Tribune libre du parti de gauche

Faible avec les forts, fort avec les faibles

  • Publié le 17 février 2014 à 13:11

Déjà à l'ordre du jour sous le précédent règne de Sarkozy 1er, cette maxime l'est malheureusement encore plus sous le règne actuel du pantin atlantiste et néolibéral qui nous sert de Président de la République. Le câlin octroyé sous les caméras du monde entier au chef du mouvement des " pigeons ", au coeur de la Silicon Valley, n'étant que l'aboutissement symbolique d'une politique fondamentalement antisociale dictée par la finance et les grands patrons. Jamais, même sous des gouvernements de droite " décomplexés ", notre pays n'a connu une telle politique régressive. Jamais le MEDEF n'a autant été choyé que sous ce gouvernement solférinien.

D’une servilité sans bornes face aux forces de l’argent, aux puissants et à la grande bourgeoisie, ce gouvernement n’hésite pas à utiliser la force brute vis-à-vis des plus faibles d’entre nous. Tel un vulgaire machiste qui maltraite sa femme pour mieux masquer son impuissance face à son patron, il montre ses muscles, par l’intermédiaire de l’infâme Valls, et sort ses poings pour apparaître fort. C’est en fait un terrible aveu de faiblesse politique pour un gouvernement qui se dit de gauche que de continuer, voire d’accentuer, la politique sécuritaire menée par la droite dure, en délaissant complètement le champ économique et social.

En lieu et place d’une politique progressiste visant à transformer concrètement les conditions d’existence de la majorité des citoyens, nous nous retrouvons avec un gouvernement soumis à l’oligarchie contrôlant la 5ème République, qui multiplie les provocations vis-à-vis du peuple français et de son propre électorat. La logique à l’œuvre, celle du pompier pyromane qui met lui-même le feu pour mieux apparaître comme le sauveur indispensable, est la même avec Valls que sous Sarkozy comme l’a brillamment démontré  notre secrétaire national François DELAPIERRE dans son dernier ouvrage.

A La Réunion, territoire historiquement délaissé par le pouvoir central, cette logique est rendue encore plus insupportable au regard du contexte économique, social et culturel de notre île. Frappée de plein fouet par un taux de pauvreté et de chômage largement au dessus de la moyenne nationale, la situation s’est encore plus dégradée depuis 2008 et la crise des subprimes provoquée par le système financier dérégulé. Avant cette date il se créait environ 5000 emplois par an à La Réunion dans le secteur marchand alors qu’il ne s’en crée plus difficilement qu’un millier depuis : les Réunionnais paient au prix fort une crise dont ils ne sont pas responsables. Le tissu économique réunionnais est composé principalement d’artisans et de TPE/TPI,  victimes des agissements des grands groupes internationaux et des prédateurs de la finance.  Au lieu de s’attaquer aux problèmes rencontrés par le peuple et les travailleurs, ce gouvernement et ses relais locaux préfèrent continuer à se prosterner devant les responsables de cette crise : les banques et les multinationales.

Alors que les inégalités explosent sur notre territoire au point d’être, de très loin, le département le plus inégalitaire de toute la République Française et que le tissu industriel réunionnais, et les emplois qui vont avec, sont menacés par des licenciements boursiers qui ont pour unique objectif d’engraisser, encore plus qu’ils ne le sont déjà, des actionnaires nord américains cupides ; la seule réponse du gouvernement " socialiste " est de continuer une politique répressive et sécuritaire qui crée encore plus d’insécurité et frappe notamment la jeunesse des quartiers populaires.

Il est évident que nous n’encourageons pas les violences urbaines qui touchent en priorité les habitants de ces quartiers et donnent un prétexte à l’état pour enfermer la jeunesse désœuvrée. Au contraire nous dénonçons cette double peine qui frappe les classes populaires Réunionnaises, et plus largement l’ensemble de la population Réunionnaise : laissées à l’abandon sur le plan économique et social, victimes d’une politique sécuritaire qui aggrave encore plus le sentiment d’injustice.

