Le Comité sportif écrit au préfet et au président de l'association des maires

Crise sanitaire : les mesures prises "mettent en péril la pratique sportive sur l'île"

  • Publié le 9 septembre 2020 à 15:56
  • Actualisé le 9 septembre 2020 à 15:58

Le Comité régional olympique et sportif (CROS) de La Réunion monte au créneau. Tout en indiquant avoir pris acte des mesures sanitaires sur l'île, les différents représentants des ligues et comités sportifs se désolent de ne pas avoir été davantage consultés au moment de prendre des décisions face à la Covid-19. Ainsi l'interdiction de pratiquer certaines activités sportives leur semble "inefficace". Dans un courrier envoyé au préfet de La Réunion et au président de l'ADMR, ils demandent une vraie concertation avec le Mouvement sportif de La Réunion. (Photos d'illustration rb/www.ipreunion.com)

Le monde du sport souffre à La Réunion et les mesures sanitaires impactent de plein fouet la pratique de certaines disciplines, désormais interdites. L'ensemble des représentants des ligues et comités sportifs de l'île parlent d'une même voix ce mercredi 9 septembre à travers une lettre envoyée au préfet et aux président de l'Association départementale des maires de La Réunion (ADMR).

La dernière fois que les représentants du monde sportif avaient haussé le ton c'était au moment des Jeux des îles de l'océan Indien, en mai 2019. Le CROS avait pointé du doigt une organisation "low cost", et un gros manque de moyens financiers pour les athlètes en partance vers l'île Maurice.

Cette fois, ce sont les restrictions sanitaires dûes à l'épidémie de Covid-19 que le CROS vise, en écrivant une lettre au préfet et au président de l'ADMR.

"S'il est vrai que la situation sanitaire actuelle est préoccupante, nous pensons que les mesures prises soit par M. Le Préfet soit par certains Maires mettent en péril la pratique sportive sur l'île et l'existence de nos associations sportives" écrit la présidente du CROS Réunion Monique Cathala à Serge Hoareau, président de l'ADMR.

"Aussi, en tant que représentant du mouvement sportif régional, nous vous demandons une certaine concertation avant toute prise de décision et nous sollicitons un rendez vous afin que nous puissions mettre en exergue, les efforts fournis par ces responsables d'associations, pour lutter concrètement contre ce fléau."

Nous publions également ci-dessous en intégralité la lettre envoyée au préfet Jacques Billant, listant les revendications et les remarques du Comité régional sportif :

"Monsieur Le Préfet,

Nous avons pris connaissance de l'arrêté préfectoral n°2020 - 2704/CAB/BPA imposant le port du masque, limitant les rassemblements dans certains lieux publics et interdisant la pratique de certaines activités sportives dans le Département de La Réunion, et nous en prenons acte.

Cependant, en tant que représentant du Mouvement Sportif à La Réunion et regroupant les Ligues et Comités sportifs, nous nous étonnons de ne pas avoir été invités aux réunions de concertation relatives aux conséquences de ce virus et aux mesures à mettre en place dans le département sur le plan sportif.

Aussi, nous nous joignons au mécontentement de nombreux Présidents d'associations sportives et pensons que la mesure interdisant la pratique de certaines activités sportives nous semble inefficace et va surtout porter un coup fatal à nos clubs.

Les infrastructures sportives, clubs et autres associations vont être laminées par cette décision préfectorale qui casse tout le travail entrepris post-confinement, sachant que des protocoles ont été validés par les Fédérations auprès des instances sanitaires, alors que par ailleurs on continue à protéger d'autres entités, non soumises à ces règles.

Concernant les sports de contact, ils sont multiples. Nous ne pensons pas qu'en empêchant prioritairement les sports collectifs et les sports de combat on va résoudre le problème de la propagation du virus dans l'île. Il nous semble qu'il vaudrait mieux responsabiliser les clubs en leur faisant appliquer les gestes barrières, et en vérifiant la mise en oeuvre effective de ces mesures. En cela nous respectons le travail des bénévoles et on pérennise des emplois pour le personnel qualifié. Notre rôle éducatif est ignoré, alors que celui de l'école est reconnu. Cela pose problème.

