Courrier des lecteurs du Parti de Gauche

Monsieur Bénavente, laisserez-vous des camarades grévistes encore sur le trottoir le 20 désamb ?

  • Publié le 17 décembre 2013 à 18:53

A l'heure où un patron du Pas-De-Calais ose licencier par un simple sms (" Voilà, vous rentrez, c'est fini. La boite est fermée "), dans notre île d'autres patrons voyous laissent dans un dénigrement le plus total leurs salariés camper sur le trottoir nuit et jour depuis un mois.

Ces salariés sont en fait les quarante grévistes de Citroën depuis le 14 novembre dernier. Malgré leurs bas salaires et les 114 millions d’euros de bénéfice net du groupe CFAO (Compagnie française de l’Afrique Occidentale), leurs revendications portent avant tout sur leurs conditions de travail et les sanctions abusives prononcées à l’encontre de certains d’entre eux. Imaginez un salarié qui reçoit un avertissement pour avoir simplement ouvert une fenêtre d’une salle climatisée, ou un autre à qui la direction inflige une mise à pied de trois jours parce qu’il a, dans le cadre de ses missions, accidentellement égratigné le bas de caisse d’une automobile. Vous êtes dans les concessions automobiles CFAO Motors Réunion (Citroën) dans lesquelles la direction agit tel un justicier de pacotille sans peur et sans reproche. Au vrai dialogue demandé par les salariés, la direction a répondu intransigeance et dépôt de plainte pour casser la grève. Alors pour comprendre le climat social délétère, il est utile de revenir un peu en arrière.

La CFAO – dont le nom peut évoquer étrangement la Compagnie des Indes fondée par Colbert qui encourageait l’esclavage – rachète en 2011 au groupe Foucque la marque Citroën. Ce rachat s’est accompagné d’un plan de licenciement douloureux. Sur plus de 320 salariés, seuls 158 sont repris alors que la direction plaidait pour n’en reprendre que 80. Dès lors, la direction provoque, cherche la faute et déploie toutes sortes de brimades. Les salariés, jugés plus rebelles, sont stigmatisés par la direction. Au fond, l’objectif officieux n’était-il pas de dégraisser la masse salariale ? En 2012, des mouvements de grève éclatent pour dénoncer les méthodes de gestion du personnel. Aujourd’hui, la direction a choisi de cristalliser les tensions en assignant les grévistes au tribunal. Ce sont 7000 euros qui sont réclamés à des salariés courageux qui n’ont pas gagné un sou depuis un mois !

 Le Parti de Gauche regrette une fois de plus qu’un droit fondamental, acquis au prix de luttes très dures, soit à ce point bafoué. Ces salariés ne font rien d’autre qu’exiger l’égalité et le respect des droits au sein de l’entreprise, le respect de pouvoir exercer leur mandat comme toute organisation syndicale devrait pouvoir le faire et la fin du harcèlement moral, comme l’a toujours défendu le Parti de Gauche en exigeant la loi d’amnistie des syndicalistes et des acteurs du mouvement social. Aujourd’hui, le seul reproche que la direction peut leur faire, c’est bien celui de faire acte de résistance et de dignité. L’humanité, c’est tout ce que ces salariés demandent.

Alors monsieur le directeur, brimerez-vous encore vos employés le 20 désamb ? Et passeront-ils Noël sur un trottoir du chemin du Grand Canal à Sainte-Clotilde ?

François FASQUEL, Parti de Gauche.

 

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1 Commentaires
opportuniste démago même combat
opportuniste démago même combat
10 ans

Quel bel opportunisme ! CFAO perd des millions depuis qu'il a repris Citroën à la Réunion et renfloue tous les ans mais pour combien de temps encore ? Ce n'est pas la faute des salariés mais bien du contexte économique toujours en berne. Pourquoi seulement 158 salariés repris ? Simplement car avec la crise vendre des Citroën ne permet plus de faire vivre 320 personnes, la preuve en est que Foucque automobiles a malheureusement été liquidé.
Et quelle belle démagogie, la Compagnie des Indes, Colbert, l'esclavagisme, mais vous vivez dans quelle époque ? Ne vous inquiétez pas, à force de grèves, le jour où il y aura des licenciements, ils seront économiques et massifs !
Pendant ce temps là les 110 non grévistes continuent à recevoir et servir les clients pour que les 35 grévistes aient encore un boulot à leur retour.
Mr Fasquel, soutenez plutôt des salariés de SIB, eux, ils ont des vrais revendications !