions c’est compliqué. Tant mieux si on reste à la maison, ce n’est pas plus mal. On a tout le temps. Les surfeurs ont une vie exceptionnelle. Je considère toujours que c’est un sport qui est avant tout fun. Attendre un an, ce n’est pas grave par rapport à ce qu’il se passe.

Qu’est-ce que cela change pour vous, entraîneur de l’équipe de France, d’un point de vue technique ?

Je ne peux même pas répondre à cette question, puisque ça ne nous est jamais arrivé. Il faut s’adapter surtout. On devait partir au Salvador au mois de mai pour le dernier championnat du monde avant les Jeux olympiques, qui devait être qualificatif pour les dernières places restantes. On avait une chance de qualifier encore une fille. Les filles commençaient à performer sur le Tour, on était prêt.

Le choix aurait dû être fait maintenant. On ne sait pas réellement comment ça va se passer. On attend ce que décide la Fédération internationale par rapport au dernier championnat du monde qualificatif. On sait que ceux qui sont déjà qualifiés le seront pour l’année prochaine. Pour le reste, on prendra des décisions en fonction de ce qu’il se passe dans le monde. Je reconnais que c’est difficile de s’adapter.

Avez-vous recalibré vos objectifs pour 2021 ?

Non, ça ne change rien. À l’heure actuelle les sportifs sont tous confinés. D’ailleurs ils ont un comportement exemplaire. Ils se sont confinés avant le confinement officiel. Ils ont des vagues exceptionnelles sur Tahiti en ce moment, mais ils n’y vont pas. Johanne est à La Réunion, elle continue à se préparer physiquement. On ne peut pas repenser notre manière de préparer les Jeux olympiques parce qu’ils sont l’année prochaine. Ce sont des professionnels. Ils se préparent depuis des années.

Ils comprennent de toute façon. Bien sûr que c’est important pour eux, c’est important pour nous, mais ce n’est pas prioritaire par rapport à ce qu’il se passe. Il faut prendre sur soi et espérer que tout aille bien pour tout le monde.

Suivez-vous la manière dont les surfeurs s’entraînent et s’occupent pendant le confinement ?

Ce n’est que du physique. Ils ont eu des fiches, ils varient sûrement. On ne peut pas leur demander de respecter les consignes qu’on leur a donné pour une préparation dans les 2-3 mois alors qu’on sait que le programme a changé. Ce qu’il faut, c’est s’entraîner et ne pas perdre le rythme. C’est compliqué. On le voit sur les réseaux sociaux, les sportifs s’adaptent eux-mêmes. Ils redeviennent des gens normaux et s’entraînent à la maison. On réfléchit quand même, mais à chaque fois qu’on se projette sur quelque chose, ça change…

Pour Michel Bourez, Johanne Defay et Jérémy Florès, c’est leur premier break. C’est la première fois qu’ils peuvent faire une pause aussi longue. Ça va sûrement les faire rebondir. C’est le seul côté positif que je vois. Ils sont à fond depuis tous jeunes.

Avez-vous des informations concernant le reste de la saison ?

Non, pas du tout. Sur le circuit professionnel, ils avaient d’abord annulé les compétitions australiennes. Ensuite, ils ont dit que ça irait jusqu’à G-Land. Est-ce que tout peut se jouer sur deux ou trois compétitions ? On ne sait pas.

En 2001, après le 11-Septembre, ils avaient arrêté le Tour après 5 ou 6 compétitions et avaient décerné les titres aux leaders. Je ne sais pas si ça va être pareil cette année. On se lève le matin et on regarde les infos. Mais je pense que c’est parti pour au moins 3-4 mois. Il ne faut pas espérer un redémarrage avant le mois de juillet.

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