Courriers des lecteurs de JC Moutien

On s'en fout de l'Europe !

  • Publié le 6 mai 2014 à 13:30

Le 25 mai, on fête les mamans et on vote pour les élections européennes. Si on a peu de chances d'oublier les premières, on risque fort, selon les sondages, de bouder les secondes. Car deux grands gagnants se profilent au niveau national : l'abstention et les partis extrêmes, au premier rang desquels le Front National. Donc, nous dit-on, nous rabâche-t-on même : l'électeur s'en fout de l'Europe et n'ira pas voter, même pas pour digérer le repas copieux que sa mère aura préparé. Ok, mais alors pourquoi la classe politique, elle, se mobilise-t-elle autant ? 8 listes en 2009 avaient attiré 33% des électeurs. Elles seront 19 dans quelques jours à essayer de séduire les suffrages. Bizarre, non ?

Bizarre aussi que cette inflation touche plus particulièrement les partis qui veulent que la France quitte l’Europe. En somme, moins on veut d’Europe, plus on est présent aux Européennes. C’est évidemment le meilleur moyen pour paralyser le système et renforcer encore le sentiment europhobe. Car, ne nous y trompons pas, aucun de ces partis anti-Europe ne pourra changer le fonctionnement européen. Tout au plus, l’entraveront-ils. Tout au plus feront-ils en sorte que l’Europe soit moins efficace encore. Et c’est bien là le pire.

Que veulent en réalité les Français et les Réunionnais ? Que reprochent-ils à l’Europe ? Principale source de grief, l’Euro. Certains disent que la France peut en sortir. Ok, mais qu’ils expliquent alors concrètement les conséquences aux Français et le coût monétaire et humain que cela représentera ! Beaucoup l’accusent, à tort, d’être responsable du coût de la vie. A tort, car, en réalité, jamais l’inflation n’a été aussi faible depuis que l’Euro est entré en vigueur. Alors, on s’en contente ? Pas forcément.

Autre reproche récurrent : un fonctionnement technocratique, méprisant les peuples qui ont davantage perdu que confié leur souveraineté. C’est probablement le reproche le plus réel. Les partis extrêmes y changeront-ils quelque chose ? Non car ils resteront minoritaires au sein des instances européennes. Et tant mieux car le repli sur soi n’engendre que crise et chaos. Alors on s’en contente ? Pas forcément non plus.

En réalité, si on veut changer et améliorer l’Europe, il nous faut plus d’Europe des peuples. Il faut rétablir et renforcer la démocratie et le rôle de nos élus. Il faut, peut-être, un Président élu, qui rendrait compte devant le Parlement européen, et donc plus à même que des fonctionnaires d’entendre les revendications, les demandes des peuples. Il faut permettre aux députés de revoir les critères de Maastricht pour pouvoir privilégier la croissance au dogmatisme budgétaire. Seuls des députés forts, investis, pourront opérer ces changements.

450 millions de personnes ont le droit d’être entendues. 450 millions de personnes ont le droit et le devoir de dire à M Obama que les USA ne sont pas les maîtres du monde. 450 millions de personnes ont le droit et le devoir de dire à M Poutine que la Russie n’est plus le maître de l’Ukraine. On s’en fout de l’Europe ? Pas si sûr tout compte fait ! Sans Europe, point de salut pour l’Europe !

JC Moutien

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