Tribune libre de Marie-Hélène Dor

1000 recrutements par an dans l'Éducation nationale : chiche !

  • Publié le 24 mai 2013 à 15:06

Une contrevérité abondamment relayée circule au sujet des emplois dans l'Éducation nationale à La Réunion : il y aurait chaque année 1000 recrutements dont 100 seulement seraient occupés par des Réunionnais.

Le système éducatif a subi  pendant une trop longue période les choix politiques de suppression d' un poste sur deux départs en retraite et La Réunion n'a évidemment pas été  dispensée de participer à ce que le précédent recteur appelait " l'effort national ".

Et dans cette casse globale et sur une période de 5 ans, La Réunion a grosso modo perdu 400 à 500 postes ; nous sommes bien loin des 1000 recrutements annuels.

Les " recrutements " se portaient jusqu'à cette année essentiellement sur les postes dégagés par les départs en retraite non supprimés et les départs de collègues quittant l'académie. Le " mouvement " numériquement le plus conséquent concerne les enseignants. Dans le premier degré, TOUS les collègues formés sur place et sous réserve de réussir le concours sont affectés à La Réunion puisque leur recrutement est départemental. En 2012, 102 stagiaires ont ainsi été affectés définitivement ici. Dans le second degré (collèges et lycées) toujours en 2012, ce sont 338 enseignants qui ont été affectés à La Réunion ; on est toujours très loin du millier de recrutements présumés. Par ailleurs, les postulants originaires de La Réunion et/ou y ayant ce qui est appelé le CIMM (Centre des intérêts matériels et moraux) bénéficient d'un barème tel (1000 points de bonification) qu'ils ont, sous réserve que des postes soient vacants dans leur discipline, la garantie d'être affectés à La Réunion.

La FSU est d'ailleurs à l'origine de la mise en place de cette priorité par le barème ;  ce système ne se heurte qu'à un problème, de taille ceci dit : le manque de postes aux concours. A ceci s'ajoute aussi le fait que, dans certaines disciplines, le ministère choisit sciemment de ne pas couvrir tous les besoins.

Si des Réunionnais fonctionnaires de l’Éducation nationale et mutés dans l'Hexagone ne parviennent pas à revenir, ce n'est donc pas parce qu'ils seraient victimes d'une discrimination.
La FSU se bat depuis des années pour que davantage de postes soient débloqués ; cette année, les 31 postes supplémentaires obtenus ont TOUS bénéficié à des postulants prioritaires DOM ou CIMM. Ces collègues étaient avant ce revirement " premiers non affectés " , ce qui signifie que TOUS LES AUTRES mutés à La Réunion dans les disciplines concernés ont un barème supérieur à eux et donc nécessairement une bonification d'originaire ou CIMM.

Au-delà de la seule question des postes d'enseignants, il est utile de rappeler que de nombreux personnels ouvriers exerçant dans l’Éducation nationale sont toujours bloqués en métropole et que leur situation pourrait être réglée sur simple décision des présidents des deux collectivités (Région et Département).

La FSU serait ravie que chaque année La Réunion recrute 1000 collègues dans l’Éducation nationale ; si tel était le cas, il est certain que les problèmes d'illettrisme et d'échec scolaire ne seraient plus que de lointains souvenirs.

Prétendre que c'est le cas, qui plus est depuis des années,  relève au mieux de l'aveuglement ou de l'ignorance, au pire de la malhonnêteté intellectuelle.

Pour la FSU Réunion, Marie-Hélène Dor

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