Courrier des lecteurs de la CFTC

Sécurisation de l'emploi : le contexte qui explique la nécessité de cette évolution

  • Publié le 4 mars 2013 à 10:39

Avant de passer sur la partie technique expliquant point par point les avancées pour l'ensemble des parties, salariés et employeurs et la valeur ajoutée globale pour l'économie de la nation, jetons un ?il sur l'environnement économique mondial.

Nous constatons que les pays qui avancent et se développent adoptent des mécanismes souples qui leur permettent de s’adapter en permanence  dans un monde en perpétuelle évolution et dans un contexte de guerre économique.

A contrario, tous les pays qui restent sur des systèmes rigides finissent par se faire dépasser par les autres, et voient leur économie se dégrader de jour en jour. A l’image du chêne et du roseau, le chêne inflexible et rigide finit par se briser face aux forces de la nature, alors que le roseau plus fragile, mais plus souple s’adapte. La souplesse et la flexibilité sont des atouts, la rigidité et l’immobilisme des handicaps qui s’avèrent mortifères à long terme.

Nous avons tous en mémoire l’histoire de l’empire soviétique, colosse aux pieds d’argile pétrifié dans l’immobilisme et la rigidité qui s’est effondré.

Nous avons aussi en mémoire, l’histoire des pays scandinaves et nordiques, Norvège, Suède….. qui ont depuis des années adopté des mesures de flexibilité accompagnées de sécurité pour les salariés, et qui ont vu leur économie se développer.

De même la Pologne depuis qu’elle s’est libérée du joug soviétique n’a pratiquement connu que la croissance. Même Cuba  avec Raoul Castro président depuis 2008, a engagé une série de réformes pour assouplir les mécanismes d’une économie exsangue.

Ces quelques exemples éclairent la voie à suivre du sens de l’histoire, et de la vie qui est souplesse, adaptation, évolution et s’oppose à l’immobilisme rigide qui précède l’état cadavérique.

Les travailleurs français doivent ils se résigner à regarder passer le train de l’histoire ou alors réagir à l’instar des pays qui réussissent à s’adapter  dans un monde en perpétuel changement ?

Ceux qui gardent la nostalgie d’une organisation à la ‘’soviet suprême’’, endoctrinés par des idéologies économiques dépassées et erronées se font les complices de la dégradation économique et de l’appauvrissement des peuples.

Après que les communistes aient tué le communisme, nous ne devons pas nous résigner à voir des syndicalistes tuer le syndicalisme par une politique de terre brûlée qui stérilise toute capacité de production de richesses.

Mais nous devons toujours garder à l’esprit aussi que les capitalistes faute de clairvoyance et aveuglés par une rapacité sans limite ont mis le capitalisme à l’agonie en écrasant les revenus du travail au bénéfice des revenus du capital. Les syndicats ont le devoir de rappeler à ces patrons que le pouvoir d’achat des uns fait le chiffre d’affaire des autres.

C’est dans ce contexte qu’il était indispensable de se donner les moyens de pérenniser la création des richesses tout en sécurisant l’emploi et accroitre le pouvoir des syndicats. Autant de mesures devant permettre de maintenir un meilleur équilibre des rapports de force pour un meilleur équilibre systémique.

Qu’en est-il de l’accord  signé par la CFTC, CFDT et CFE/CGC ? Quelle est la valeur ajoutée de cet accord par rapport à la situation actuelle ?

Nous notons quelques points qui constituent des avancées significatives telles que :
· la généralisation obligatoire de la couverture complémentaire santé à l'ensemble des salariés, ainsi qu'une amélioration de la portabilité de la couverture santé et prévoyance pour les demandeurs d'emploi qui est actuellement de 9 mois et sera portée à 12 mois.
· le cumul rechargeable des droits de l'assurance chômage en cas de reliquat d'une période de chômage à l'autre
· une pénalisation des patrons pour abus de CDD par la majoration de la cotisation d'assurance chômage.