Une question se pose également : "Les enfants au sortir de l'école, sont-ils mieux lotis dans un espace protégé, avec de vrais éducateurs, que livrés à eux-mêmes ?"

En outre, nous pensons que de nombreuses pratiques, apparemment inoffensives, les dominos, jeux d'échecs et pétanque sont dans ce cadre tout aussi dangereuses. On se passe des objets de mains en mains. La propagation du VIRUS passant d'abord par le toucher....

Nous demandons donc que l'on fasse le choix entre de vraies mesures appliquées à tous, ou une responsabilisation générale. Stigmatiser les uns, et pas les autres, relève de l'absence d'équité et de méconnaissance des pratiques incriminées.

Par ailleurs, notre département est hélas confronté à de gros problèmes en matière d'obésité, de maladies cardio-vasculaires, de diabète. Le sport est la meilleure prévention qui soit pour lutter contre ces fléaux. Il ne nous semble pas raisonnable en terme de santé publique de laisser à l'arrêt la pratique sportive.

Aussi, sauf erreur, il nous semble que les cas détectés ne soient pas survenus lors de la pratique sportive ni de sports collectifs ni de sports de contact. Certaines formes de pratiques individuelles en Judo (la préparation sportive, le Tendoku Renshu, le Taïso, l'éducation à la motricité, les exercices de souplesse) ou pour les katas en Karaté nous semblent compatibles de même que les sports collectifs avec une reprise progressive telle que pratiquée après le confinement et conforme aux protocoles des différentes Fédérations avec l'accord du Ministère de tutelle.

Nous pensons que nous sommes dans la précipitation, et l'absence de concertation avec les spécialistes de ces disciplines nuit considérablement à nos pratiques.

Tout cela, pour vous demander, Monsieur le Préfet d'envisager une concertation avec le Mouvement Sportif, afin que nous puissions mettre en exergue, les efforts fournis par ces responsables, pour lutter concrètement contre ce fléau.

De même, depuis la fin du confinement, six courses de montagne se sont déroulées en respectant un protocole strict. Ce sont pas moins de 2377 "finishers" qui ont démontré qu'en respectant un minimum de règles, les courses de fortes affluences ne sont pas dangereuses. Au moment de prendre la décision d'autoriser le Grand Raid ou pas, cet élément doivent être pris en compte.

Enfin, nous souhaitons que la pratique sportive puisse reprendre, afin que nous continuions à éduquer nos adhérents dans le respect des gestes barrières et ce bien avant le 13 septembre.

CROS Réunion

guest
3 Commentaires
Une équipe qui perd
Une équipe qui perd
3 ans

Qu'ils fassent au moins les entraînements, pour ne pas perdre les acquis, pour les matches on fera sans.Comme dans les salles de sport ou les clubs de course.Le sport c'est une drogue, une passion, sinon personne ne ferait autant d'efforts sur soi.

Missouk
Missouk
3 ans

On autorise les mariages, baptêmes, communions, etc... "sous réserve du respect des gestes barrières", on autorise les "pique-niques marmites" du week-end avec les mêmes réserves. On sait très bien que cela va être difficile à contrôler, et qu'au final on mise avant tout sur le civisme des gens. Il se trouve que tous les clusters ou presque se dont développés à la suit de fêtes familiales... Que des sportifs ne puissent pas exercer leur passion, bénéfique pour la santé au passage, alors qu'ils respecteront eux-aussi les gestes barrières, j'avoue ne pas comprendre. Qu'on intervienne pour que les supporters dans les tribunes ne soient pas les uns sur les autres, je pourrais le comprendre, comme je comprendrais parfaitement que le Grand Raid soit annulé ou reporté parce que sanitairement des risques importants existent.

chris
chris
3 ans

On est dans de l'incohérence, on pointe du doigt les mariages, baptèmes etc qui propagent le virus mais on ne les interdit pas, pas de cas signalé dans les sports de contacts et on les interdit, des piscines qui sont fermées alors que c'est en plein air, en remarque des fédérations nationales de sport de contact préconisent la reprise des activités, les éducateurs ont investi dans du gel,des thermomêtres, ils sont responsables