Comme le disait Jaurès nous affirmons que le courage en politique c’est d’aller à l’idéal et de comprendre le réel, tout le contraire de ce gouvernement solférinien qui se résigne face au réel et en oublie tout idéal. Dans les quartiers populaires il est nécessaire de mettre en place une vaste politique de prévention qui soit complémentaire d’une politique de sécurité, le tout dans une logique de proximité. A l’image de la ville du Port qui a vu son dispositif de prévention spécialisée dans ses quartiers sensibles (ZAC 1 et 2, ZUP, Titan…) considérablement réduit suite à l’arrêt des subventions par le Conseil Général (lui-même asphyxié à cause du désengagement financier de l’état) il y a quelques années, nous dénonçons la politique des Conseils Généraux gérés par le PS qui, par la grâce de l’alternance depuis Mai 2012, détruisent aujourd’hui ce qu’il soutenait encore hier  lorsqu’ils étaient dans l’opposition au niveau national. Plus généralement c’est l’ensemble du monde associatif qui est victime d’un plan social invisible sous ce gouvernement qui se dit de gauche

 Honte à eux qui sacrifient les quartiers populaires sur l’autel de l’austérité ! Honte à ce gouvernement qui utilise les vieilles méthodes de l’extrême droite : s’en prendre à l’immigré (les Roms de préférence) pour mieux protéger le banquier ! Et parce qu’il me faut bien le dire : honte à nous qui avons voté pour ces social-traitres sans contrepartie et qui en payons chaque jour amèrement le prix. Sur le moment cela pouvait se comprendre tant l’exaspération vis-à-vis de la politique de Nicolas Sarkozy était grande et les dix années passées sous des gouvernements de droite, longues. Malgré tout avec le recul cela a été une grosse erreur qui ne devra plus se reproduire : ce gouvernement étant plus libéral, atlantiste et antisocial que son prédécesseur, aussi incroyable que cela puisse paraître. Pour ma part je ne voterai plus jamais pour le PS et je pense que beaucoup d’électeurs de gauche en feront de même.

Il est des moments où l’histoire s’accélère : nous vivons actuellement une telle période. Le système capitaliste financier dérégulé, qui pensait avoir gagné et nous vendait sa fin de l’Histoire, est rentré dans une crise systémique qu’il est lui-même incapable de résoudre, victime de ses propres contradictions. Seul un sursaut populaire et citoyen, à l’image de l’Amérique Latine ou de la Tunisie, nous permettra de nous libérer du joug de la finance et des multinationales. Au Parti de Gauche nous travaillons sans relâche, avec d’autres, à construire cette alternative politique et à conscientiser un peuple qui ne pense plus politique, donc collectif, mais réussite individuelle et surconsommation.

Ici à La Réunion nous nous insurgeons face aux monopoles et aux inégalités sociales, legs de l’histoire mais aussi fruit de choix politiques actuels. Nous dénonçons les entorses quotidiennes faites à l’état de droit par ceux là-même qui sont sensés le faire respecter : les usurpations de terrain au profit de promoteurs véreux trop souvent complices d’élus locaux, les ententes crapuleuses entre le pouvoir économique et le pouvoir politique, l’utilisation de la justice comme auxiliaire des puissants: et plus généralement nous tentons de briser toutes les chaînes qui maintiennent captive l’écrasante majorité de la population au profit d’une élite arrogante et hautaine.

Nous affirmons également que La Réunion ne vit pas hors du monde, que nous sommes intimement liés à notre environnement régional qui nous voit, à juste titre, comme un ilot de richesse dans un océan de pauvreté. Nous devons assumer cette double identité qui nous rend schizophrène par moment : française au niveau administratif et institutionnel, indo-océane en ce qui concerne le peuplement, l’histoire, la géographie ou la culture. Tous les politiciens, et les politiciennes, qui tiennent des discours " réuniono-réunionnais ", niant l’appartenance de La Réunion au monde qui l’entoure, le font en toute conscience et responsabilité, pour mieux maintenir leur pouvoir de notable et les prébendes qui vont avec. Nous combattons aux côtés des travailleurs et des travailleuses, des précaires et des exclu(e)s qui subissent de plein fouet la violence d’une société postcoloniale ne disant pas son nom.

Et surtout nous construisons, enfin, un projet alternatif qui mette les réunionnais et les réunionnaises au cœur de la politique : l’Humain d’abord ! Dans le respect d’un écosystème unique au monde, maltraité et surexploité malgré une apparente, mais hypocrite, politique écologique à travers le Parc National.

Le Parti de Gauche ne tombe pas dans le piège du capitalisme vert, ni même du développement durable, et propose une nouvelle synthèse politique à gauche, qui réconcilie écologie et socialisme : l’écosocialisme. Une écologie farouchement  anticapitaliste et un socialisme débarrassé du productivisme, très loin de la politique de l’offre défendue avec zèle par le Président de la République. Avec l’appui et le soutien de citoyens conscients, éclairés et responsables nous imposerons la planification écologique comme méthode de gouvernement et la règle verte comme boussole politique. Nous appelons le peuple réunionnais à faire sa révolution citoyenne, pacifique et démocratique : condition indispensable de notre émancipation collective.

Place au peuple ! Vive la 6ème République !

Nou tienbo nou largu pa !

Perceval Gaillard, militant du parti de gauche à La Réunion, co-président du comité grand ouest.

guest
0 Commentaires