De même sur le plan de la formation continue des points découlant du bon sens qui permettent de développer les compétences  visant à  l'adaptabilité et l'employabilité des salariés dans des situations de mutations ou d'évolutions de l'environnement professionnel:
· un compte personnel de formation, s'apparentant à un chèque formation intégralement transférable d'une entreprise à une autre
· l'assouplissement de l'accès au CIF (congé individuel de formation) pour les salariés de moins de 30 ans en CDD
· faciliter l'accès au CIF pour expérimenter un nouvel emploi vers une autre entreprise
· encouragement à se former, en lien avec le plan de formation de l'entreprise et dans le cadre de la GPEC

Mais aussi quelques points qui seront difficiles à mettre en œuvre  compte tenu des problèmes de logement:
· faciliter l'accès au logement pour faciliter la mobilité professionnelle par la construction de résidences collectives quand on connaît les problèmes de logement existant

Par ailleurs sur la partie concernant l'association des syndicats à la stratégie des entreprises,  une meilleure information aux IRP (instances représentatives du personnel) pour rendre intelligible la situation concernant la santé économique de l'entreprise et les perspectives. La présence des administrateurs représentant les salariés au sein des conseils d'administration avec des moyens et des pouvoirs plus larges. Jusqu’à présent, on ne demandait pas l'avis de ces administrateurs sur la stratégie de l'entreprise. Avec l'article 13 de l'accord, ces administrateurs représentant les salariés auraient voix délibératives à l'organe de l'entreprise qui définit la stratégie.

L'article 18 prévoyant le maintien de l'emploi en cas de difficultés conjoncturelles, donne en  contrepartie aux efforts demandés pendant les temps difficiles des garanties telles que le partage du bénéfice économique de l'accord arrivé à échéance et des sanctions en cas de non respect. Là aussi c'est une mesure découlant du bon sens et de l'équité.

Tels sont les principaux points qui donneraient une valeur ajoutée aux dispositions actuelles, si cet accord est mis en œuvre en respectant l'esprit du texte qui vise à donner aux salariés et à l'entreprise les moyens de faire face aux situations de crise (formation , accompagnement, soutien financier, adaptation du dispositif de production à la conjoncture, plus grande implication des représentants des salariés ) avec une contrepartie reposant sur une plus grande équité dans  la répartition des bénéfices  et des richesses produites.

Sans donc cet accord, nous aurions eu en cas de crise conjoncturelle (comme c'est le cas actuellement) les licenciements secs, sans aucune contrepartie. Si certains préfèrent être licenciés au lieu de travailler au rabais, malgré cet accord ils ont toujours cette possibilité de se faire licencier pour être en conformité avec leur conscience.

Mais pour tous ceux qui souhaitent pouvoir continuer de travailler quitte à voir leur salaire baisser ponctuellement, ils ont aussi cette possibilité et surtout de retrouver meilleure fortune une fois sortie de la crise. Ce qui ne sera pas le cas pour celui qui a opté pour le licenciement.

En conclusion, voilà la position syndicale qui parait plus humaniste et plus adaptée à l’économie mondialisée où les pays  qui réussissent sont ceux qui savent s’adapter.

C’est dans ce contexte que les syndicats en tant que contre pouvoiront toute leur place dans la construction du pays qui passe par le développement économique qui permet la création de richesses. Et c’est fort de cette crédibilité dans cette construction commune que les syndicats trouveront la force et les moyens d’obtenir une meilleure  équité dans la répartition  de ces richesses produites.

En vérité les patrons clairvoyants comprendront qu’ils n’ont plus intérêt à appauvrir ceux qui les enrichissent sous peine à terme de s’appauvrir eux mêmes, car les salariés des uns sont les clients des autres et le pouvoir d’achat des premiers fait le chiffre d’affaire des seconds. Toute posture différente n’est plus qu’imposture aussi bien du coté patronal que syndical !

Pour la CFTC
Le secrétaire général, Paul Junot

 

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