Tribune libre

La CGPER interpelle Marisol Touraine avant son arrivée à La Réunion

  • Publié le 4 février 2014 à 09:38

Madame la ministre, nous avons attiré à maintes reprises votre attention sur des sujets relevant de près votre ministère et faisant partie de nos revendications en matière de démocratie, de justice, de solidarité et d'égalité. A l'occasion de votre venue dans l'île les 6 et 7 février prochains, nous avons souhaité vous interpeller à nouveau sur ces sujets.

Le premier dossier concerne la non-représentativité de la CGPER à la Caisse d'allocations familiales et à la Caisse générale de sécurité sociale. Souvenez-vous, nous avons régulièrement frappé aux portes de votre ministère sur ce sujet, mais nos sollicitations sont restées jusqu'à présent lettre morte. Or, notre exclusion permanente de la CAF et la CGSS est mal vécue par tous nos mandants, car dans ces deux instances des dossiers qui les concernent directement sont traités sans eux tels que l'AMEXA, la retraite agricole, les allocations familiales et le RSA. En aucune manière, ces structures traitent les dossiers des agriculteurs des autres régions françaises.

Pour pouvoir défendre les intérêts des agriculteurs réunionnais, il faut que notre syndicat majoritaire puisse siéger dans ces deux instances relevant de votre ministère sur la base des résultats professionnels régionaux et non nationaux, comme nous l'avons toujours revendiqué.

Notre demande est légitime, Madame la Ministre, parce que les 6 345 voix qui se sont prononcées en faveur de la CGPER à la dernière élection de la Chambre d'agriculture tous collèges confondus ne peuvent pas attendre en vain d'être représentées au sein de ces organismes. Et quels que soient les résultats professionnels agricoles successifs, la CGPER a toujours été majoritaire avec une moyenne de 68% de voix. Comment pouvez-vous continuer à exclure tous ces électeurs qui nous ont fait confiance d'une représentativité à la CAF et à la CGSS ?

Notre combat pour la représentativité de la CGPER au sein de ces instances dure depuis plus de 10 ans. Les exemples de scrutins cités ci-dessus illustrent très bien la légitimité de notre syndicat dans le monde agricole réunionnais. Tandis que la FDSEA, pourtant grande perdante de ces élections, reste le seul syndicat agricole à voix délibérative dans ces structures. Malgré tout, nous restons convaincus que lorsque des agriculteurs votent majoritairement pour un syndicat, c'est bien pour qu'ils soient représentés par ce même syndicat dans ces organismes.

Par conséquent, nous souhaitons qu'une solution soit trouvée rapidement afin que la CGPER, puisse être enfin le porte-parole de tous les agriculteurs qui lui ont accordé leur confiance à la CAF et à la CGSS où leurs intérêts doivent être défendus. Nous vous suggérons de légiférer rapidement afin que dorénavant la représentativité syndicale dans ces organismes soit basée sur les résultats des élections départementales et non nationales dans l'intérêt même de tous les agriculteurs réunionnais.

Le deuxième dossier que nous aimerions traiter avec vous, c'est la retraite des agriculteurs qui, hélas, reste en dessous des minima-sociaux et du seuil de pauvreté national. Faut-il rappeler que la pension mensuelle moyenne est de 722 euros en Métropole contre 360 euros seulement ici ?

Il faut absolument revaloriser la retraite des nos anciens exploitants. La loi sur la retraite votée récemment à l'Assemblée nationale ne répond pas pleinement à nos revendications. Pour nous, tous les agriculteurs qui ont travaillé péniblement doivent avoir une retraite minimale de 75% du SMIC. Ici, la quasi-totalité des anciens exploitants perçoivent une allocation vieillesse inférieure à ce seuil. Pire, 25% d'entre eux touchent moins de 100 euros par mois. Il est grand temps de lever cette injustice en portant leur pension à 75% du SMIC sans condition de cotisation de retraite complémentaire, ni de durée minimale d'exercice de l'activité agricole.

Cette décision serait juste et équitable en faveur des agriculteurs qui ont travaillé pendant plusieurs années et péniblement dans des conditions souvent très difficiles pour nourrir la population. Pour eux, cette revalorisation serait un signe d'espoir et de reconnaissance de l'État à leur mission d'intérêt général. La revalorisation de la retraite agricole permettra ainsi de lutter contre la pauvreté des retraités de l'île et libérer immédiatement 4 000 hectares de terres agricoles pour installer près de 500 nouveaux agriculteurs.

Le troisième dossier que nous souhaitons aborder avec vous, c'est l'attribution d'un revenu minimum à tous les agriculteurs en difficultés conjoncturelles avec dérogation systématique de la condition de revenu fiscal.

Enfin, le quatrième dossier concerne les jeunes agriculteurs en phase d'installation. Nous réclamons pour eux, afin de favoriser la réussite de leur exploitation et en l'absence de ressource financière pendant cette phase cruciale, le versement d'un revenu minimum pendant les cinq premières années de création de l'exploitation.

Dans l'attente de pouvoir échanger avec vous sur ces quatre sujets qui sont des revendications fortes des agriculteurs réunionnais, nous vous prions de bien vouloir agréer, Madame la ministre, l'expression de notre très haute considération.

Le président de la CGPER, Jean-Yves Minatchy

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